Padoue

Padoue est une grande et très ancienne ville d’Italie. La cité existait déjà avant que Rome prenne sont envol. Elle est le siège d’une des plus anciennes universités d’Italie, fondée en 1222, qui a connu, comme professeur ou élève, Vésale, Copernic ou Galilée. La ville compte plusieurs musées universitaires, mais ce n’est pas le thème que j’ai suivi aujourd’hui.

Le monument le plus réputé de Padoue est la chapelle des Scrovegni. Son architecture est modeste, mais sa décoration est somptueuse.

La chapelle des Scrovegni

Les fresques ont été conçues par Giotto dans les années 1303-1305. Elles représentent des scènes de la vie de Jésus et de Marie, mais aussi du commanditaire : Enrico Scrovegni, riche banquier padouan. Les peintures sont saisissantes de finesse et de réalisme.
La visite est compliquée : les places sont limitées et vaut réserver à l’avance (3 mois dans mon cas). On commence par une vidéo explicative de 15 minutes et on a droit à 15 minutes dans la chapelle, pas une de plus.

Moins connu mais méritant tout autant le voyage est le Palazzo della Ragione (Palais de la Raison).

Dans le Palazzo della Ragione (Palais de la Raison)

Il a été construit en 1218 par la ville qui venait d’acquérir le statut de commune libre. Il lui fallait donc construire un édifice imposant destiné à devenir le siège de l’administration et des tribunaux de la ville. Et accessoirement à impressionner les cités rivales ou les visiteurs.
Le rez-de-chaussée est un marché couvert mais le morceau de bravoure est le Salone, la grande salle à l’étage.
Selon les brochures de l’office de tourisme c’est la plus grande salle suspendue du monde : 81 mètres de long, 27 de large et 27 sous plafond. (Je note que ce sont des puissances de 3, mais comme à l’époque le mètre n’existait pas, ce doit être une coïncidence). Quoi qu’il en soit l’impression de volume est spectaculaire.
Les murs sont décorés de 333 panneaux de fresques (hum, encore des 3) représentant des métiers ou des thèmes astrologiques. Les fresques originales étaient attribuées à Giotto, mais elles ont disparu dans un incendie.

Non loin de là se trouve le Duomo, la cathédrale de Padoue. Comme la plupart des églises en Italie, son aspect extérieur est quelconque. Mais à la différence de la plupart des églises en Italie son intérieur est d’une sobriété presque luthérienne.

La cathédrale de Padoue

Mais la grande église de Padoue est la basilique Saint-Antoine.

Basilica di Sant'Antonio de Padova

Saint-Antoine de Padoue est un des plus grands saints de l’Eglise catholique et le protecteur de la ville. Il est originaire du Portugal, mais c’est ici que sont conservées ses reliques. La foule des visiteurs était assez impressionnante. La dévotion est réelle, et dûment accompagnée par les prêtres… et les marchands du temple.

A deux pas de la basilique se trouve la dernière curiosité de Padoue que j’ai visitée aujourd’hui : le Prato della Valle.

Prato della Valle

C’est une très grande place (la deuxième d’Europe par sa superficie, toujours selon l’office du tourisme), dont la partie centrale est un grand parc de forme ovale entouré d’un canal.
C’est plutôt pittoresque et suffisamment ombragé pour déguster la glace quotidienne, un petit plaisir italien qu’il ne faut pas négliger.

Il a fait très chaud aujourd’hui, et j’ai bien apprécié les arcades dont beaucoup de rues de Padoue sont dotées.

Le soir j’ai fuit les restaurants à touristes et me suis réfugié dans une petite trattoria un peu à l’écart. C’était simple mais bon.

Pappardelle aux asperges
Poulet au safran

Demain, direction Vicenze, mais pas en ligne droite.

