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Dernier jour en Bulgarie

Pour mon dernier jour en Bulgarie, je suis allé visiter deux musées de Sofia un peu à l’écart du centre-ville : le Musée national d’histoire et le Musée d’art socialiste.

Le Musée national d’histoire occupe l’ancienne résidence de Todor Jivkov, sur les contreforts de la montagne de Vitocha.

Le musée national d'histoire

Jivkov était l’homme fort du régime communiste. A mon avis, le bâtiment était plus que sa résidence : il est construit autour d’une salle plénière, celle-là même où le grand dirigeant a été déposé en 1989.

Une des principales périodes représentées sont l’antiquité thrace et romaine.
La salle consacrée à la civlisation thrace est centrée autour du trésor de Panagyurichté, découvert en 1949 par deux paysans qui cherchaient de l’argile.

J'ai déjà vu cette vaisselle quelque part.

Bizarre, je l’ai déjà vu à Plovdiv.
Renseignements pris, les deux sont des copies. L’original (6,164 kg d’or tout de même) est conservé dans un coffre de la Banque de Bulgarie.

La Bulgarie médiévale est l’autre période mise en avant. J’ai pris des notes : des sites importants de l’histoire Bulgare et intéressants (comprendre : des châteaux) existent en Roumanie et en Macédoine. Le royaume bulgare de l’époque débordait largement des frontières de la Bulgarie actuelle.
Une salle est particulièrement consacrée à l’art religieux, avec notamment des fresques provenant d’Arbanassi.

Fresques d'une église d'Arbanassi

Il y a aussi des objets qui viennent de Veliko Tarnovo. C’est gratifiant de reconnaître des lieux déjà visités.

Une autre grande salle est consacrée à la Bulgarie depuis l’indépendance jusqu’à la seconde guerre mondiale.
J’ai dit plusieurs fois ces derniers jours que la Bulgarie avait acquis sont indépendance en 1878. En fait à cette date a été créée la principauté de Bulgarie, un état qui restait dépendant de l’Empire Ottoman en ce qui concerne les affaires internationales et les traités commerciaux. Ce n’est qu’en 1908 que le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha déclare l’indépendance pleine et entière de la Bugarie, profitant de la prise du pouvoir par le parti Jeunes-Turcs à Constantinople.
Le pays devient un royaume et Ferdinand prend le titre de Tsar.

Enfin une vitrine expose des objets en relation avec l’adhésion de la Bulgarie à l’Union Européenne en 2005.

Le dernier étage expose des costumes traditionnels et une formidable collection de bijoux du XVIème au XIXème siècle.

Costumes traditionnels

Le musée est très intéressant, très riche mais incomplet. J’ai visité beaucoup de musées d’histoire nationale dans beaucoup de pays, et je crois bien qu’aucun n’est exhaustif. Mais leurs visites sont toujours stimulantes.

Le Musée d’histoire évoque très peu la période communiste, si ce n’est qu’il est installé dans une édifice de cette période.
Un autre moyen de replonger dans cette époque est le Musée d’art socialiste.

Le musée d'art socialiste

Les sculptures exposées ne sont pas aussi impressionnantes qu’à Budapest. C’est même un peu décevant.
Pendant mon parcours, j’ai vu plusieurs monuments qui pourraient paraître de facture communiste. Mais la plupart honorent des héros de l’indépendance ou commémorent la libération de 1944.
Par contre la salle vidéo diffuse des films d’actualité des années 1950-70 (à vue de nez). C’est à la fois drôle et tragique. C’était quand même une drôle d’époque.

Finalement je suis arrivé à l’aéroport vers 14h30, largement dans les temps pour mon vol prévu à 17h35.
Le temps que je rédige ces quelques lignes j’apprends qu’il est retardé à 18h50. Je n’ose pas dire « pour l’instant ».

C’est la première fausse note d’un voyage globalement positif. On peut même dire qu’il s’est très bien passé.
J’ai roulé 1405 kilomètres et pris 2047 photos (en comptant le mariage).
Et tout ça pas beau temps permanent, sauf deux averses mais j’étais à l’abri à l’hôtel à chaque fois.

J’ai vu bien des belles choses, dont trois sites de l’Unesco (la tombe thrace de Kazanlak, le monastère de Rila et l’église de Boyana), mais il reste encore plus de choses à voir. J’ai repéré quelques sites intéressants dans le sud (vers la Grèce), dans l’ouest (vers la Serbie), dans le nord (vers la Roumanie) et dans l’est (vers la mer Noire).

Il faudra que je revienne…

Mais pour l’instant, il faut que je trouve une prise de courant.

Rila et Boyana

Ce matin, j’ai fait un petit tour dans Bansko (Ъанско) qui possède une très belle église de la Sainte Trinité.

L'église la Sainte Trinité à Bansko

Puis j’ai pris la route en direction du nord. Je me suis arrêté une heure plus tard dans le village Stob (Стоъ). Après 30 minutes de marche et 160 mètre de dénivelé, on arrive aux pyramides de Stob.

Les pyramides de Stob

C’est une curiosité géologique qui m’a un peu rappelé Bryce Canyon, dans l’Utah.

Une fois revenu au parking, j’ai encore roulé une demi-heure pour arriver à l’étape principale du jour : le monastère de Rila (Рила).

Le monastère de Rila

Le monastère de Rila est le plus grand monastère de Bulgarie, et la principale destination touristique du pays. Il est au programme de tous les circuits organisés, et il n’y avait pas de raison que je déroge à la règle.
Le monastère a toujours joué un rôle important dans l’histoire spirituelle du pays. Le premier monastère de Rila a été fondé en l’an 930, à quelques kilomètres de l’emplacement actuel. Il a été déplacé sur le lieu actuel en 1335.
De cette époque ne subsiste que la tour de Khrélyo.

