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Venise, dernier jour

La journée a commencé comme la précédente avait terminé : sous un déluge. J’ai attendu que ça se calme pour sortir, et il y a même eu un peu de soleil par la suite.

Aujourd’hui, pour le dernier jour, je suis allé dans le quartier de Castello, dans la queue du poisson qu’est Venise. Vous aviez remarqué que Venise ressemble à un poisson, n’est-ce-pas ?

Ce quartier est occupé en grande partie par l’Arsenal. C’est ici que s’est construite la puissance de la République de Venise. Aujourd’hui l’Arsenal est toujours occupé par la Marine italienne, donc le touriste ne peut voir que son entrée.

L'entrée de l'Arsenal

L’Arsenal a été créé en 1104 et a été constamment agrandi à travers les siècles. A son apogée, 16000 ouvriers y travaillaient pour construire et entretenir la flotte vénitienne. En employant des méthodes de travail à la chaîne, l’Arsenal est peut-être le premier site industriel de l’histoire.
Ville dans la ville, l’Arsenal est ceint d’un mur de 3 kilomètres de long. Ses entrepôts accueillent aujourd’hui la Biennale de Venise. En fait il y a plusieurs biennales en alternance : art, architecture, cinéma, danse, musique, théâtre. La prochaine, celle d’architecture, commence le 26 mai.

La République de Venise était à son apogée une puissance navale majeure en Méditerranée, il est donc logique que la ville ait un musée maritime. Hélas, celui-ci est en restructuration, et seul le Padiglione delle Navi (pavillon des navires) est ouvert.
Il expose quelques bateaux, dont la Scalè Reale.

Scalè Reale

Cette galère de parade a été construite sous la domination autrichienne, à la moitié du XIXème siècle. Elle servait pour les cérémonies officielles, mais pas le mariage avec la mer, puisque Napoléon l’avait déjà aboli.

J’ai ensuite poussé vers l’ouest, vers la queue du poisson, pour visiter l’église Saint-Pierre de Castello.

Le choeur de San Pietro di Castello

Cette imposante église, une de plus, était la cathédrale de Venise, jusqu’en 1807 quand, devinez, Napoléon fait transférer le siège de l’évêque à la basilique Saint-Marc. Avant cela, Saint-Marc n’était que la chapelle du Doge.
L’église est implantée sur une petite île, reliée par des ponts au reste de la ville. Cette île a été la première habitée de Venise, dès le VIème siècle.

Castello est moins dense que le centre de Venise, il y a même des parcs et des allées bordées d’arbres, c’est dire.

Viale Giuseppe Garibaldi

L’heure tourne et j’ai bateau puis un avion à prendre. Je suis donc retourné à l’hôtel pour récupérer la valise. Mais avant de quitter Venise, je me suis arrêté en chemin à San Zanipolo.
La basilica dei Santi Giovanni e Paolo, abrégé en San Zanipolo par les vénitiens, est la plus grande église de Venise.
Au fil du temps, elle est devenue la sépulture de la plupart des Doges.

Basilica dei Santi Giovanni e Paolo

Outre sa taille imposante, l’intérêt de cette église est donc sa collection de tombeaux fastueux. Et dans mon cas d’être à mi-chemin entre l’hôtel et l’embarcadère de la ligne bleue du vaporetto qui dessert l’aéroport.

J’y suis arrivé bien dans les temps, avec suffisamment de temps pour un dernier plat de pâtes.

Au décollage, l’avion m’a fait la bonne grâce de longer Venise du bon côté.

Voir Venise...

Pendant mes voyages, j’ai rarement eu la bonne vue à l’arrivée et au départ.
Je ne pouvais rêver meilleur conclusion pour un voyage qui s’est déroulé quasiment parfaitement.

L’arrivée à Paris s’est faite dans la grisaille et les embouteillages. Ce n’est que dans le bus qui m’a ramené à la maison que j’ai réalisé que je n’avais pas vu de voitures depuis 5 jours. Cela montre combien Venise est unique.

Venise, jour 5

Aujourd’hui c’était dimanche il a fait beau, contrairement aux précisions. Un orage a bien éclaté en début en soirée, mais j’étais rentré depuis longtemps.
Ce dimanche n’était pas comme les autres : ce matin se tenait une fête spécifique à Venise : la Sensa (Ascension dans le dialecte vénitien). Comme chaque année, depuis 1173, le Bucentaure, la galère d’apparat de la République de Venise vient chercher le Doge au môle voisin de son palais. Elle l’emporte vers l’Adriatique, au delà du Lido, accompagnée d’une flotille d’embarcations de toutes tailles. Symboliquement le Doge jette alors un anneau dans les flots pour célébrer le mariage de Venise avec la mer.

La Sensa

La cérémonie a été abolie par Napoléon (encore lui), mais elle a été recrée en 1965, le maire de Venise reprenant le rôle du Doge.
Par chance mon voyage coïncidait avec la Sensa cette année. Je l’ai appris après avoir fait mes réservations et je me réjouis de ma bonne fortune.
Ce n’est pas une fête folklorique pour touristes, il n’y avait aucune affiche en ville par exemple. Le rivage est tellement encombré d’obstacles visuels que j’ai eu du mal à trouver un bon point du vue. Finalement je me suis posté sur les embarcadères de vaporetti pour être aux premières loges. Je ne regrette pas de m’être levé tôt, c’était un spectacle magnifique.

