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Guadalajara

Après un samedi pluvieux, mais festif, dimanche a été bien plus ensoleillé. J’en ai profité pour découvrir un peu Guadalajara. Guadalajara est une grande ville, la deuxième du pays, et je me suis contenté du centre historique, entre la cathédrale et l’hospice Cabañas.

Hospicio Cabañas

Cela fait une agréable promenade entièrement piétonne et très animée, comme toujours au Mexique.
La cathédrale est vaste, mais malheureusement je n’ai pas eu l’occasion d’en visiter l’intérieur : à chaque fois que j’y suis passé, il y avait un office en cour, y compris lundi matin vers 8h30.
La cathédrale occupe tout un pâté de maison, qui est bordé de quatre places. Cela permet, chose rare, d’avoir des vues dégagées sur ses quatre façades.

La cathédrale de Guadalajara côté Plaza Guadalajara

L’autre monument important de Guadalajara est le palais du gouverneur. Ici aussi une peinture murale orne son escalier d’honneur.

Miguel Hidalgo y Costilla

Celle-ci est à la gloire de Miguel de Hidalgo y Castilla, prêtre et leader de la révolution de 1810. Il est surtout connu pour avoir aboli l’esclavage.

Lundi matin, j’ai refait un tour rapide en ville avant d’aller à l’aéroport pour prendre l’avion de Mexico. Tous les vols étaient perturbés pour raisons climatiques, mais j’avais suffisamment de marge  pour ne pas être impacté.

Je rédige ces quelques lignes depuis la salle d’embarquement de l’aéroport de Mexico d’où mon vol pour Paris devrait partir dans 1h30. J’ai suffisamment de lecture (et de batterie) pour tenir jusque là. Par contre je n’ai plus que quelques pesos en poche, je n’en ramène pas beaucoup en souvenir.

C’était un très beau voyage, très dépaysant.
Tout s’est déroulé sans anicroche, mais j’appréhende le retour dans la froidure parisienne.

L’arrivée à Guadalajara

Ce matin je suis parti assez tôt de Guanajuato, en direction de l’aéroport del Bajio (Leon-Guanajuato), qui n’est pas très loin.
La route passe au pied du Cerro del Cubilete, une montagne de 2700 mètres de haut qui serait à peu près le centre géographique du Mexique.

Cristo Rey del Cubilete

A son sommet trône une statue du Christ Roi qui mesure 23 mètres de haut. Sa construction, en 1944, marque le reflux de l’anti-catholicisme officiel de l’Etat fédéral.
Finalement je ne suis pas allé à son sommet. J’ai préféré hâter mon arrivée à Guadalajara.

Une fois la voiture rendue, j’ai pris un Taxi pour la gare routière de Leon où je suis arrivé juste à temps pour prendre le bus de 11h30 pour Guadalajara. C’est bien plus tôt que le 16h45 que j’avais réservé, mais on peut changer sur place et il y en a un par heure.
Le Mexique n’a pas de chemin de fer pour passagers mais un très dense réseau de bus. Celui que j’ai pris était très confortable : des sièges inclinables avec écrans individuels comme dans les avions (musique, films), boisson et sandwich fournis. De quoi faire les trois heures de trajet jusqu’à Guadalajara dans les meilleures conditions.
Hélas la gare routière de Guadalajara étant assez excentrée, et il a fallu encore 3/4 d’heures de taxi pour rejoindre mon hôtel, pas loin de la cathédrale. Finalement vers 16h j’étais prêt à sortir me promener un peu.

J’ai décidé d’aller à l’Instituto Cultural Cabañas. C’est un ancien hospice, fondé en 1791 par Monseigneur Cabañas, évêque de Guadalajara, inscrit depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Sa conception était très moderne pour l’époque et il n’a fermé qu’en 1980.
Aujourd’hui, c’est un lieu d’exposition d’art. L’oeuvre principale est la Capilla Mayor, la grande chapelle couverte de peintures murales.

Les peintures murales de José Clemente Orozco

Elles constituent l’oeuvre maîtresse de José Clemente Orozco qui les a peintes entre 1938 et 1939. Elles représentent l’histoire du Jalisco (l’état dont Guadalajara est la capitale). Orozco est un des grands peintres muralistes mexicains avec Rivera.

