La ville moderne d’Agrigente compte environ 60000 habitants.
L’antique Akragas a eu à son apogée une population d’environ 100000 habitants. Elle exerçait alors sa domination sur la moitié de la Sicile, y compris Sélinonte, et son rayonnement s’étendait bien au delà.
La ville fut fondée en 581 av JC par des colons venus de Rhodes et de Crète. En lutte contre Carthage, qui cherche à conquérir la Sicile, Akragas connaît un premier triomphe à la bataille d’Himère (480). Cette victoire écarte Carthage de l’île et assure à Akragas richesse et prospérité pour un temps. En 406, Carthage prend sa revanche, conquiert Akragas et la Sicile.
A l’issue de la deuxième guerre punique (218-203), Carthage sera mis définitivement hors jeu par Rome (Delenda Carthago) qui s’impose alors en Sicile, puis dans toute la Méditerannée.
Par chance pour le touriste moderne, ni Carthage ni Rome n’ont rasé l’Agrigente antique, et la ville moderne s’est développée à côté, donc il reste des tas de choses à voir. A part les temples, il y a aussi des pans entiers d’habitat. Peu mis en valeur, on les remarque à peine en circulant entre les temples et la ville.
L’attraction principale d’Agrigente est la vallée des temples. Le nom est bizarrement choisi car ce n’est pas une vallée, mais une crête naturelle le long de laquelle s’enchaînent les temples. La crête a été renforcée de murailles défensives. La ville était donc sous la protection à la fois de la muraille et des dieux.
Quand on arrive par le bas, on voit bien cette crête, et la ville derrière.

Les temples étaient visibles depuis la mer et le spectacle devait être saisissant pour les navigateurs. J’ai lu un article qui comparait même cet effet à celui produit par Manhattan au XXème siècle.
Par le passé, des érudits ont attribué des noms aux temples. La plupart de ces attributions se sont avérées erronées par la suite, mais les noms sont restés. Par exemple le temple de la Concorde a été nommé ainsi parce qu’on avait trouvé une inscription dans ce sens à proximité, mais rien ne dit que c’était effectivement le nom du temple pendant l’antiquité.
Le temple de la Concorde, continuons de l’appeler ainsi, est le mieux préservé du site. C’est parce qu’il a été recyclé en église chrétienne, ce qui a assuré son entretien plus longtemps.

Tous les temples d’Agrigente sont de style dorique mais les constructions se sont étalées sur plusieurs siècles et, par exemple, le temple d’Hercule est jugé plus archaïque d’après la forme de ses colonnes. Elles ont été relevées au XIXème siècles par un officier anglais féru d’archéologie.

Le temple de Zeus olympien était, c’est bien normal, le plus imposant de tous. Avec ses 56 par 113 mètres, c’était le plus grand de Sicile, et le deuxième en taille du monde grec derrière le temple d’Artémis à Ephèse.
Il n’en reste pas grand chose si ce n’est ses télamons. Ces figures masculines, pendant des cariatides, supportaient le toit du temple et se dressaient entre les colonnes. Il y avait 38 télamons à Akragas. Ils mesuraient 8 mètres de haut et les colonnes étaient deux fois plus hautes, ce qui donne une petite idée de l’immensité du temple. Celui que l’on voit ici est une reproduction.

L’original a été remonté verticalement au musée archéologique.

Le musée archéologique complète utilement la visite de la vallée des temples. Il expose des milliers d’objets trouvé à Akragas ou dans les environs, par exemple des vases peints, des figurines votives ou des éléments architecturaux Ces têtes de lion étaient les bouches d’évacuation des eaux de pluie des toits des temples. Ce sont les gargouilles grecques !

Hasard du calendrier, l’accès au musée et à la vallée étaient gratuits ce dimanche, et il y avait beaucoup de visiteurs locaux pour la promenade, en plus des touristes internationaux. Et c’est vrai que la visite était agréable sous le ciel bleu. Le soleil est enfin revenu, mais pas trop chaud (il y avait beaucoup de vent aussi) mais qui donne des couleurs quand même.
L’axe principal d’un bout à l’autre du parc fait environ 2 km et descend en pente douce du temple de Junon jusqu’au sanctuaire des divinités chthoniennes.

Les bus des voyages organisés déposent leurs clients à la première extrémité et les récupèrent à la seconde. Le voyageur individuel fait l’aller-retour à pied, mais il y a des diverticules pour varier les plaisirs et les points de vue.
On peut voir également des traces d’habitats, les murailles et des sépultures paléochrétiennes ainsi que des jardins, mais soyons clair : on vient ici pour les temples.
Agrigente faisait aussi partie de ma liste des sites à visiter de longue date, et je suis content d’avoir pu le visiter dans de si bonnes conditions.
D’autres photos dans mon album.