De Venise à Padoue

La Brenta est aujourd’hui un paisible canal qui relie, grosso-modo, Venise à Padoue. Importante artère commerciale à l’époque de l’apogée de la République de Venise, il est aujourd’hui emprunté par des bateaux de touristes en excursion.
Les riches familles vénitiennes aimaient se faire construire d’imposantes villas le long de ce canal, pour avoir un pied à terre loin de l’agitation de la Sérénissime, mais aussi au milieu des domaines agricoles, sources de richesses.
J’ai suivi ce canal depuis Malcontenta, où j’ai passé la nuit dernière, jusque Padoue. Chemin faisant j’ai vu un certain nombre de ces villas, mais on ne peut pas s’arrêter partout et j’en ai visité deux parmi les plus célèbres : les villas Foscari et Pisani.

La villa Foscari, à Malcontenta, a été commandée par la famille Foscari à l’architecte Palladio dans les années 1570.

Villa Foscari

Palladio était l’architecte à la mode et plusieurs villas de la région sont de son oeuvre. Dans les traités d’architecture on les appelle les villas palladiennes.
On ne visite que le premier étage de la villa Foscari, l’étage noble (« Piano nobile »). Ses murs et plafonds sont entièrement couverts de fresques qui représentent des scènes de la mythologie antique ou des Métamorphoses d’Ovide. Des détails architecturaux en trompe-l’oeil rehaussent l’ensemble.

Dans la villa Foscari

La villa Foscari est de taille assez modeste mais sa décoration est fantastique et mérite la visite, mais il fait bien calculer son coup (comme moi) : elle n’est ouverte au public que les mardis et samedis matin.

Après la ville Foscari, je suis retourné vers Venise et plus précisément Marghera, sur la terre ferme mais au plus proche de la ville. Un fort y a été bâti au XIXème siècle pour protéger la ville d’une éventuelle attaque par la terre.
Aujourd’hui très peu des bastions d’origine sont encore visibles, hélas, et le fort héberge quantité d’associations culturelles ou de protection de la nature. Les amis des chats y sont particulièrement actifs et les matous sont peinards dans leurs petites maisons individuelles avec des montagnes de croquettes à volonté.

Le village des chats

Après cette courte digression félino-bastionnée, j’ai rejoint le cours de la Brenta jusqu’à la villa Pisani, qui dispose de son embarcadère comme toute maison sérieuse dans le secteur.

Villa Pisani

Par rapport à la villa Foscari, on change d’échelle et d’époque. Pas de Palladio ici puisque la construction date du début du XVIIIème siècle. La famille Pisani était puissante et la villa a été construite à son apogée, quand l’un de ses membres a été nommé doge en 1735. La situation financière de la Famille s’est par la suite dégradée, jusqu’en 1807 où le palais a été vendu à Napoléon 1er. Il y a peu séjourné avant de le céder à Eugène de Beauharnais, fils de Joséphine, fait vice-roi d’Italie et prince de Venise.
Une partie des salles sont donc décorées dans un style Empire.

Le salon des dames

Pour le même prix qu’à la villa Foscari (10€) on visite un palais royal agrémenté d’un important parc.

Villa Pisani

La pièce maîtresse et centrale du palais est son immense salle de bal.

La salle de bal

Le plafond propose une gigantesque fresque qui met en scène le doge Pisani, intercesseur entre l’Italie et l’Europe. Le plafond semble être en relief mais ici aussi ce n’est qu’un trompe-l’oeil.
La visite s’imposait !

Je suis arrivé à Padoue vers 18h.

Après la banale pizza d’hier soir (quand on arrive à 22h on ne fait pas le difficile), je me suis bien rattrapé ce soir.

Sardines avec compotée d’oignons, raisins secs et pignons
Salade de poulpes et pommes de terre
Tarte poire-chocolat

Je reste ici deux nuits, donc demain je visite Padoue.

Voir Venise…

Ce soir j’ai eu la chance d’être du bon côté de l’avion quand celui-ci a atterri à l’aéroport Marco Polo de Venise. Il faisait encore un peu jour, juste assez pour profiter du spectacle.

Voir Venise...
Voir Venise...

J’irai explorer la ville dans quelques jours, mais avant cela, je vais parcourir un peu la terre ferme.

Comme d’habitude, n’oubliez pas les photos.

Guadalajara

Après un samedi pluvieux, mais festif, dimanche a été bien plus ensoleillé. J’en ai profité pour découvrir un peu Guadalajara. Guadalajara est une grande ville, la deuxième du pays, et je me suis contenté du centre historique, entre la cathédrale et l’hospice Cabañas.