Une fois que la flottille s’était éloignée, je suis allé visiter le Palais des Doges.

Le Palais était la résidence du Doge de Venise, c’est-à-dire de son chef, mais aussi le siège des pouvoirs et de l’administration de la République. Venise a toujours été une République et ses institutions ont été remarquablement stables pendant toute son existence. Le Doge avait certes un pouvoir important, mais ce n’était pas un monarque absolu. Il devait composer avec plusieurs assemblées : le Conseil des Dix, le Sénat, le Grand Conseil. Tous les postes étaient électifs, avec une part de hasard. En outre les mandats étaient courts, quelques années au plus, et parfois non renouvelables et non héréditaires. Tout le système était conçu pour éviter qu’une seule personne n’accapare trop de pouvoirs. Un Doge avait essayé de le faire, et il a été exécuté.
Seul le Doge était élu à vie, mais la plupart du temps ce sont des vieillards qui étaient élus dont les règnes n’étaient en général pas longs.
IL y avait donc beaucoup d’élections, mais ce n’était pas une démocratie pour autant : seuls les nobles étaient électeurs et éligibles. Et l’accession à la noblesse a été rendue progressivement plus difficile, et finalement impossible pendant les derniers temps. Une des institutions de Venise était précisément chargée de contrôler les mariages dans la noblesse pour vérifier qui était noble et qui ne l’était pas.

Le parcours de la visite concerne les salles institutionnelles, c’est à dire concrètement les salles des différents conseils. On passe successivement dans des salles de plus en plus grandes pour finir en apothéose dans la salle de tous les superlatifs, celle du Grand Conseil.

La salle du Grand Conseil

Elle pouvait recevoir largement les 600 membres du conseil. Et aujourd’hui elle peut recevoir sans peine les touristes de plusieurs bateaux de croisières.
Toutes ces salles sont richement décorées, notamment avec des tableaux de Véronèse et du Tintoret.
Les appartements du Doge sont très certainement aussi richement décorés, mais ils ne sont pas accessibles à la visite en ce moment.
La visite se termine par les prisons, auxquelles on accède par le pont des soupirs.

Après tant d’effort, il me fallait bien un plat traditionnel pour me remettre.

Spaghetti aux seiches avec encre

J’ai bien aimé, et sans faire de taches. Comme je portais un polo rouge, ça aurait bêta de faire des taches de sauce noire.

En début d’après midi je suis allé visiter l’académie des beaux-arts (Gallerie dell’Accademia).
La galerie a été créée par un décret de Napoléon en 1807, comme quoi il n’a pas que supprimé ou détruit des trucs à Venise. Le musée actuel occupe les bâtiments de l’ancienne Scuola de Santa Maria della Carità, bâtiments rendus disponibles par la dissolution des Scuole… suite à un décret de Napoléon.

Gallerie dell'Accademia

Le musée regorge de tableaux de différentes époques. Hélas il est en pleine restructuration et des tableaux parmi les plus connus ne sont pas visibles.
Décevant.

Pendant le reste de la journée, je me suis promené. Je suis tombé dans des ruelles que je connaissais déjà puis j’ai buté sur des canaux inconnus. Ou l’inverse. J’ai fini dans le quartier de Cannaregio que j’avais traversé rapidement pour prendre le vaporetto pour aller à Murano.

Ambulance

Le soir, j’ai échappé aux 90% des restaurants qui proposent tous quasiment la même carte (fritto misto, pasta, pizze).

Médaillon de porc roulé avec lard et artichaut (au milieu)
Gâteau au chocolat

C’était bon et pas trop cher (tout est relatif). Mais si j’avais cherché une ruelle plus loin, j’aurais trouvé plus cher mais plus élaboré.

Demain c’est le dernier jour, j’aurai le temps de voir quelques bricoles le matin. Par contre j’ai renoncé à étudier la météo.

Venise, jour 4

Il a encore fait beau toute la journée. Le température atteignait les 30°C au soleil, mais à Venise on est facilement à l’ombre.

Le matin j’avais rendez-vous à 10h à Ca’Foscari pour une visite guidée. Ca’ est l’abréviation de Casa, et Foscari est le nom d’une des grandes familles vénitienne, que nous avons d’ailleurs déjà croisée, avec la villa Foscari à Malcontenta.
En 1452, soit à peu près un siècle avant la villa, le Doge Francisco Foscari fait bâtir un des plus imposants palais de l’époque sur le Grand Canal. Il n’y habite que quelques jours avant de mourir, et le palais est récupéré par la ville, notamment pour accueillir des hôtes de marque. Ce sera le cas en 1574 d’Henri III de Valois sur le chemin du trône de France après avoir quitté celui de Pologne.
Le bâtiment est affecté en 1868 à l’Université de Venise qui en fait son siège.
Il ne reste plus rien d’ancien à l’intérieur du palais. La visite était surtout intéressante pour le commentaire de la guide, vénitienne pur souche, et pour la discussion qui a suivi.
Ca’Foscari est situé dans un virage du canal, à l’endroit où il est le plus large, et la vue sur le Grand Canal depuis le deuxième étage était un autre intérêt de la visite.