La tour de Khrélyo

En effet le monastère a été détruit par un incendie au début du XIXème siècle. Le bâtiment actuel date des années 1830-1840. C’est un véritable immeuble monastique, doté de 300 cellules de moines et 4 cloîtres.

Le monastère de Rila

Le monastère est toujours en activité, même s’il n’y a plus autant de moines qu’à son apogée.
L’église qui occupe le centre de la cour est richement décorée. Les photos sont interdites à l’intérieur (et la patrouille est vigilante), mais il y encore plus de fresques et de couleurs à l’extérieur.

Bande dessinée

Je confirme : le monastère de Rila est vraiment un très bel endroit.

Pour parfaire ma connaissance de l’art religieux bulgare, j’ai terminé ma journée dans la banlieue de Sofia, au pied de la montagne Vitocha (Витоша), sur un site qui fait aussi partie des incontournables des guides touristiques : l’église Saint-Nicolas de Boyana (Ъояна).

L'église de Boyana

Elle est toute petite et ici aussi, l’essentiel est à l’intérieur, mais vous ne le verrez pas, car ici aussi les photos sont interdites.
L’église est entièrement couverte de fresques qui datent du XIIème siécle, du temps du Deuxième Etat Bulgare (1186-1396). Par endroit, des trous dans le mur laissent voir une couche antérieure. Les fresques actuelles cachent donc des fresques plus anciennes, mais il est impossible de savoir à quoi elles ressemblent.
Je me suis fait mousser auprès de la guide, qui parlait un français parfait, en remarquant une certain ressemblance avec celles d’Arbanassi. C’est normal : il s’agit de la même école.

La monastère de Rila et l’église de Boyana font tous les deux parties de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Mon hôtel est tout proche. J’y suis arrivé assez tôt et j’ai mangé sur place.

Une compil’ de viandes et légumes (si si, il y en a) grillés. C’est pas compliqué, c’est pas risqué, mais c’est bon.
Pour une fois, aucun chat ne m’est venu en aide pour finir le plat.

Au total j’aurai roulé plus de 1000 km sur les routes bulgares. A part une section d’autoroute entre Rila et Sofia, je n’ai emprunté que des petites routes. Elles ne sont pas pleines de trous (sauf entre le monument de Chipka et le Bouzloudja), mais quand même souvent rafistolées dans tous les sens.
Les autochtones ne respectent pas tellement les limitations de vitesse et doublent facilement, même sur les lignes continues. Je n’ai pas été trop embêté pas ceux qui me doublaient intempestivement, mais par ceux qui arrivent en face en doublant intempestivement et en se rabattant au dernier moment.
J’ai vu très peu de vieilles voitures, mais quelques camions, des années communistes en circulation. Par contre j’ai vu pas mal de charrettes tirées par des chevaux ou des ânes.
Les noms des villes sur les panneaux routiers sont quasiment tous doublés en caractères latins, en tout cas pour les noms principaux. Ceci-dit, c’est quand même utile de savoir déchiffrer le cyrillique. Ça m’a servi au moins aujourd’hui : la route pour arriver à Boyana était en travaux et les panneaux de déviation étaient uniquement en cyrillique, donc j’étais bien content de déchiffrer Ъояна.

Demain est le dernier jour de mon voyage en Bulgarie. Quelques dernières visites dans la périphérie de Sofia sont à mon programme, donc je profiterai de la voiture jusqu’au dernier moment.

Plovdiv

Le site de Plovdiv est continûment occupé depuis 8000 ans ce qui en ferait la ville le plus ancienne d’Europe, voire du monde. Cela ne peut que me plaire.

Et pour faire bonne mesure j’ai commencé ma journée de bon matin en grimpant le Nebet Tepe, une des sept collines de Plovdiv. On y a trouvé des traces d’habitat datant d’entre 5000 et 6000 av JC. Plus tard les Thraces puis les Romains y construiront une forteresse. Les vestiges sont difficiles à lire, mais au moins on a une belle vue sur la ville, dont la colline que j’ai grimpée hier soir.

Plovdiv


On accède à Nebet Tepe par la vieille ville qui est le plus beau quartier de Plovdiv.

Je commence à avoir un peu l’habitude : des rues pavées de grosses pierres, des maisons colorées et imposantes ceintes de hauts murs. Les églises aussi sont isolées de la rue par un mur, au point que je suis parfois passé devant sans m’en rendre compte.

Eglise Sainte-Nedelia

Hasard ou coïncidence, je suis tombé plusieurs fois sur des baptêmes, y compris à Sofia la semaine dernière (ça fait déjà une semaine !)

Certaines maisons peuvent se visiter, j’en ai choisi deux : les maisons Balabanov et Hindliyan.
La maison Balabadov date du début du XIXème siècle.

Maison Balabanova

Elles est particulièrement imposante. L’étage noble est entièrement en bois et ses plafonds sont richement décorés. Elle abrite fréquemment des expositions de peinture et des concerts.

L’autre maison que j’ai visitée est voisine, c’est la maison Stepan Hindliyan, du nom de son propriétaire. Riche marchand arménien nommé Stepan Manouk, il gagna son surnom Hindlyan du fait de son commerce actif avec l’Inde.

Maison Stepan Hindliyan

La décoration de la maison est somptueuse, faite de boiseries et de fresques murales. Coïncidence amusante, certaines d’entre elles évoquent Venise et Stockholm, probablement des villes avec lesquelles M. Manouk était en affaire.
Dans le salon, une fontaine diffuse de l’eau de rose qui embaume toute l’étage.

