Comme la Lettonie, l’Estonie ne manque pas de châteaux forts. Les mêmes causes produisants les mêmes effets, la plupart des châteaux estoniens sont le fait des chevaliers teutoniques pour qui ils étaient des centres administratifs et des points d’appuis contre les populations païennes rebelles.
Quand ce n’était pas l’ordre teutonique ou livonien, le commanditaire était l’évêque, ce qui fait qu’on parle souvent de château épiscopal, voire de château-monastère.
L’histoire des châteaux en Estonie et grosso-modo la même qu’en Lettonie, mais avec plus de Danois.
Pendant ces quelques jours en Estonie, j’ai vu ou visité cinq châteaux, plus un.
Le sixième est celui d’Invangorod, qui est en Russie face à Narva.
Narva est la ville la plus à l’est de l’Estonie et n’est séparée de la Russie que par le fleuve Narva (oui, la ville et le fleuve ont le même nom). Narva est depuis toujours la ville frontière entre la Russie et l’Estonie, et sa population est très majoritairement russe. A l’indépendance de 1991, elle avait réclamé une large autonomie, voire un rattachement à la Russie, ce qui a été refusé par l’Estonie.
La forteresse d’Invangorod a été édifiée en 1492 par la Russie pour affirmer les droits à un accès à la mer Baltique, et aussi pour faire face à l’ordre teutonique, représenté par le château de Narva.
Le permier château de Narva a été érigé par les Danois au 13ème siècle et était probablement en bois. En 1347 le roi du Danemark vend Narva à l’ordre livonien qui renforce le château. Le château actuel est le résultat de plusieurs siècles d’évolutions et de renforcements menés parallèlement, et en confrontation, avec celui d’Ivangorod.
La vision des deux châteaux se faisant face est très impressionnante. Hélas Invangorod est en Russie et donc inaccessible sans visa, que je n’ai pas voulu demander pour seulement quelques heures de visite.
J’ai juste vu les installations frontalières qui sont elles-même très impressionnantes. Chaque voiture et ses passagers sont contrôlés après avoir fait la queue dans la rue pendant une bonne heure.
Je savais que je ne visiterai pas le château russe, hélas je n’ai pas pu visiter le château estonien, en raison d’un certain retard pris à Tartu et d’aléas climatiques quand je suis arrivé lundi soir.
Mardi matin j’ai pris la route de Tallinn, et en chemin je me suis arrêté au château de Rakvere.
Le château est construit sur une hauteur, chose rare dans un région plutôt plate, et se voit de loin.
Ici aussi, ce sont les Danois qui ont commencé à fortifier la position avant de vendre la place à l’ordre Livonien. Le château est ensuite passé dans les mains polonaises, suédoises et russes à l’occasion de sièges et de batailles.
La visite est animée par des acteurs en costumes qui proposent jeux et animations.
En cela il m’a rappelé le château de Sümeg en Hongrie. Sans cela, la visite serait assez pauvre.
A quelques kilomètres de Rakvere se trouve le village de Toolse au bord de la mer. Autrefois il y avait ici un petit port protégé par un château.
Le port a disparu mais il reste les ruines du château.
Toolse a été l’un des derniers projets de construction de l’ordre teutonique, en 1475, et le plus septentrional.
Quand les Suédois sont arrivés dans la région, le château n’avait plus d’intérêt stratégique et ils l’ont fait exploser. Les vestiges qu’on voit aujourd’hui sont assez importants, mais les murs sont maintenus par des tirants en fer, ce qui lui donne un aspect insolite et romantique.
Haapsalu est à deux heures de route environ à l’ouest de Tallinn, et j’y suis passé vendredi pour visiter son important château-cathédrale.
L’aspect actuel du château date du début du 16ème siècle après des siècles d’évolutions et d’agrandissements.
Sa particularité est qu’une cathédrale, dédiée à St Nicolas, en fait partie intégrante.
La muséographie est très moderne et interactive. Il y a même des répliques d’épées pour permettre au visiteur de s’imaginer dans la peau d’un chevalier du Moyen-âge. J’ai trouvé ça amusant… et risqué !
Hasard du calendrier, un rassemblement de voitures américaines était organisé dans la ville et la cour du château. Cela agrémente la visite, et la perturbe aussi.
Enfin samedi, j’ai visité le château épiscopal de Kuressaare, sur l’île de Saaremaa.