Activité sur le Grand Canal

Ca’Rezzonico est juste à côté de Ca’Foscari. Vous avez compris, c’était le palais de la famille Rezzonico. Aujourd’hui c’est un musée consacré à la Venise au XVIIIème siècle. Outre l’inévitable salle de bal, le palais est doté d’un portego, salon traversant faisant la liaison entre le canal et l’arrière du palais, où se trouve la salle de bal, justement.

Le portego de Ca'Rezzonico

Le décor de certaines pièces est d’origine. D’autres proviennent d’autres palais et ont été rassemblés là pour être préservés.
Le dernier étage est une pinacothèque, où se trouvent notamment les deux seuls tableaux de Canaletto visibles dans des collections publiques à Venise. Canaletto s’était fait comme spécialité des vues hyper détaillées de Venise.

Grand Canal vers Rialto

Ce tableau est un des premiers qu’il a peint et il représente exactement la même vue, cadrée un peu plus large, que j’ai eu ce matin depuis Ca’Foscari.
Après en avoir vu quelques uns à Paris, Londres, Madrid ou Dresde, j’aurais bien aimé en voir plus ici.

Ensuite j’ai tourné dans le quartier San Polo, principalement d’une église à l’autre. Il fait frais et on peut s’assoir dans les églises, choses pas possible partout dans Venise.
L’église la plus impressionnante du jour est la Basilica Santa Maria Gloriosa dei Frari, ou I Frari pour faire court (la langue italienne aime les raccourcis).

Basilica dei Frari

A l’intérieur se trouve quantité de monuments, dont le tombeau du Titien.

Juste à côté se trouve la Scuola Grande di San Rocco.
A Venise, les Scuole (pluriel de Sculoa, « écoles ») sont des confréries réunies sous l’égide d’un saint patron. Leurs membres sont laïcs et issus de la bourgeoisie. Le pouvoir politique étant réservé à la noblesse, les Scuole permettaient à leurs membres d’avoir un rôle très important, et prestigieux, dans la vie religieuse et l’assistance caritative. Il existait plusieurs types de Scuole : celles liées à une corporation, celles rassemblant des membres d’une communauté étrangère (Venise a toujours été une ville cosmopolite) et celles de dévotion. A partir de 1467, ces dernières deviennent officiellement des Scuole Grande.
Les Scuole ont presque toutes été supprimées par décret par Napoléon en 1806. Certaines ont été recrées plus tard et jouent toujours un rôle de bienfaisance.
La plus prestigieuse, la plus riche, et qui avait échappé au décret Napoléonien est la Scuola Grande di San Rocco (Saint-Roque) et son siège est ouvert à la visite.

Scuola Grande di San Rocco

C’est une salle immense et richement décorée, principalement par des tableaux du Tintoret, peintre vénitien du XVIème siècle.
Auparavant j’étais passé par la Scuola Grande San Giovanni Evangelista, moins grande mais quand même importante.

Venise est un entrelacs de ruelles et on ne soupçonne pas les volumes gigantesques que peuvent receler certains pâtés de maisons.

Le soir, j’ai enfin pu déguster un plat typiquement vénitien.

Fritto Misto

C’est tout simplement un assortiment de fruits de mer (poissons, calmars, crevettes) et de légumes frits, et c’est très bon.
Une crème brûlée très classique a suivi.

Pour demain la météo prévoit un risque élevé de pluie.
C’est fâcheux.
J’avais bien prévu des visites en intérieur, dont le Palais des Doges et l’Accademia, mais demain c’est aussi le jour de la Sensa. Et ça c’est en plein air.

Venise, jour 3

Encore une belle et grande journée au soleil à Venise.

J’ai commencé par visiter le musée Correr, sur la place Saint-Marc. Il occupe des anciens bureaux de la République de Venise. Quand Napoléon a mis fin à la République en 1797 puis a intégré Venise au royaum d’Italie, il les a fait réaménager en palais impérial. Puis les Autrichiens ont récupéré Venise en 1815 pour en faire leur vice-royaume d’Italie et ont poursuivi les réaménagement en palais royal.
Comme de juste, la salle la plus spectaculaire est la salle de bal.

La salle de bal du palais impérial

On visite aussi les appartements d’Elisabeth (Sisi pour les intimes) qui y a passé plusieurs mois en deux séjours, loin de Vienne et de son Franz.
Le parcours de la visite comprend également des collections archéologiques et la bibliothèque Marciana, spectaculaire elle aussi.

Biblioteca Nazionale Marciana

Tant que j’étais sur la place Saint-Marc, j’ai enchaîné avec la basilique du même nom. Les mosaïques sont illuminées de 11h30 à 12h45 et justement c’était l’heure. Enfin en comptant le temps de queue, je suis passé juste. La visite est gratuite, mais il est possible d’acheter un billet avec un créneau horaire avec une fenêtre de 10 minutes. Un peu étroit pour organiser sa journée à mon goût.
La basilique est incroyable, entièrement couverte de mosaïques dorées byzantines. Je n’avais rien vu tel depuis Istanbul (Constantinople en fait). Ou Torcello hier. Il ne me reste plus qu’à aller à Ravenne.
Hélas, comme à Notre-Dame de Paris, c’est l’usine.

Ensuite j’ai pris le vaporetto 2 pour aller sur l’île de San Giorgio, juste en face de la place Saint-Marc. La principale attraction de l’île est l’église San Giorgio Maggiore, et surtout son campanile doté d’un ascenseur et de la meilleur vue sur Venise.