Hospicio Cabañas

Cela fait une agréable promenade entièrement piétonne et très animée, comme toujours au Mexique.
La cathédrale est vaste, mais malheureusement je n’ai pas eu l’occasion d’en visiter l’intérieur : à chaque fois que j’y suis passé, il y avait un office en cour, y compris lundi matin vers 8h30.
La cathédrale occupe tout un pâté de maison, qui est bordé de quatre places. Cela permet, chose rare, d’avoir des vues dégagées sur ses quatre façades.

La cathédrale de Guadalajara côté Plaza Guadalajara

L’autre monument important de Guadalajara est le palais du gouverneur. Ici aussi une peinture murale orne son escalier d’honneur.

Miguel Hidalgo y Costilla

Celle-ci est à la gloire de Miguel de Hidalgo y Castilla, prêtre et leader de la révolution de 1810. Il est surtout connu pour avoir aboli l’esclavage.

Lundi matin, j’ai refait un tour rapide en ville avant d’aller à l’aéroport pour prendre l’avion de Mexico. Tous les vols étaient perturbés pour raisons climatiques, mais j’avais suffisamment de marge  pour ne pas être impacté.

Je rédige ces quelques lignes depuis la salle d’embarquement de l’aéroport de Mexico d’où mon vol pour Paris devrait partir dans 1h30. J’ai suffisamment de lecture (et de batterie) pour tenir jusque là. Par contre je n’ai plus que quelques pesos en poche, je n’en ramène pas beaucoup en souvenir.

C’était un très beau voyage, très dépaysant.
Tout s’est déroulé sans anicroche, mais j’appréhende le retour dans la froidure parisienne.

L’arrivée à Guadalajara

Ce matin je suis parti assez tôt de Guanajuato, en direction de l’aéroport del Bajio (Leon-Guanajuato), qui n’est pas très loin.
La route passe au pied du Cerro del Cubilete, une montagne de 2700 mètres de haut qui serait à peu près le centre géographique du Mexique.

Cristo Rey del Cubilete

A son sommet trône une statue du Christ Roi qui mesure 23 mètres de haut. Sa construction, en 1944, marque le reflux de l’anti-catholicisme officiel de l’Etat fédéral.
Finalement je ne suis pas allé à son sommet. J’ai préféré hâter mon arrivée à Guadalajara.

Une fois la voiture rendue, j’ai pris un Taxi pour la gare routière de Leon où je suis arrivé juste à temps pour prendre le bus de 11h30 pour Guadalajara. C’est bien plus tôt que le 16h45 que j’avais réservé, mais on peut changer sur place et il y en a un par heure.
Le Mexique n’a pas de chemin de fer pour passagers mais un très dense réseau de bus. Celui que j’ai pris était très confortable : des sièges inclinables avec écrans individuels comme dans les avions (musique, films), boisson et sandwich fournis. De quoi faire les trois heures de trajet jusqu’à Guadalajara dans les meilleures conditions.
Hélas la gare routière de Guadalajara étant assez excentrée, et il a fallu encore 3/4 d’heures de taxi pour rejoindre mon hôtel, pas loin de la cathédrale. Finalement vers 16h j’étais prêt à sortir me promener un peu.

J’ai décidé d’aller à l’Instituto Cultural Cabañas. C’est un ancien hospice, fondé en 1791 par Monseigneur Cabañas, évêque de Guadalajara, inscrit depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Sa conception était très moderne pour l’époque et il n’a fermé qu’en 1980.
Aujourd’hui, c’est un lieu d’exposition d’art. L’oeuvre principale est la Capilla Mayor, la grande chapelle couverte de peintures murales.

Les peintures murales de José Clemente Orozco

Elles constituent l’oeuvre maîtresse de José Clemente Orozco qui les a peintes entre 1938 et 1939. Elles représentent l’histoire du Jalisco (l’état dont Guadalajara est la capitale). Orozco est un des grands peintres muralistes mexicains avec Rivera.

En sortant de l’hospice, j’ai profité de la douceur de la soirée et de l’animation des rues piétonnes de Guadalajara.