En sortant de l’hospice, j’ai profité de la douceur de la soirée et de l’animation des rues piétonnes de Guadalajara.

La cathédrale de Guadalajara


J’ai dîné pas très original mais mexicain, du Norte : fajitas de arrachera (boeuf).

C’est presque comme chez nous, mais acec du riz et une purée de haricot en plus.

Pour demain, le programme est tout trouvé : c’est le mariage de Nevena et Alejandro !

Guanajuato

Guanajuato est à environ 1h30 de route de San Miguel de Allende. La région de Guanajuato est montagneuse et la fin de la route estf très sinueuse. C’est moins soporifique que les plaines que j’avais eu l’occasion de traverser jusque là.

La ville est encaissée dans un ravin, et la première particularité que l’automobiliste découvre en arrivant est son réseau de routes souterraines. On peut traverser la ville d’un bout à l’autre en roulant sous terre. Certains de ces tunnels sont en fait des rivières asséchées. Le bon côté de la chose est que cela réduit la circulation dans le centre ville, dont les rues sont par ailleurs fort étroites. Par contre le GPS est perdu et j’ai raté un embranchement souterrain, ce qui m’a fait gagner un tour gratuit.
Le réseau souterrain est essentiellement réservé à la circulation automobile, mais il y a quelques tunnels piétons.

Dans une rue souterraine

Guanajuato est une autre ville née de l’extraction de l’argent (et de l’or aussi). Le gisement qui a été découvert en 1558 sera un des plus riches du monde. Pendant 250 ans, 20% de l’argent métal produit dans le monde venait de Guanajuato. La ville était donc très riche. Trop riche peut-être au goût du roi d’Espagne.
Quand Charles III a décidé en 1765 de réduire la part du profit réservé aux barons locaux, ceux-ci ont commencé à grogner. Deux ans plus tard, en 1767, le roi a chassé les Jésuites des colonies. Or les barons, et le peuple, étaient très attachés aux Jésuites. Voilà deux des facteurs déclenchants du mouvement d’indépendance qui a commencé à Dolorès, non loin de Guanajuato en 1810.

Comme je l’ai dit, la ville est encaissée dans un ravin. Un funiculaire permet de grimper sur le versant sud et de jouir d’une vue parfaite sur la ville.

Guanajuato

On peut voir au centre les édifices principaux, dont mon hôtel, et au loin, sur le versant opposé, des milliers de petites maisons de toutes les couleurs : blanc, bleu, vert, rose, jaune. Sous le soleil (oui, il fait toujours aussi beau), c’est très joli.

Guanajuato possède plusieurs musées. Je me suis contenté de visiter le plus original : le Museo Iconográfico del Quijote.

Dans le musée iconographique Don Quichote

Il recèle la collection de Don Eulalio Ferrer, un éditeur passionné par Don Quichote. Outres quelques éditions des aventures du personnage créé par Cervantès, la collection est constituées de représentations (tableaux, gravures, sculptures) de Don Quichotte et de Sancho Pansa. Faut-il rappeler que ce sont là des personnages de fictions. Cela illustre bien l’importance considérable du roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche dans la culture hispanique. J’en avais déjà eu un aperçu à la bibliothèque nationale espagnole à Madrid, où une section entière lui est consacrée. Il faudrait peut-être que je le lise un jour, il existe des bonnes traductions paraît-il.

Comme Zacatecas, San Luis Potosí et San Miguel de Allende, le centre historique de Guanajuato est classé au Patrimoine de l’Unesco. Ça devient une habitude. Et comme ces autres villes, Guanajuato est riche de belles demeures coloniales, d’édifices officiels et d’églises.
Mais ici il y en a en plus une université, fondée au XVIIème siècle et surtout trois théâtres, créés au XIXème siècle. Le Teatro Juárez peut être visité, ce que j’ai fait

Teatro Juárez

Sa décoration à la fois exubérante et moderne (beaucoup d’éléments métalliques) illustre la volonté de prestige que les dirigeants et les bourgeois de la ville voulaient atteindre. Je pense que c’est assez typique des petites villes industrielles qui voulaient s’affirmer par rapport aux capitales nationales ou régionales, centres du pouvoir politique. Cela n’est pas spécifique à Guanajuato.