La place Saint-Marc depuis San Giorgio Maggiore

San Giorgio étant au sud de Venise, le soleil est toujours du bon côté, mais en début d’après-midi, c’était encore meilleur.
Le vaporetto 2 passe toutes les 12 minutes, donc on ne perd jamais beaucoup de temps à l’attendre, ce qui est est heureux car c’est le seul moyen de rejoindre et de quitter San Giorgio. Je l’ai donc repris pour marcher un peu sur l’île de la Guidecca, puis revenir à Venise, en débarquant au pied de Santa Maria del Rosario.

Santa Maria del Rosario

Cette partie de Venise est le quartier de Dorsoduro, au sud du Grand Canal, qui offre plusieurs musée, dont l’Accademia (où j’irai demain normalement) et la Collezione Peggy Guggenheim.

La salle des Jackson Pollock à la collection Peggy Guggenheim

J’ai vu beaucoup de musées d’art moderne, mais celui-ci est différent. C’est la collection personnelle de Peggy Guggenheim, femme hors norme (biographie en BD, les boucles d’oreilles mentionnées dans la BD sont exposées ici) et collectionneuse de choc. On parcourt un éventail de tout l’art des années 1930 à 1960 mis en scène dans un appartement. On est loin des colossaux Pompidou ou Tate Modern, et c’est très agréable.

La fin de l’après-midi approche. Un dernier coup de vaporetto 1 pour traverser le Grand Canal et je rentre à l’hôtel me rafraîchir un peu, poser le sac à dos et me changer. Ce soir je vais voir la Traviata de Verdi, à la Fenice.
La Fenice est un des théâtres les plus prestigieux du monde. Comme nous sommes à Venise, le bâtiment est coincé entre deux canaux et une petite place, mais à l’intérieur, quel écrin !

La Fenice

Je suis dans une loge au 3ème balcon (sur 6), à côté de la loge royale, donc quasiment en face de la scène. La loge a quatre places et je suis au second rang, sur un tabouret. Comme à la Scala de Milan j’ai passé deux heures enfermé avec de parfaits inconnus. En l’occurence un couple de retraités allemands et un jeune italien qui applaudissait très fort.
L’histoire est tragique au possible (spoiler : à la fin elle meurt), mais le spectacle était formidable. On ne voit pas ça tous les jours.

Demain, je passerai la journée dans le quartier San Polo, au centre de Venise sur la rive gauche du Canal. Il y aura des palais et des églises.

Venise, jour 2

Aujourd’hui comme prévu je vais d’exploiter mon forfait vaporetto deux jours en allant sur quelques îles de la lagune au nord de Venise : Murano, Burano et Tercello.
Surprise en sortant de l’hôtel : il pleut. Ce ne sont que quelques gouttes, et continue comme si ça ne devait pas durer, le parapluie est resté à l’hôtel. Je me dirige donc vers l’embarcadère. Une fois arrivé c’est une vraie averse qui me tombe dessus. J’hésite, je consulte les oracles météorologiques (sauf celui qui n’avait pas prévu cette pluie, ni celle de Vicence d’ailleurs). La pluie devrait cesser dans l’heure. Finalement je décide d’aller à Murano en premier, en espérant que le soleil sera de retour quand je sortirai du musée du verre.

Le musée du verre de Murano

Car le verre est la spécialité de Murano depuis le décret de 1201 imposant à tous les verriers de déménager à Murano. Les incendies provoqués par les fours étaient trop fréquents et dangereux pour Venise.
Aujourd’hui quasiment toutes les boutiques de Murano, et elles sont nombreuses, vendent des objets en verre : surtout des bijoux, mais aussi des bibelots, et même, mais c’est plus rare, des verres pour boire. Normalement tout est produit sur place, des ateliers peuvent également être visités. Il y a un grand choix, entre les babioles à deux sous et des grosses pièces dont le prix n’est même pas indiqué.

Murano n’est qu’à quelques minutes de Venise. Depuis Murano le vaporetto met une grosse demi-heure pour rejoindre Torcello. Le bateau était bondé de touristes, la plupart continuant jusque Burano, et j’ai fait le trajet debout. Pas agréable.

Torcello

Torcello est aujourd’hui une île quasiment sans habitant mais ce serait la première île habitée de toute la lagune, et elle a compté quelques milliers d’habitants à son apogée. On s’y rend aujourd’hui pour goûter au calme de rues non surpeuplées (il n’y a même pas de rues), mais surtout pour son église Santa Maria Assunta. Fondée en 639, c’est la plus ancienne église de Venise. Elle est dotée de remarquables mosaïques du XIIème siècle d’inspiration byzantine, mais ça ne rend pas sur les photos (qui sont interdites). On peut monter au clocher pour jouir d’une belle vue sur la lagune et sur Burano, toute proche.

Burano

Burano, à quelques minutes de bateau de Torcello, est un village dont la spécialité est la dentelle. Donc comme à Murano, les boutiques vendent de la dentelle, mais c’est moins mono-maniaque que le verre à Murano. Par contre je n’ai pas visité le musée de la dentelle : il ne pleuvait pas et je ne voulais pas rater le vaporetto suivant pour revenir vers Venise (il y en a qu’un par heure). Re-bateau bondé, re-voyage debut jusque Murano, où j’ai changé pour une autre ligne, moins fréquentée, pour aller dans le quartier de la gare, dans l’idée de me rendre au musée d’histoire naturelle.