La cathédrale de Guadalajara


J’ai dîné pas très original mais mexicain, du Norte : fajitas de arrachera (boeuf).

C’est presque comme chez nous, mais acec du riz et une purée de haricot en plus.

Pour demain, le programme est tout trouvé : c’est le mariage de Nevena et Alejandro !

Guanajuato

Guanajuato est à environ 1h30 de route de San Miguel de Allende. La région de Guanajuato est montagneuse et la fin de la route estf très sinueuse. C’est moins soporifique que les plaines que j’avais eu l’occasion de traverser jusque là.

La ville est encaissée dans un ravin, et la première particularité que l’automobiliste découvre en arrivant est son réseau de routes souterraines. On peut traverser la ville d’un bout à l’autre en roulant sous terre. Certains de ces tunnels sont en fait des rivières asséchées. Le bon côté de la chose est que cela réduit la circulation dans le centre ville, dont les rues sont par ailleurs fort étroites. Par contre le GPS est perdu et j’ai raté un embranchement souterrain, ce qui m’a fait gagner un tour gratuit.
Le réseau souterrain est essentiellement réservé à la circulation automobile, mais il y a quelques tunnels piétons.

Dans une rue souterraine

Guanajuato est une autre ville née de l’extraction de l’argent (et de l’or aussi). Le gisement qui a été découvert en 1558 sera un des plus riches du monde. Pendant 250 ans, 20% de l’argent métal produit dans le monde venait de Guanajuato. La ville était donc très riche. Trop riche peut-être au goût du roi d’Espagne.
Quand Charles III a décidé en 1765 de réduire la part du profit réservé aux barons locaux, ceux-ci ont commencé à grogner. Deux ans plus tard, en 1767, le roi a chassé les Jésuites des colonies. Or les barons, et le peuple, étaient très attachés aux Jésuites. Voilà deux des facteurs déclenchants du mouvement d’indépendance qui a commencé à Dolorès, non loin de Guanajuato en 1810.

Comme je l’ai dit, la ville est encaissée dans un ravin. Un funiculaire permet de grimper sur le versant sud et de jouir d’une vue parfaite sur la ville.

Guanajuato

On peut voir au centre les édifices principaux, dont mon hôtel, et au loin, sur le versant opposé, des milliers de petites maisons de toutes les couleurs : blanc, bleu, vert, rose, jaune. Sous le soleil (oui, il fait toujours aussi beau), c’est très joli.

Guanajuato possède plusieurs musées. Je me suis contenté de visiter le plus original : le Museo Iconográfico del Quijote.

Dans le musée iconographique Don Quichote

Il recèle la collection de Don Eulalio Ferrer, un éditeur passionné par Don Quichote. Outres quelques éditions des aventures du personnage créé par Cervantès, la collection est constituées de représentations (tableaux, gravures, sculptures) de Don Quichotte et de Sancho Pansa. Faut-il rappeler que ce sont là des personnages de fictions. Cela illustre bien l’importance considérable du roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche dans la culture hispanique. J’en avais déjà eu un aperçu à la bibliothèque nationale espagnole à Madrid, où une section entière lui est consacrée. Il faudrait peut-être que je le lise un jour, il existe des bonnes traductions paraît-il.

Comme Zacatecas, San Luis Potosí et San Miguel de Allende, le centre historique de Guanajuato est classé au Patrimoine de l’Unesco. Ça devient une habitude. Et comme ces autres villes, Guanajuato est riche de belles demeures coloniales, d’édifices officiels et d’églises.
Mais ici il y en a en plus une université, fondée au XVIIème siècle et surtout trois théâtres, créés au XIXème siècle. Le Teatro Juárez peut être visité, ce que j’ai fait

Teatro Juárez

Sa décoration à la fois exubérante et moderne (beaucoup d’éléments métalliques) illustre la volonté de prestige que les dirigeants et les bourgeois de la ville voulaient atteindre. Je pense que c’est assez typique des petites villes industrielles qui voulaient s’affirmer par rapport aux capitales nationales ou régionales, centres du pouvoir politique. Cela n’est pas spécifique à Guanajuato.