A l’époque romaine, Plovdiv était une capitale régionale connue sous le nom de Philippopolis.
Le plus beau monument de cette époque est le théâtre, accessible depuis la vieille ville.

Le théâtre romain de Plovdiv

Comme souvent, les Romains ont été malins, le théâtre de Philippopolis épouse le relief du terrain. Ici il s’étend entre deux collines de Philippopolis. Il aurait été construit dans les années 90 du 1er siècle av JC et pouvait recevoir 6 000 spectateurs.
Il a été redécouvert dans les années 1960 et restauré en utilisant autant que possible les éléments d’origines.
Aujourd’hui il accueille toujours des spectacles, avec une capacité de 3 000 places.
Hier il était fermé en raison d’un championnat du monde d’aviron. Heureusement que j’ai pu y aller aujourd’hui.

Philippopolis avait aussi un odéon (un petit théâtre, comme à Nicopolis ad Istrum) et un forum, mais ils ne sont pas visitables en ce moment à cause de travaux.
Mais il est un autre vestige romain de Philippopolis que l’on ne peut pas rater : son stade.
Dans la Rome antique, le stade est principalement réservé aux courses de chars, très populaires à l’époque (souvenez-vous de « Ben Hur »). Le plus grand et le plus entier que j’ai vu est le Circus Maximus à Rome. Il semblerait que des combats de gladiateurs ou des épreuves sportives (courses, lancers) y étaient également organisés, car Philippopolis n’avait pas d’amphithéâtre.

Le stade de Plovdiv

Le stade date de la même époque que le théâtre. Il mesurait 240 mètres de long pour 50 de large et pouvait accueillir 30 000 spectateurs. Il a été redécouvert dans les années 1920, mais fouillés activement dans les années 1970 seulement. L’aménagement actuel date de 2013. Les gradins de l’extrémité du stade ont été dégagés et intégrés au tissu urbain actuel. J’aime beaucoup.
Le reste du stade s’étend aujourd’hui sous la principale rue piétonne de Plovdiv. Quelques sculptures du stade sont aujourd’hui exposées au musée.
Un film en 3D permet d’avoir une idée du monument et de ce qui s’y passait à l’époque.

La rue piétonne est elle-même très agréable, et c’est assez fascinant de penser, comme le rappellent des panneaux explicatifs, qu’un monument antique si important est là, juste sous nos pieds.
Mais la vraie question est la suivante : comment un bâtiment de 240×50 mètres peut disparaître pendant presque 2000 ans ?

Plovdiv est une ville très agréable et je suis très content de mon séjour, bien qu’un peu court.
C’est que ma prochaine étape est à trois heures de route environ, et j’ai encore quelque chose à voir avant de partir.

Le musée de l'aviation

Le musée de l’aviation bulgare est justement installé sur l’aéroport de Plovdiv, à quelques kilomètres du centre-ville.
Bien sûr la Bulgarie n’est pas un grand pays aéronautique, mais ça n’empêche pas de passer un peu de temps au grand air entre des avions et hélicoptères soviétiques pour la plupart.

Ensuite j’ai pris la route pour Bansko, dans l’ouest du pays.
A mi-chemin, j’ai quitté la plaine bulgare pour grimper dans la montage, et le paysage est devenu plus alpin.

Changement de paysage

Bansko, 925 mètres d’altitude, est une station de sport d’hiver. La saison estivale se termine et on est loin de la saison hivernale, donc c’était un peu le désert quand j’y suis arrivé vers 19h, juste avant la tombée de la nuit (il fait nuit assez tôt en cette saison).
Mais il y avait quand même des restaurants ouverts.

J’ai trouvé un excellent plat d’agneau (enfin), que j’ai toutefois dû partager avec un chat et même un chien, pour changer.

La fin du voyage approche : je remonte vers Sofia pour une dernière nuit.

Encore un peu de Thraces

Ce matin je suis allé visiter le musée historique de Kazanlak. J’aurais pu (et dû) y aller hier, mais j’avais la flemme.
Le musée présente des éléments ethnographiques régionaux : des outils, des costumes, des instruments de musique. Le plus étonnant était une vaste collection de tampons, mais hélas il n’y avait quasiment pas de précision de dates ou sur leurs fonctions. Je ne sais même pas s’il faut se moquer de l’administration ottomane, bulgare ou communiste, c’est frustrant.

Mais l’intérêt principal de ce musée, pour moi, était de retrouver des objets thraces, comme cette couronne de feuilles d’or.

La couronne du roi Seuthès III

C’est la couronne du roi Seuthès III, trouvée dans le premier tombeau que j’ai visité hier. Elle est d’une finesse invraissemblable.
Il y avait aussi quelques informations sur Seuthopolis, sa capitale, aujourd’hui engloutie sous un lac artificiel. Il existe un projet, maquette à l’appui, de construire une digue circulaire autour de la cité afin de la faire sortir des eaux. Le projet est beau, mais me semble peu réaliste.
Le musée est modeste, mais il complète utilement la visite des tombeaux thraces des environs.

J’ai ensuite pris la route en direction de Plovdiv. Pendant les premiers kilomètres, je longeait la montage et je pouvais distinguer sans peine les silhouettes de la Maison du Peuple du Bouzoudlja et du monument de Chipka sur la ligne de crête .

Chemin faisant, je me suis arrêté à Hisarya (Хисаря). C’est une ville d’eaux thermales depuis le temps des Romains pour qui la ville s’appelait Diocletianopolis.