Musée d'histoire naturelle

Ayant mal lu les horaires je suis arrivé 30 minutes avant la fermeture, au lieu de 90. J’a quand même visité le musée au pas de charge, de toute façon c’était surtout le bâtiment qui m’intéressait, et les salles les plus anciennes conservées dans leur jus. L’exposition m’a semblé moderne et bien faite, mais rien de très spécifiquement vénitien.

Ensuite je me suis un promené dans le quartier. Leçon du jour : pas facile d’atteindre un objectif précis du premier coup. Des rues sont des culs-de-sac ou butent sur un canal. Les ruelles ne sont pas très visibles sur les plans et le GPS se perd facielement. Et comme de toute façon je n’avais presque plus de batterie, j’ai navigué à l’ancienne).
J’ai fini par changer de rive, d’un coup de vaporetto (ligne 1), pour arriver au Ghetto.

Campo di Ghetto Nuovo

Le Ghetto a été créé par un décret de 1516 imposant aux juifs de résider dans un quartier délimité dont les portes seraient fermées la nuit.
Aujourd’hui c’est une très grand place, comme il y en a plusieurs dans Venise, mais bordée d’immeubles très hauts, jusque 8 étages (mais les appartements sont bas de plafond). C’est parce que la population juive augmentant mais pas l’espace où ils étaient autorisés à résider, il a fallu construire en hauteur pour loger toute le monde.
Comme sur toutes les grandes places de Venise (sauf la place Saint Marc), il y a des arbres, des bancs et des enfants qui jouent au ballon ou font du vélo. Chacune de ces places est un petit village.

Il n’était pas très tard, mais un restaurant a attiré mon attention sur la place, donc j’ai dîné sur le champ.

Jarret d’agneau dans une sauce à la fraise avec tomates confites et copeaux de chocolat
Chessecake avec nappage à la fraise, et un peu de pistache

Le jarret était fabuleux. Dommage qu’il ne soit pas accompagné de riz ou pourquoi pas de pâtes pour finir la sauce. Quoique le pain était très bon aussi.

Pour rentrer, j’ai encore descendu le Grand Canal, mais cette fois de jour.

Grand Canal

Enfin la lumière était limite sur la fin. Si j’avais un peu moins traîné au restaurant et attrapé un ou deux vaporetto plus tôt, j’aurais eu les derniers rayons de soleil sur les palais du Grand Canal.
Très souvent, et surtout le long du Grand Canal, il n’y a pas de quai à Venise. Les rues traversent les canaux, par des ponts en escalier (ça fait de l’exercice), mais les longent rarement. Cela veut dire que prendre le bateau est le seul moyen de voir tous les palais qui bordent le Grand Canal.

Demain, je profiterai encore de mon forfait vaporetto, notamment pour aller sur l’île de la Giudecca.
Mais le soir je vais au spectacle. A la Fenice.
Je ne sais pas encore comment je vais m’habiller…

De Vicence à Venise

Avant de quitter définitivement Vicence je suis allé visiter la villa Rotonda.

La villa Rotonda

La villa Rotonda est certainement la plus connue des créations de Palladio. C’est une petite résidence à la campagne, mais décorée comme un palais. D’ailleurs Palladio lui même considérait que la Rotonda était un palazzo, pas une villa.

Après cette visite, je n’avais plus qu’à prendre la route de Venise. En chemin, je me suis arrêté dans deux cités ceintes de mur, comme ça en passant : Citadella et Castelfranco. Ces arrêts n’étaient pas indispensables mais ne m’ont pas fait faire de détour non plus. Mais comme j’étais impatient de voir Venise, je ne me suis pas attardé.
Une fois la voiture rendue à l’aéroport, j’ai emprunté tambour battant le moyen le plus classe de rejoindre le centre-ville : le vaporetto. Enfin il y encore plus classe, c’est le bateau taxi, mais ce n’est pas le même prix non plus.

Le vaporetto quitte l'aéroport à toute vapeur.

Le bateau m’a déposé au pied du pont du Rialto après avoir remonté une partie du Grand Canal. Ensuite le plus rigolo : trouver l’hôtel à travers ruelles et ponts, en tirant la valise et en se frayant un chemin à travers la foule.
L’hôtel n’est pas loin de la place Saint-Marc, où je me suis rendu en premier.

La basilique Saint-Marc

Il était trop tard pour visiter la basilique ou le palais des Doges, mais j’ai tout mon temps.
J’ai repris un vaporetto pour remonter tout le Grand Canal jusqu’à la gare. Première leçon : le vaporetto n’est pas un bateau mouche, mais un moyen de transport public. Donc ce n’est pas évident d’être bien placé pour jouir du paysage. Deuxième leçon : la ligne 1 s’arrête partout, en changeant de rive à chaque arrêt. Et le trajet est très long. La ligne 2 s’arrête moins souvent.

Le soir venu, j’ai dîné d’une entrecôte moyenne dans le quartier de la gare, avant de revenir à la place Saint-Marc une fois la nuit tombée.