En sortant du théâtre j’ai eu la bonne surprise de voir qu’une harmonie (orchestre de cuivres, bois et percussions) était en train de s’installer sur les marches du théâtre.

Concert en plein air

J’ai donc eu droit à un sympathique concert dans la douceur de la fin de journée. Une fois la nuit tombée, la température est plus fraîche, mais cela ne m’a pas empêché de choisir un restaurant en terrasse sur un toit tout près du théâtre.

J’ai choisi un plat de saumon au safran. Pas forcément très couleur locale, mais très bon quand même.

Demain, une autre étape de transition. Objectif Guadalajara.

San Miguel de Allende

San Miguel de Allende est une petite ville à deux heures de route au sud de San Luis Potosí. Pour une fois,  la ville n’a pas été fondée à proximité d’un gisement d’argent.
Toutefois elle était sur la route de Mexico vers Zacatecas et San Luis Potosí. San Miguel de Allende a assuré sa prospérité en pourvoyant aux besoins des voyageurs et des camps d’extraction.
Son centre historique est également classé au Patrimoine de l’Unesco.

Un village indigène existait déjà sur le site avant que les Espagnols ne s’installent, en 1542, sous la protection de Saint-Michel, ou San Miguel. Le nom Allende lui a été accolé en 1826 en l’honneur du héros de l’indépendance Ignacio Allende natif de San Miguel.

San Miguel del Allende

La ville est organisée autour de places garnies d’arbres.

Plaza de la Soledad

Toutes les maisons sont peintes de couleurs chaudes. Avec un beau et chaud soleil comme aujourd’hui, c’est très agréable.

Calle San Francisco

San Miguel de Allende est très fréquentée par les touristes étrangers. Je crois bien que je n’en n’ai pas vu ou entendu autant depuis une semaine que je suis au Mexique, même à Mexico. Il faut dire aussi que la ville est réputée comme centre d’apprentissage de la langue espagnole qui attire beaucoup d’américains depuis les années 1950.

La ville possède quelques musées, dont le sympathique La Esquina: Museo del Juguete Popular Mexicano, ou musée du jouet populaire mexicain.

Musée du jouet mexicain

La collection présente des milliers de jouets venus de toutes les régions du Mexique et faits de toutes sortes de matériaux : bois, métal, terre cuite, paille, …

Le monument emblématique de la ville est l’église paroissiale, dédiée bien sûr à l’archange Saint-Michel. Elle est unique au Mexique de par sa façade est de style néo-gothique. A l’origine elle était typiquement mexicaine, mais un architecte local l’a rebâtie en s’inspirant, dit-on, de cartes postales d’églises gothiques européennes.

Parroquia de San Miguel Arcángel

Le soir, j’ai dîné d’un plat de langue de boeuf accompagné de légumes, raisins secs, amandes et ananas.

Je ne sais pas si c’est typiquement mexicain (en fait je ne pense pas : il n’y avait pas de piment), mais c’était très bon. Je crois bien que c’est la première fois que je mange de la langue au restaurant.

Demain, retour à la mine avec Guanajuato.

San Luis Potosí

Avant de quitter Zacatecas, je suis monté au Cerro de la Buffa. De là on domine la ville d’environ 300 mètres et comme le soleil était au rendez-vous, la vue était magnifique.

Zacatecas vue depuis la Bufa

Ensuite j’ai pris la route de San Luis Potosí, deux cents kilomètres de lignes droites dans un paysage plat et aride qui ne manque pas de cactus. Je suis arrivé vers 13h et, après avoir pris possession de la chambre et mangé un brin, je suis parti explorer le centre historique.

Comme Zacatecas, San Luis Potosí est fille de mines d’argent. Elle a été fondée en 1592 sous le patronage de Saint Louis, le roi de France. Cela peut sembler curieux, mais les fleurs de lys et la statue de Saint Louis dans la cathédrale lèvent le doute.
Potosi est le nom du fabuleux gisement d’argent découvert en Bolivie en 1545. Peut-être que les Espagnols espéraient se donner chance en donnant ce nom à un nouveau gisement. Ils n’ont pas été déçus car les mines mexicaines se sont avérées bien plus productives que la mine bolivienne. Cet afflux d’argent facile n’a pas tant enrichi l’Espagne que ses fournisseurs, à savoir tout le reste de l’Europe et la Chine, mais c’est une autre histoire.