La porte d'Hisarya

De l’époque romaine, la ville a encore quasiment tout son mur d’enceinte, dont cette porte, ainsi que d’autres vestiges dont, bien sûr, des thermes.
Les fontaines publiques distribuent l’eau de la vingtaine de sources connues. Comme les locaux font la queue avec des bouteilles en plastique, j’ai suivi leur exemple. Ce n’est que quand mon tour est venu que j’ai réalisé que l’eau était chaude. Cette eau a certainement de multiples vertus, mais pas de rafraîchir.

A quelques kilomètres d’Hisarya se trouvent d’autres vestiges thraces, dont un temple situé au sommet d’une colline sur la commune de Starosel (Старосел).

Le temple thrace de Starosel

Même si une sépulture y a été découverte, les archéologues expliquent qu’il ne s’agit ici pas simplement d’un tombeau, mais du plus important lieu de culte thrace trouvé à ce jour.
D’après les panneaux, des dizaines de sites thraces ont été identifiés dans les montagnes environnantes : habitations, sépultures ou forteresses. Mais ils ne sont pas tous accessibles par le touriste moyen.

Enfin je suis arrivé à mon hôtel à Plovdiv (Пловдив) en début d’après-midi. Avant d’explorer la ville en détail, je suis allé visiter le musée archéologique.

Le musée archéologique de Plovdiv

Bien sûr, une place de choix est consacrée aux Thraces, mais aussi aux périodes antérieures (du néolithique notamment) et postérieures, avec les Romains. En effet, Plovdiv était une importante ville romaine, mais nous en reparlerons demain.

En sortant du musée, et en guise de promenade apéritive, je suis monté au sommet de la plus haute des trois collines de Plovdiv. A cette heure de fin d’après-midi, la vue sur la ville était très belle.

Plovdiv

En redescendant je suis tombé sur une agréable terrasse, avec tonnelle et chats, qui semblait n’attendre que moi.

J’y ai mangé une très bonne côte de porc marinée. Les patates étaient sensées être rôties, mais je les ai trouvées bien fades.

Demain je terminerai ma visite de Plovdiv avant de reprendre la route vers l’ouest.

La vallée des roses et des rois Thraces

La plaine au nord du massif du grand Balkan est plate comme la main. Entre les villes de Chipka (Шипка) et de Kazanalak ( Каэанлък) on trouve principalement deux choses : des champs de roses et des tombeaux thraces. Ces derniers sont les seuls reliefs de la plaine.

La rose est cultivée depuis toujours dans la région. Des textes grecs vantaient déjà la qualité des roses cultivées ici. Dès l’indépendance, de grandes maisons exportent l’eau de rose et l’huile de rose dans le monde entier. Toutes ces entreprises sont nationalisées pendant la période communiste, et privatisées après, mais la production et l’exportation n’ont jamais cessé. Aujourd’hui toutes les boutiques du pays vendent parfums, savons et cosmétiques à la rose.
Les variétés produites en Bulgarie sont essentiellement les roses de Damas et Alba, alors qu’à Grasse ont cultive la rose Centifolia. Chaque variété a ses subtilités qui font le miel  des parfumeurs.
Le festival de la rose de Kazanlak a lieu chaque année en mai. Et c’est à Kazanlak que se trouve le musée de la rose.

Le musée de la rose de Kazanlak

Le musée raconte les siècles de culture de la rose en Bulgarie en quelques salles. On en fait vite le tour. Je me demande s’il ne sert pas de prétexte à la boutique.

Mais avant d’arriver à Kazanlak, et entre deux visites au Bouzloudja, je me suis d’abord intéressé aux tombeaux thraces.

En descendant de la montagne, on remarque tout de suite plusieurs tumuli.

Des tumuli dans la région de Chipka

Il y a un belle concentration de tumuli autour de Chipka. Ils datent du IVème siècle avant JC environ et appartiennent à la culture thrace. Des tombeaux thraces ont également été découverts dans d’autres régions de Bulgarie.
Les Thraces sont un ensemble de peuples dont l’aire géographique correspond à peu près à la Bulgarie actuelle. D’après la tradtion Dyonisos et Orphée étaient Thraces. Mais le Thrace le plus connu reste Spartacus.
La civilisation thrace s’est dévelopée à partir du deuxième millénaire, ce qui en fait des contemporains des Achéens (Mycènes), des Ioniens ou des Eoliens, des peuples grecs avec lesquels les Thraces partagent des traits culturels et religieux.
Les Thraces sont réputés pour leur orfèvrerie en or dont j’ai pu voir quelques exemples au musée archéologique de Sofia, et lors d’une importante exposition au Louvre il y a quelques années.
En 133 av JC les Thraces passent sous domination romaine. Une province de Thrace romaine est même créée en 46.

Souvent les peuples modernes se cherchent un peuple antique comme ancêtre. Pour les Bulgares, leurs ancêtres sont tout trouvés : ce sont les Thraces !

Rien qu’autour de Chipka, sept tumuli sont ouverts à la visite. Je n’en ai visité que deux plus un troisième à Kazanlak.

Le tombeau du rois Seuthès III, découvert en 2004, est le plus connu. C’est le seul dont on connaît avec certitude le nom du pensionnaire.

La tombe de Seuthès III

Seuthès III était un contemporain d’Alexandre le Grand. Sa capitale, Seuthopolis, à été découverte et fouillée en 1948, puis engloutie dans un lac de barrage.

On ne sait pas qui a été enseveli dans le tombeau Ostrusha, qui a été pillé pendant l’antiquité. Il comportait 6 pièces, dont une seule a été reconstituée dans un petit édicule à part.

Détail du plafond du tombeau d'Ostrusha

Le ciel du tombeau est décoré de peintures très fines, mais malheureusement très dégradées.

Enfin, dans un parc de Kazanlak, un autre tombeau a été découvert en 1944 par des soldats qui creusaient des tranchées.