La basilique Saint-Marc


Le soir aussi c’est très compliqué de bien profiter du paysage, mais comme très peu de bâtiments sont illuminés, on ne perd pas grand chose.

Il a fait beau toute la journée, mais dans Venise la chaleur est moins intense : il y a toujours du vent ou de l’ombre. Ou les deux.

Ces quelques heures m’ont donné quelques repères sur Venise. Et j’ai compris aussi qu’il sera compliqué de bien manger à prix raisonnable.

Les choses sérieuses commencent demain : direction Murano, Burano et Torcello.
Les prochains jours vont être denses, et je n’écrirai peut-être pas tous les jours. Mais j’essaierai d’ajouter des nouvelles photos à mon album chaque jour.

Vicence

Vicence est une ville de 100 000 habitants environ, capitale italienne de l’orfèvrerie. A la Renaissance, la ville était riche grâce à la production et au commerce de la soie. Son enfant le plus illustre est l’architecte Andrea Palladio et on ne peut pas faire un pas dans la ville sans tomber sur une de ses créations.

Le patrimoine architectural de Palladio dans Vicence a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et les villas palladiennes de la région font l’objet d’une autre inscription. A ce compte, il n’est pas étonnant que l’Italie est le pays qui compte le plus de sites classés dans le monde.

La dernière oeuvre de Palladio, dessinée en 1580 juste avant sa mort, est le Théâtre Olympique (Teatro Olimpico) et c’est la première que j’ai visitée ce matin.

Teatro Olimpico, Vinceza

L’académie olympique (les Olimpici) était une association de notables de la ville versés dans la culture (nous sommes en pleine Renaissance). Ils décident de bâtir un théâtre permanent et couvert, une première mondiale à l’époque. Bien sûr les plans sont confiés à Palladio, par ailleurs membre des Olimpici. Un peu comme Viollet-le-Duc par rapport au Moyen-Âge, Palladio se documente sur les théâtres grecs et romains de l’Antiquité pour en créer un modèle idéal.
Le théâtre que l’on visite aujourd’hui n’a pas bougé depuis la représentation inaugurale de 1585. Un spectaculaire décor en perspective avait été conçu spécialement et n’a jamais été démonté, sauf pendant la 2ème guerre mondiale pour le préserver des bombardements.
On visite le lieu comme une capsule temporelle, une tablette multimédia à la main. Elle diffuse les sous-titres des commentaires audio, mais aussi une vidéo des coulisses inaccessibles au public. C’est pas mal, mais ça occupe les mains. Gênant pour prendre des photos ! (mais on se débrouille).

Outre le Teatro Olimpico, plusieurs musées sont proposés au visiteur avec une carte unique vite rentabilisée. Le plus spectaculaire à mon avis est la Gallerie d’Italia dans le Palazzo Leoni Montanari. La décoration est peut-être un peu chargée, mais au moins il ne force pas trop sur les dorures.

Plafond du Palazzao Leoni Montanari

Après tant de jolies choses (allez voir d’autres photos) il est tant de se restaurer.
Pour une fois ce n’était pas un panino comme les jours précédent. Soit dit en passant les panini d’ici sont bien meilleurs et variés que ce qu’on appelle panini en France.

Bigoli carbonara aux pousses de houblons

Les bigoli sont une sorte de gros spaghetti de la région, et c’est du vrai carbonara : pas de crème mais jaune d’oeuf et lardons. Beaucoup d’oeuf et beaucoup de lardons. Parfait.

Une fois rassasié, je suis allé visiter le musée Palladio, bien sûr installé dans un de ses palais, un parmi tous ceux du centre-ville.

Palladio Museum

Comme il se doit il est riche en maquettes et en entretiens d’architectes en vidéo, mais je suis resté un peu sur ma faim. J’aurais aimé en découvrir un peu plus sur l’homme, son oeuvre et sa postérité.

J’en suis sorti vers 14h. A cette heure-là il faisait chaud, et tout ce qui me restait au programme était fermé jusque 17h. Je suis donc rentré à la chambre me mettre au frais, et peaufiner mon programme pour Venise. Oui, parce que j’y vais demain, le temps passe vite.
Ça n’empêche pas de profiter du soleil en route.

Ponte San Michele

Soleil qui n’a pas duré puisque, je ne l’ai pas vu venir, il s’est mis à pleuvoir vers 16h30. C’est moins agréable pour l’ambiance et les photos. Pire, ça m’a fait passer l’envie de la glace du jour. J’avais pourtant repéré la gelateria et les parfums à l’époque où il faisait encore beau, mais je trouvais que c’était trop tôt. Quelle erreur…

Il me restait donc la cathédrale et la Basilica Palladiana.

Basilica Palladiana après la pluie

C’est comme le Palazzo della Ragione à Padoue : des boutiques au rez-de-chaussée et un immense volume au premier étage. Mais ici c’est (évidemment) l’oeuvre de Palladio et c’est un espace d’expositions temporaires. Malheureusement en ce moment on est entre deux expositions et la salle n’était pas visitable. Je suis bien monté à la galerie, mais les vues sur la ville étaient un peu tristes sous la pluie.

Je me suis consolé d’une pizza et d’une mousse au chocolat, le plat et le dessert que j’avais repérés hier ayant mystérieusement disparu de la carte du restaurant choisi.