San Luis Potosí est aujourd’hui une ville industrielle bien plus grande que Zacatecas, et d’abords moins aimables. Mais son centre historique n’en est pas moins classé au patrimoine de l’Unesco et possède un certain nombre de belles bâtisses coloniales, dont la cathédrale baroque un peu moins churrigueresque qu’à Zacatecas.

La cathédrale de San Luis Potosí

Bien que nous soyons un jour de semaine, le centre ville, largement piétonnier, était très animé. On a vite fait le tour du centre historique, mais le beau temps invite à flâner.

Le ciel de San Luis Potosí

Après deux jours plutôt frais à Zacatecas, j’ai ressorti le polo à manches courtes pour profiter de la douceur de la température. L’effet du retour du soleil et d’une altitude de 1800 mètre, soit 600 mètres de moins que Zacatecas.

Le soit j’ai mangé un T-bone. C’est moins original que les soirs précédents, mais je voulais manger moins épicé. Quoique que j’aurais pu : il y a toujours un plat de sauces piquantes sur les tables de tous les restaurants.

Aujourd’hui était le jour de la fête la Vierge de Guadalupe. C’est peut-être pour cela qu’il y avait tant de monde dans les rues. La ville de Guadalupe est dans la banlieue de Zacatecas et j’ai été tenté d’aller assister au pèlerinage. Mais finalement j’ai préféré éviter la foule que j’avais vue nombreuse aux informations télévisées.

Pendant toute la nuit dernière j’ai entendu des explosions de pétards ou de feux d’artifice. Ce soir aussi, mais depuis la grand baie vitrée de ma chambre au dixième étage je domine toute la ville et je vois les fusées éclater dans le ciel dans touts les directions. C’est joli.

Demain, je continue vers le sud et San Miguel de Allende.

Zacatecas

Zacatecas est la capitale de l’état de Zacatecas, située à 2450m d’altitude. Le nom de la ville vient du peuple indigène Zacatecos qui vivait dans la région quand les Espagnols sont arrivés. La ville a été fondée en 1548 pour exploiter les importants gisements d’argent qui se trouvent dans la région. Les Zacatecos les exploitaient déjà à petite échelle, mais les Espagnols vont en faire une industrie.

C’est donc fort logiquement par la Mina del Edén que j’ai commencé ma visite de Zacatecas une fois rentré de La Quemada.

On s’enfonce dans la montage pendant quelques centaines de mètres grâce à un petit train. La visite commence par une exposition de minéraux de diverses origines (beaucoup du Mexique), puis on parcourt des galeries et des volumes plutôt importants.

Mina del Edén

C’est toujours intéressant de visiter une mine, mais quand ni la guide ni le visiteur ne sont polyglottes, c’est un peu compliqué de comprendre toutes les explications historiques. Renseignements pris, les mines d’argents de Zacatecas étaient parmi les plus anciennes et les plus riches de tout le Mexique. Pendant la période coloniale, la main d’oeuvre était servile et la mortalité y était très élevée. L’extraction a continué jusque dans les années 1960.
A la fin de la visite, on emprunte un ascenseur pour sortir de la mine par une autre sortie plus haute que la première.

De ce point de vue, j’ai vu au loin un colossal train de marchandise de plusieurs dizaines de wagons de long qui traversait la ville à très faible vitesse. Pendant toute la journée, et il y a quelques minutes encore, j’ai entendu un klaxon que j’imagine émaner d’un convoi similaire. Je suppose donc qu’il y a encore des mines qui produisent dans le coin.

L’avantage de cette autre sortie est qu’elle est toute proche de la station de téléphérique, qui permet de rejoindre le Cerro de la Bufa, la montage qui domine la ville.
Hélas le téléphérique est fermé pour travaux pour une durée indéterminée. Donc pas de téléphérique, et pas de vue plus dominante sur la ville que celle-ci.