La voûte du tombeau thrace de Kazanlak

Ce tombeau est spectaculaire par ses fresques découvertes en très bon état et il fait partie du Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1979. Ce qu’on visite est en fait une réplique à deux pas du tombeau original qui est fermé à la visite pour préserver ses fresques.

Cette concentration de tombeaux antiques est intéressante, mais je suis un peu déçu.
Chaque tombeau est très petit (2 mètres de diamètre pour celui de Kazanlak) et la visite est vite terminée. A 6 leva (3 €) par visite la note monte vite. Et tous les objets découverts (130 pièces pour 1 kg d’or au total pour celui de Seuthès III) ont été mis à l’abris dans des musées ou des réserves.

Finalement j’ai fini ma journée et je suis arrivé à l’hôtel à Kazanlak vers 16h. La ville en elle-même ne présente pas un grand intérêt, et j’aurais peut-être pu aller dormir plus loin sur mon parcours.
Mais l’hôtel a une belle terrasse ombragée et ventilée, et je m’y suis installé pendant deux bonnes heures avant de quérir quelque nourriture

Le soir j’ai mangé un Kudkudicania (enfin je crois).

C’est du porc dans une sauce épaisse pleine de champignons, d’oignons et d’abricots sec et c’est très bon.
A midi, j’avais pris un petit encas souvent proposé en apéritif : une assiette de coeurs de volaille aux oignons. Et c’était bon aussi.

J’ai mangé presque à chaque repas en terrasse, et presque à chaque fois aussi il y a des chats qui patrouillent autour des tables, et ils savent s’y prendre pour obtenir leur part. A mon avis ils ne mangent pas souvent des croquettes.

Demain : direction Polvdiv.

Bouzloudja

Le mont Bouzloudja (Ъуэлуджа) qui culmine à 1430 mètres d’altitude est situé à une dizaine de kilomètres à l’est du col de Chipka. Plusieurs événements historiques s’y sont produits.
En 1868, dix ans avant la guerre d’indépendance, une petite troupe de Bulgares en révolte y a été anéantie par l’armée ottomane.
En 1877-78 des combats s’y sont déroulés dans le cadre des batailles de Chipka.
En 1891, le premier congrès socialiste bulgare s’y est tenu dans la clandestinité.
Dans le courant des années 1970 le parti communiste bulgare, lointain descendant du congrès de 1891, décide de construire sur cette montagne au passé glorieux une Maison du Peuple.

La maisn du peuple du mont Bouzloudja

Le monument sera inauguré après des années de travaux en 1981 et servira pour des cérémonies officielles comme des remises de décoration ou des congrès du parti. Une résidence pour les congressiste sera construite dans la forêt à quelques kilomètres de là. Cette résidence est devenue un hôtel, dans lequel j’ai passé la nuit afin d’être au plus près du monument.

Le monument ressemble à une soucoupe volante de 60 mètres de diamètre et 22 de haut. Sa grande salle est assez vaste pour accueillir des milliers de personnes. Sa forme futuriste de soucoupe volante était dans l’air du temps, mais elle était aussi conçue pour résister aux rudes conditions climatiques (-25°C et vents violents) qui prévalent à cette altitude en hiver. Le bâtiment est couvert d’un dôme métallique de 640 tonnes.

La soucoupe est flanquée d’un pylône de 70 mètres de haut. Il est orné de deux étoiles rouges en verre. Chacune mesure 6 mètres de large sur 12 de haut. A l’époque elles pesaient 3,5 tonnes et étaient éclairées.

Bouzloudja

Respectivement 8 430 et 3 720 m3 de béton ont été coulés pour la soucoupe et le pylône.
Le chantier a nécessité d’araser la montagne et de construire des routes pour transporter les matériaux : 70 000 tonnes de béton, 3 000 d’acier et 40 de verre.
6 000 ouvriers, dont 500 soldats du génie et des bénévoles ont été mobilisés pendant des années.
La décoration intérieure, faite de fresques et de mosaïque a pris 18 mois à des dizaines d’artistes.

L’architecte, Georgi Stoilov, a conçu de nombreux bâtiments et monuments, dont l’arche de la liberté que j’ai vue lundi dernier.

Le monument a été inauguré en grande pompe en 1981, et abandonné en 1989 avec la chute des régimes communistes d’Europe de l’est.

Le nouveau gouvernement refusa d’entretenir ce bâtiment encombrant et le laissa ouvert aux quatre vents. Il est rapidement pillé, notamment la toiture métallique et les étoiles que la rumeur disait être faite de rubis.
Privé de toiture, le bâtiment se dégrade rapidement.

On voit à travers le toit.

Pendant des années, c’était le paradis des amateurs de lieux abandonnés et interdits. Des dizaines de vidéo d’explorations du monument existent sur internet.

Aujourd’hui le bâtiment est fermé et gardienné : il est impossible d’y pénétrer, mais on peut toujours en faire le tour et profiter du paysage. Ce que j’ai fait hier soir et ce matin, pour profiter de différentes lumières.

Bouzloudja

Je suis monté quatre fois au sommet. D’abord hier soir vers 16h, mais il pleuvait, donc je ne me suis pas attardé et suis allé à l’hôtel. J’y suis retourné vers 18h sous le soleil presque couchant. Puis ce matin en partant de l’hôtel. Il y avait du soleil mais le ciel était gris, donc j’y suis retourné une dernière fois vers midi pour profiter du soleil et du ciel bleu.
Je suis fasciné par ce monument et ce qu’il représente : une débauche de moyens dans un but purement symbolique, au delà de la raison.
Visiblement je ne suis pas le seul qui éprouve de l’intérêt pour ce vestige du communisme : à chacune de mes visites il y avait du monde.