PIzza mozzareila asperges jambon (pas de tomate)
Mousse au chocolat et fruits rouges

La pizza était bonne, mais pas la mousse au chocolat. J’espérais qu’en Italie elle serait meilleure, perdu.

La journée s’est un peu terminée en eau de boudin, mais jusque là le séjour s’était déroulé plutôt bien.
Ça ira mieux demain.

De Padoue à Vicence

Vicece (Vicenza) n’est qu’à une trentaine de kilomètres de Padoue (Padova). Aussi ai-je fait quelques détours.

Je suis d’abord allé à Montagnana.

Les murailles de Montagnana

La ville a gardé quasiment intact son mur d’enceinte médiéval, avec ses grandes tours régulièrement espacées. Les deux principales portes sont de véritables châteaux forts, et sont d’ailleurs nommées comme tels. Ainsi la Rocca degli Alberi est la porte nord de la ville.

Rocca degli Alberi

J’ai été bien content de faire ce détour pour découvrir ce bel exemple de fortification médiévale. Le soleil est déjà beau et commence à taper.

Comme son nom ne l’indique pas, Montagnana est en plaine. D’ailleurs je n’ai pas vu de relief depuis Venise. Mais au loin, vers le nord, je devine des montagnes. C’est par là que je poursuis ma promenade, vers Soave.
La ville de Soave est à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Vicece, à mi-chemin de Vérone (où je n’irai pas, pas cette année).
A Soave, le relief est plus prononcé, c’est le tout début des Dolomites qu’on devine au loin. Comme Montagnana, la ville est ceinte de remparts, par contre elle est surplombée par un beau château.

Le château de Soave

Hélas il est fermé aujourd’hui lundi. Le jour de fermeture hebdomadaire n’était pas mentionné sur le site internet de la ville. C’est fâcheux mais pas si surprenant, je m’étais déjà fait avoir à Lucera, dans les Pouilles.
A posteriori je me suis rendu compte que Monsieur Google indique bien que le château est fermé tous les lundi. Il est trop fort, il faudrait le consulter plus souvent.
Soave est aussi une appellation de vin blanc et la ville est entourée de vignes.

Les vignes de Soave

C’est le début de l’après-midi, il fait très chaud et tout est fermé jusqu’à 15 heures, sauf une gelateria. Le temps de finir ma glace quotidienne et je pars pour Vicece plus tôt que prévu.

Vincence (Vincenza)

Je suis arrivé à l’hôtel et j’ai pris quelque repos avant de faire un petit tour en ville.
Comme Padoue, Vincence était dans la sphère d’influence de Venise, ce qui se devine sans peine en voyant son emblème sur la place principale.

Piazzi dei Signori

J’ai trouvé deux restaurants avec une carte un peu originale. Ça tombe bien je reste ici deux nuits.

Gnocchi avec amandes et réglisse sur velouté de petits pois
Médaillons de porc sur compotée d’oignons rouges et de figues

C’était très bon, mais ça ne laisse pas de place pour un dessert.

Vicece est la ville de Palladio, mais nous verrons cela demain.

Padoue

Padoue est une grande et très ancienne ville d’Italie. La cité existait déjà avant que Rome prenne sont envol. Elle est le siège d’une des plus anciennes universités d’Italie, fondée en 1222, qui a connu, comme professeur ou élève, Vésale, Copernic ou Galilée. La ville compte plusieurs musées universitaires, mais ce n’est pas le thème que j’ai suivi aujourd’hui.

Le monument le plus réputé de Padoue est la chapelle des Scrovegni. Son architecture est modeste, mais sa décoration est somptueuse.

La chapelle des Scrovegni

Les fresques ont été conçues par Giotto dans les années 1303-1305. Elles représentent des scènes de la vie de Jésus et de Marie, mais aussi du commanditaire : Enrico Scrovegni, riche banquier padouan. Les peintures sont saisissantes de finesse et de réalisme.
La visite est compliquée : les places sont limitées et vaut réserver à l’avance (3 mois dans mon cas). On commence par une vidéo explicative de 15 minutes et on a droit à 15 minutes dans la chapelle, pas une de plus.

Moins connu mais méritant tout autant le voyage est le Palazzo della Ragione (Palais de la Raison).

Dans le Palazzo della Ragione (Palais de la Raison)

Il a été construit en 1218 par la ville qui venait d’acquérir le statut de commune libre. Il lui fallait donc construire un édifice imposant destiné à devenir le siège de l’administration et des tribunaux de la ville. Et accessoirement à impressionner les cités rivales ou les visiteurs.
Le rez-de-chaussée est un marché couvert mais le morceau de bravoure est le Salone, la grande salle à l’étage.
Selon les brochures de l’office de tourisme c’est la plus grande salle suspendue du monde : 81 mètres de long, 27 de large et 27 sous plafond. (Je note que ce sont des puissances de 3, mais comme à l’époque le mètre n’existait pas, ce doit être une coïncidence). Quoi qu’il en soit l’impression de volume est spectaculaire.
Les murs sont décorés de 333 panneaux de fresques (hum, encore des 3) représentant des métiers ou des thèmes astrologiques. Les fresques originales étaient attribuées à Giotto, mais elles ont disparu dans un incendie.

Non loin de là se trouve le Duomo, la cathédrale de Padoue. Comme la plupart des églises en Italie, son aspect extérieur est quelconque. Mais à la différence de la plupart des églises en Italie son intérieur est d’une sobriété presque luthérienne.