La cathédrale de Zacatecas

On y voit, à gauche, le monument principal de Zacatecas : la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. C’est un très bel exemple du baroque churrigueresque, ce baroque espagnol très riche en fioritures décoratives.

La cathédrale de Zacatecas

Le centre historique, classé au patrimoine de l’Unesco, est somme toute très petit. Il compte quelques bâtiments anciens comme le palais du gouverneur qui a lui aussi sa peinture murale historique.

La peinture murale historique du palais du gouverneur

Zacatecas possède beaucoup de musées d’art ou d’histoire sur une si petite surface, mais je n’en ai visité aucun faute de temps et de motivation.

Ce qui m’avait séduit dans Zacatecas hier soir, c’était en fait son ambiance lumineuse, mais je ne m’en suis rendu compte que ce soir. Dans les rues principales il n’y a quasiment pas de réverbères, pourtant les rues sont très bien éclairées, bien plus qu’à Mexico par exemple.

Zacatecas la nuit

Tous les bâtiments sont illuminés de bas en haut par des lampes installés sur le trottoir et sur les balcons. Cela donne une ambiance très chaleureuse.

Ce soir j’ai continué mes découvertes culinaires, avec un empapelados de arrachera.

Ce sont des lanières de boeuf cuites en papillote avec des légumes, du fromage et du piment. Beaucoup de piment. C’était bon, mais il y avait quand même beaucoup de piment.

Petite remarque en passant. Je soupçonne les Mexicains d’avoir une version bien à eux de la langue espagnole, surtout en matière de nourriture. La plupart des mots trouvés dans les cartes des restaurants sont introuvables dans mon dictionnaire, et j’en ai essayé plusieurs. Par exemple quand je demande « arrachera » à M. Google, il me répond « verbe arracher (1er groupe) à la troisième personne du singulier ». On n’est pas aidé…

Demain, une autre ville minière : San Luis Potosi.

La Quemada

Avant de visiter Zacatecas, j’ai pris la voiture, direction Guadalajara pendant une cinquantaine de kilomètres pour atteindre, vers 10h, le site archéologique de La Quemada. Il est au milieu de nulle part, à l’écart de la route.

La Quemada

Une chose est certaine : il s’agit d’une ville importante, située au sommet d’une colline et qui a été détruite par le feu vers 1200. C’est d’ailleurs ce que « quemada » signifie en espagnol. La ville a été occupée à partir de 300 ap JC et abandonnée après le grand incendie. Des érudits espagnols se sont intéressé au site dès 1615 mais les fouilles archéologiques sérieuses ont commencé dans les années 1980 et continuent aujourd’hui.

Quant à savoir de quelle ville il s’agit et quel peuple l’occupait, c’est une autre histoire. Les spécialistes ne manquent pas d’hypothèses : il pourrait s’agir de la légendaire Chicomostoc (ville d’origine des Mexicas), un site Caxcan, un centre Purépecha, un avant poste contre les envahisseurs Chichimeca, un comptoir Toltèque, une forteresse Teotihuacán (ça, je connais) ou encore un site complètement indépendant. En tout cas il confirme la richesse et la complexité de l’histoire pré-hispanique du Mexique.

Un peu en contrebas de la ville se trouve l’élément emblématique du site : la pyramide votive.

La pyramide votive

Avec sa dizaine de mètres, de haut, elle est moins imposante que celles de Teotihuacan ou du Templo Mayor, mais le principe est le même : il y avait un temple ou un autel à son sommet.

Autre élément impressionnant : la salle des colonnes.

Dans la salle des colonnes

Les 12 colonnes de 5 mètres de haut devaient soutenir un toit qui devait faire de cette salle de 41 par 32 mètres l’espace couvert le plus vaste de la Mésoamérique. Par contre son usage reste inconnu. Le chantier de fouille qui s’y tient en ce moment permettra peut-être d’en savoir plus.

Malheureusement le ciel était couvert ce matin, et la température ne dépassait pas 10°C. Mais avoir ce site spectaculaire et mystérieux pour moi tout seul, dans un silence presque complet (à peine un oiseau de temps en temps) et un air pur était une expérience fabuleuse.