Je ne sais plus quand j’ai découvert l’existence de la Maison du Peuple du mont Bouzoudja, mais depuis j’avais toujours rêvé de le voir en vrai. C’est chose faite et je suis bien content.

J’ai fait 137 photos du monument, quelques unes sont dans l’album.

Chipka

Le col de Chipka (шипка)  est un des passages à travers le Grand Balkan. Il a été le lieu de quatre batailles pendant la guerre russo-turque de 1877-1878. Pendant les premières phases de la guerre, l’armée russe, venant de Roumanie, a traversé le Danube et marchait vers le sud. Le col de Chipka, tenu par l’armée turque, bloquait l’avance russe vers la plaine bulgare. La première bataille de Chipka est la capture du col par l’armée russe. Les trois batailles suivantes sont des tentatives infructueuses de reprise du col par l’armée turque. les trois assauts ont été repoussés, grâce à la résistance acharnée des volontaires bulgares qui combattaient avec l’armée russe, qui comptait aussi des régiments finlandais dans ses rangs, soit dit en passant.

Les batailles du col de Chipka ont joué un rôle crucial dans la guerre, et une imposant monument commémoratif y a été inauguré en 1934.

Les 185 marches de Chipka

Wikipedia prétend qu’il est inspiré du monument de la bataille des Nations, à Leipzig, mais je suis moyennement convaincu. J’avais plus pensé à une tour bismarckienne au premier regard. A l’intérieur se trouve un petit musée sur les batailles de Chipka et du sommet on a une vue splendide sur les deux côtés du col.

La plaine vue depuis le monument de Chipka


Quand je suis arrivé, le sommet et la tour étaient dans les nuages. Heureusement ils se sont dissipés, mais j’ai dû patienter une demi-heure, adossé à un rocher à l’abri du vent.

Au pied du col, la petite ville de Chipka abrite le temple-mémorial de la naissance du Christ.

L'église mémorial de Chipka

Cette église orthodoxe, de style moscovite, a été inaugurée 25 après la bataille et a été dédiée aux soldats russes, ukrainiens et bulgares mort pour la libération de la Bulgarie. Leurs restes sont rassemblés dans des sarcophages dans la crypte de l’église. Ses cloches ont été fondues avec les cartouches récupérées sur le champ de bataille.

Depuis le sommet, entre les nuages, on peut distinguer une forme mystérieuse.

Mystère au loin

Le mystère sera éclairci demain.

Le soir j’ai mangé d’excellentes brochettes de veau selon la recette du coin, selon le serveur.

Donc apparemment les carrés de poivrons et d’oignons entre les cubes de viande viennent d’ici.

Le temps était très couvert et froid le matin : j’ai dû ressortir mon pantalon du fond de la valise. Dans l’après-midi il faisait beau et chaud au pied de la montagne, mais comme j’ai passé l’essentiel de la journée entre 1300 et 1400 mètres d’altitude, je n’ai pas souffert de la chaleur.

Comme toujours : plus de photos dans l’album.

Veliko Tarnovo

Veliko Tarnovo (Велико Търново), ou la Grande Tarnovo, était la capitale du Second Empire Bulgare. A cette époque le nom de la ville était Tarnovgrad.

Pour ceux qui dormaient pendant leur cour d’histoire de la Bulgarie à l’école, je rappelle que le Premier Empire Bulgare a duré de 681 à 1018, quand le pays passe sous l’autorité de Byzance, pendant le règne de Basile II, le Bulgaroctone (tueur de Bulgares, tout un programme).

Suite à une révolte menée par les frères Asen, les Bulgares s’affranchissent de Byzance et le Second Empire Bulgare est créé en 1186. Un monument a été élevé en 1985 à la gloire des frères Asen.

Le monument des frères Asen

Ce n’est pas le premier monument patriotique installé pendant la dernière décennie du régime communiste que je vois. Je ne sais pas s’il y en avait eu avant, la question mérite approfondissement.

La conquête turque mettra fin au Second Empire Bulgare en 1396. La Bulgarie ne sera restaurée en tant qu’état indépendant qu’en 1878.

Le prestigieux passé de Veliko Tarnovo est bien visible à travers son impressionnante forteresse qui domine la ville. Il y en a même deux, sur deux méandres de la rivière Yantra : Tsarevets (Тцаревец) et Trapezitsa (Трапеэица). Trarevets est la principale et c’est par elle que j’ai commencé ma journée.

Tsarevets a la forme d’un triangle dont deux côtés sont visibles depuis la ville. On accède à la forteresse par un des angles,  relié à la ville par un long éperon rocheux.

L'entrée de Tsarevets

Plus qu’une forteresse il faudrait plutôt parler de ville. Les archéologues y ont trouvé les traces de 400 bâtiments résidentiels, 22 églises et 4 monastères. Ça paraît fou qu’il y ait eu autant d’édifices, même de petites tailles, dans un espace si réduit. J’ai déjà remarqué, par exemple à Olympie ou à Mystras, que ce qui était grand pendant l’antiquité ou le moyen-âge ne le paraît pas autant aujourd’hui.

Au sommet de la colline trône le palais du patriarche, un palais au milieu du château, dont l’église cathédrale a été reconstruite en 1981. Elle est ornée de fresques modernes.

En face de Tsarevets, Trapezitsa est moins étendue, avec seulement 18 églises, et n’a quasiment plus de murailles. On y accède par un funiculaire. Je ne savais pas qu’il fermait à 16h30, et j’ai eu la chance d’emprunter le dernier aller-retour. Le principal intérêt de Trapezitsa (sauf pour les spécialistes des églises de forteresse) est qu’elle offre le meilleur point de vue sur Tsarevets en fin d’après-midi, c’est pour ça que je n’y suis pas allé tout de suite en sortant de Tsarevets.