La cathédrale de Padoue

Mais la grande église de Padoue est la basilique Saint-Antoine.

Basilica di Sant'Antonio de Padova

Saint-Antoine de Padoue est un des plus grands saints de l’Eglise catholique et le protecteur de la ville. Il est originaire du Portugal, mais c’est ici que sont conservées ses reliques. La foule des visiteurs était assez impressionnante. La dévotion est réelle, et dûment accompagnée par les prêtres… et les marchands du temple.

A deux pas de la basilique se trouve la dernière curiosité de Padoue que j’ai visitée aujourd’hui : le Prato della Valle.

Prato della Valle

C’est une très grande place (la deuxième d’Europe par sa superficie, toujours selon l’office du tourisme), dont la partie centrale est un grand parc de forme ovale entouré d’un canal.
C’est plutôt pittoresque et suffisamment ombragé pour déguster la glace quotidienne, un petit plaisir italien qu’il ne faut pas négliger.

Il a fait très chaud aujourd’hui, et j’ai bien apprécié les arcades dont beaucoup de rues de Padoue sont dotées.

Le soir j’ai fuit les restaurants à touristes et me suis réfugié dans une petite trattoria un peu à l’écart. C’était simple mais bon.

Pappardelle aux asperges
Poulet au safran

Demain, direction Vicenze, mais pas en ligne droite.

De Venise à Padoue

La Brenta est aujourd’hui un paisible canal qui relie, grosso-modo, Venise à Padoue. Importante artère commerciale à l’époque de l’apogée de la République de Venise, il est aujourd’hui emprunté par des bateaux de touristes en excursion.
Les riches familles vénitiennes aimaient se faire construire d’imposantes villas le long de ce canal, pour avoir un pied à terre loin de l’agitation de la Sérénissime, mais aussi au milieu des domaines agricoles, sources de richesses.
J’ai suivi ce canal depuis Malcontenta, où j’ai passé la nuit dernière, jusque Padoue. Chemin faisant j’ai vu un certain nombre de ces villas, mais on ne peut pas s’arrêter partout et j’en ai visité deux parmi les plus célèbres : les villas Foscari et Pisani.

La villa Foscari, à Malcontenta, a été commandée par la famille Foscari à l’architecte Palladio dans les années 1570.

Villa Foscari

Palladio était l’architecte à la mode et plusieurs villas de la région sont de son oeuvre. Dans les traités d’architecture on les appelle les villas palladiennes.
On ne visite que le premier étage de la villa Foscari, l’étage noble (« Piano nobile »). Ses murs et plafonds sont entièrement couverts de fresques qui représentent des scènes de la mythologie antique ou des Métamorphoses d’Ovide. Des détails architecturaux en trompe-l’oeil rehaussent l’ensemble.

Dans la villa Foscari

La villa Foscari est de taille assez modeste mais sa décoration est fantastique et mérite la visite, mais il fait bien calculer son coup (comme moi) : elle n’est ouverte au public que les mardis et samedis matin.

Après la ville Foscari, je suis retourné vers Venise et plus précisément Marghera, sur la terre ferme mais au plus proche de la ville. Un fort y a été bâti au XIXème siècle pour protéger la ville d’une éventuelle attaque par la terre.
Aujourd’hui très peu des bastions d’origine sont encore visibles, hélas, et le fort héberge quantité d’associations culturelles ou de protection de la nature. Les amis des chats y sont particulièrement actifs et les matous sont peinards dans leurs petites maisons individuelles avec des montagnes de croquettes à volonté.

Le village des chats

Après cette courte digression félino-bastionnée, j’ai rejoint le cours de la Brenta jusqu’à la villa Pisani, qui dispose de son embarcadère comme toute maison sérieuse dans le secteur.

Villa Pisani

Par rapport à la villa Foscari, on change d’échelle et d’époque. Pas de Palladio ici puisque la construction date du début du XVIIIème siècle. La famille Pisani était puissante et la villa a été construite à son apogée, quand l’un de ses membres a été nommé doge en 1735. La situation financière de la Famille s’est par la suite dégradée, jusqu’en 1807 où le palais a été vendu à Napoléon 1er. Il y a peu séjourné avant de le céder à Eugène de Beauharnais, fils de Joséphine, fait vice-roi d’Italie et prince de Venise.
Une partie des salles sont donc décorées dans un style Empire.

Le salon des dames

Pour le même prix qu’à la villa Foscari (10€) on visite un palais royal agrémenté d’un important parc.

Villa Pisani

La pièce maîtresse et centrale du palais est son immense salle de bal.

La salle de bal

Le plafond propose une gigantesque fresque qui met en scène le doge Pisani, intercesseur entre l’Italie et l’Europe. Le plafond semble être en relief mais ici aussi ce n’est qu’un trompe-l’oeil.
La visite s’imposait !

Je suis arrivé à Padoue vers 18h.

Après la banale pizza d’hier soir (quand on arrive à 22h on ne fait pas le difficile), je me suis bien rattrapé ce soir.

Sardines avec compotée d’oignons, raisins secs et pignons
Salade de poulpes et pommes de terre
Tarte poire-chocolat

Je reste ici deux nuits, donc demain je visite Padoue.