Tsarevets

Entre temps j’étais allé à Arbanassi (Арбанаси), un petit village tranquille sur les hauteurs à quelques kilomètres de Veliko Tarnovo. Arbanassi est, paraît-il, une destination prisée des Bulgares pour passer un week-end ou organiser un mariage. C’est vrai que le nombre d’hôtels ou d’auberges est hors de proportion par rapport à la taille du village. Mais c’est mercredi aujourd’hui et il n’y avait pas grand monde.

La principale curiosité d’Arbanassi est l’église de la Nativité du Christ. De l’extérieur, elle ne paie pas de mine : un bâtiment  bas et longiligne (28m sur 10) sans clocher. C’est qu’elle a été construite au XVIème, pendant la domination ottomane. A cette époque le culte chrétien n’était pas interdit, mais il devait rester discret.

L’intérêt est à l’intérieur. Toutes les salles de l’église sont entièrement couvertes de fresques. Il n’y a pas une centimètre carré sans couleur.

L'église de la Nativité du Christ, Arbanassi

Comme il n’y a pas de fenêtres et que la voûte est basse, on a l’impression d’être dans une grotte ornée. Des milliers de personnages, saints et martyrs sont représentés avec finesse, réalisme et des couleurs éclatantes. Leurs noms sont inscrits, mais en écriture cyrillique ancienne, donc impossible à déchiffrer (j’ai déjà du mal avec le cyrillique moderne). Mais d’un bout à l’autre de l’Europe on reconnaît les mêmes figures : Saint-Georges est toujours sur son cheval à terrasser le dragon.

C’était magnifique.

A part Tsarevets et Trapezitsa,  ce que j’ai vu de la ville de Veliko Tarnovo n’est pas très agréable. Du fait du relief, il n’y a qu’une rue et la circulation est intense.

Je suis rentré à l’hôtel vers 17h, juste avant un énorme orage et des trombes d’eau qui ont duré deux bonnes heures. J’ai eu de la chance puisqu’il a fait plutôt beau toute la journée, même s’il y avait beaucoup de nuages, et j’ai pu faire le touriste sans être gêné par la pluie.

J’avais espéré durer un peu plus longtemps, mais ce soir j’ai craqué pour une pizza Прошуто крудо (prosciutto crudo). C’est bien de connaître les langues étrangères : on n’a pas besoin des photos sur le menu pour choisir.

L’autre curiosité de Veliko Tarnovo est son spectacle son et lumières. Pour les lumières, c’est Tsarevets qui sert de décor avec projecteurs de différentes couleurs et rayons laser. Quant au son, il faut acheter son ticket et prendre place dans un des fauteuils de la terrasse couverte. Les hauts-parleurs sont en cet endroit. Autrement dit on peu jouir du spectacle sans la musique gratuitement depuis la rue, mais on entend un peu le son quand même.

Veliko Tarnovo Light Show

Le spectacle n’est pas joué tous les soirs. Quand j’avais préparé mon voyage, seule une représentation était prévue ce soir. Mais une fois arrivé sur place, je me suis rendu compte qu’il est donné quasiment tous les soirs de cette semaine. Hier je l’ai vu avec le son et ce soir je me suis offert une deuxième séance sans le son.

C’est un beau spectacle. Peut-être pas au point de venir exprès mais si on est déjà sur place, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Demain, le soleil devrait être pleinement de retour pour une journée au grand air, mais avec une touche historique.

De Lovetch à Veliko Tarnovo

Après une bonne nuit, j’étais à pied d’œuvre pour visiter Lovetch (Ловеч), au moins Varosha (Вароша), le quartier ancien.

Comme à Koprivchtitsa les ruelles sont étroites et tortueuses. J’ai dû m’y aventurer avec la voiture, mais ce n’était pas aussi ardu qu’à Sorrento.

Le monument le plus connu de la ville est son pont couvert, le seul de Bulgarie.

Le pont couvert de Lovetch

Plusieurs ponts se sont succédés à cet emplacement, tous ont été détruits par des incendies ou des crues. Le pont actuel date de 1931. Il est en béton mais on lui a redonné son aspect primitif en bois. Aujourd’hui le pont abrite l’office de tourisme et quelques boutiques.

La ville est dominée par la forteresse d’Hirsaya. Si le site était déjà occupé par les Romains, c’est l’une des dernières forteresses byzantines tombée aux mains des Ottomans en 1445. Ils l’ont démantelée et elle a servi de carrière pour les habitants de la ville,  donc il n’en reste pas grand’chose. Avec un peu d’imagination on peut deviner le tracé des sept petites  églises qui existaient dans l’enceinte.

Le château de Lovetch

Le héros local est Vasil Levski. A partir de 1876, il a organisé les comités locaux qui lanceront la révolte contre l’empire ottoman. Il sera arrêté et exécuté avant qu’elle ne commence. Un important musée lui est consacré dans la ville et sa statue domine la ville autant que le château.

Vasil Levski

Normalement j’aurais dû visiter les bains turcs, mais ils étaient fermés aujourd’hui.

Je suis parti de Lovetch vers 11h après une intéressante discussion avec Dimitar, le propriétaire du gîte, sur le passé, le présent et l’avenir de la Bulgarie.

Les curiosités suivantes aux programme sont naturelles : une grotte et une cascade.

Je ne sais pas si le terme de « grotte » convient à celle de Devetashtaka tant ses dimensions sont hors norme.

La grotte de Devetashka

C’est une énorme voûte naturelle, 58 mètres à son plus haut. Elle est percée de sept trous gigantesques à travers lesquels ont voit le ciel et les nuages. Elle sert de refuge à une colonie de chauves-souris, c’est pourquoi l’accès du fond de la grotte est interdit. Spectaculaire.

La, où plutôt les cascades de Kurusha (Куруша) sont atteintes après une petite marche en forêt, donc à l’ombre, ce qui est appréciable par cette chaleur.

La cascade de Krushuna

Un autre chemin, plus pentu, permet d’arriver au sommet de la cascade, ou plus précisément à la résurgence qui alimente la cascade. Je crois bien que c’est la première fois que je vois un ruisseau sortir ainsi d’une montagne. En tout cas c’est bien pratique pour se rafraîchir après une telle ascension.

Pour que la journée soit bien éclectique, j’ai poursuivi ma route vers l’est et vers l’antiquité romaine grâce au site de Nicopolis ad Istrum.

Nicopolis ad Istrum est une petite ville romaine fondée entre 101 et 106 après JC. Tout le site n’a pas été fouillé mais on peut voir déjà pas mal de bâtiments, donc l’odéon (un petit théâtre), et surtout de larges rues pavées de dalles de pierre de plus de deux mètres de long.

La voie vers Nicopolis ad Istrum

Détail intéressant, certaines parties du site sont en cours de dégagement, et on peut voir que la profondeur somme toute modestes des vestiges sous le niveau du sol.

Fouilles de Nicopolis ad Istrum

De nombreux panneaux (en bulgare et en anglais) permettent de se repérer. Un grand nombre de ces panneaux portent en fait la traduction de stèles originales (en grec, pas en latin), ce qui donne de la vie au site et va au delà de la simple description technique.

Stèle à Nicopolis ad Istrum

C’est toujours intéressant de visiter des sites romains à travers toute l’Europe.

De Nicpolis ad Nistrum je n’ai que 30 minutes pour arriver à l’étape du jour : Veliko Tarnovo, où je resterai deux nuits.

Voici la vue de ma chambre d’hôtel.

La vue de ma chambre

La journée de demain s’annonce bien.

Le soir j’ai tenté à nouveau un plat d’ageau, ce coup-ci accompagné de yaourt bulgare.

J’aurais bien aimé voir les papiers de l’agneau, et ils ne se sont pas forcés sur le yaourt.

Avec les baklavas au dessert, au moins, on n’est jamais déçu.

Il a fait beau toute la journée, mais le soir était un peu gris et quelques gouttes sont tombées. J’espère que le soleil sera de retour demain matin.

Comme toujours : n’oubliez pas l’album.

La traversée du Grand Balkan

Ce qu’on appelle « Les Balkans » est la région d’Europe dont fait partie la Bulgarie. Au sein de cette région, le Grand Balkan est une chaîne de montagnes qui traverse tout le pays d’est en ouest, de la Serbie à la mer Noire et je l’ai traversée aujourd’hui.

Je suis parti ce matin de l’aéroport  de Sofia où j’ai pris possession de ma voiture de locations.

Environ 1h30 de route plus tard je suis arrivé à Koprivchtitsa (Копривщица). Ce petit village situé à l’écart des grands axes a conservé ses vieilles maisons du début du XIXème siècle.

La maison de Todor Kableshkov à Koprivchtitsa

Koprivchtitsa est un dédale de ruelles pavées et de ruisseaux qu’enjambent des petits ponts de pierre. Les plus belles maisons (les mieux entretenues ?) sont peintes de couleurs vives. Elles sont souvent entourées de hauts murs et on y accède par un large portail en bois.

On dirait que le village est composé de dizaines de petites forteresses.

Koprivchtitsa

D’après les guides, Koprivchtitsa est un des villages les plus typiques de Bulgarie, ce que je veux bien croire. C’est une destination touristique prisée, mais pas aujourd’hui : le village était désert. Mais c’était peut-être mieux ainsi, cela renforce l’impression d’être hors du temps.

Après un encas consistant, mais long à venir, j’ai repris la route vers le nord, à travers le col de Troyan (троян). C’est une chouette route sinueuse à souhait qui culmine à 1631m d’altitude.

La plaine de Bulgarie depuis le col de Troyan

Bon quand il faut doubler un camion, et ils sont nombreux, c’est moins agréable. Comme je m’arrêtais de temps en temps pour prendre des photos, j’ai même doublé certains camions plusieurs fois. Ma Clio 4 1.2l est un peu poussive dans les montées, mais je suis en vacances : rien ne presse.

Ma voiture

Une construction imposante attend le l’automobiliste au sommet du col : l’arche de la liberté, 34 mètres de haut, érigée en 1980. Un côté du monument commémore la libération du pays du joug ottoman en 1878 et l’autre la libération de l’emprise nazie en 1944. On notera que dans les deux cas la Russie (ou l’Union Soviétique) est la libératrice.

L’arche se voit de loin, depuis la vallée en venant de Koprivchtitsa. Elle est agrémentée de statues colossales représentant les soldats de 1878 et de 1944 accueillis par des civils offrant le pain en guise de bienvenue.

Ensuite j’ai descendu le col pour arriver à mon étape du jour : Lovetch (Ловеч). J’y suis arrivé largement avant la nuit, mais j’ai quand même choisi cette photo pour illustrer la ville.

La forteresse Hisarya

Le soir, je me suis régalé d’un sach, un mélange légumes et de viandes (porc, poulet, veau) mijotés ensemble dans un pot en terre.

C’était très bon et très copieux. Ou alors c’était pour deux.

Demain matin je visiterai la vieille ville de Lovetch avant de prendre la route vers le  nord-est.

Il a fait encore beau et chaud, sauf au sommet du col, du fait de l’altitude.

La suite des photos dans l’album.