En sortant du théâtre j’ai eu la bonne surprise de voir qu’une harmonie (orchestre de cuivres, bois et percussions) était en train de s’installer sur les marches du théâtre.

Concert en plein air

J’ai donc eu droit à un sympathique concert dans la douceur de la fin de journée. Une fois la nuit tombée, la température est plus fraîche, mais cela ne m’a pas empêché de choisir un restaurant en terrasse sur un toit tout près du théâtre.

J’ai choisi un plat de saumon au safran. Pas forcément très couleur locale, mais très bon quand même.

Demain, une autre étape de transition. Objectif Guadalajara.

San Miguel de Allende

San Miguel de Allende est une petite ville à deux heures de route au sud de San Luis Potosí. Pour une fois,  la ville n’a pas été fondée à proximité d’un gisement d’argent.
Toutefois elle était sur la route de Mexico vers Zacatecas et San Luis Potosí. San Miguel de Allende a assuré sa prospérité en pourvoyant aux besoins des voyageurs et des camps d’extraction.
Son centre historique est également classé au Patrimoine de l’Unesco.

Un village indigène existait déjà sur le site avant que les Espagnols ne s’installent, en 1542, sous la protection de Saint-Michel, ou San Miguel. Le nom Allende lui a été accolé en 1826 en l’honneur du héros de l’indépendance Ignacio Allende natif de San Miguel.

San Miguel del Allende

La ville est organisée autour de places garnies d’arbres.

Plaza de la Soledad

Toutes les maisons sont peintes de couleurs chaudes. Avec un beau et chaud soleil comme aujourd’hui, c’est très agréable.

Calle San Francisco

San Miguel de Allende est très fréquentée par les touristes étrangers. Je crois bien que je n’en n’ai pas vu ou entendu autant depuis une semaine que je suis au Mexique, même à Mexico. Il faut dire aussi que la ville est réputée comme centre d’apprentissage de la langue espagnole qui attire beaucoup d’américains depuis les années 1950.

La ville possède quelques musées, dont le sympathique La Esquina: Museo del Juguete Popular Mexicano, ou musée du jouet populaire mexicain.

Musée du jouet mexicain

La collection présente des milliers de jouets venus de toutes les régions du Mexique et faits de toutes sortes de matériaux : bois, métal, terre cuite, paille, …

Le monument emblématique de la ville est l’église paroissiale, dédiée bien sûr à l’archange Saint-Michel. Elle est unique au Mexique de par sa façade est de style néo-gothique. A l’origine elle était typiquement mexicaine, mais un architecte local l’a rebâtie en s’inspirant, dit-on, de cartes postales d’églises gothiques européennes.

Parroquia de San Miguel Arcángel

Le soir, j’ai dîné d’un plat de langue de boeuf accompagné de légumes, raisins secs, amandes et ananas.

Je ne sais pas si c’est typiquement mexicain (en fait je ne pense pas : il n’y avait pas de piment), mais c’était très bon. Je crois bien que c’est la première fois que je mange de la langue au restaurant.

Demain, retour à la mine avec Guanajuato.

San Luis Potosí

Avant de quitter Zacatecas, je suis monté au Cerro de la Buffa. De là on domine la ville d’environ 300 mètres et comme le soleil était au rendez-vous, la vue était magnifique.

Zacatecas vue depuis la Bufa

Ensuite j’ai pris la route de San Luis Potosí, deux cents kilomètres de lignes droites dans un paysage plat et aride qui ne manque pas de cactus. Je suis arrivé vers 13h et, après avoir pris possession de la chambre et mangé un brin, je suis parti explorer le centre historique.

Comme Zacatecas, San Luis Potosí est fille de mines d’argent. Elle a été fondée en 1592 sous le patronage de Saint Louis, le roi de France. Cela peut sembler curieux, mais les fleurs de lys et la statue de Saint Louis dans la cathédrale lèvent le doute.
Potosi est le nom du fabuleux gisement d’argent découvert en Bolivie en 1545. Peut-être que les Espagnols espéraient se donner chance en donnant ce nom à un nouveau gisement. Ils n’ont pas été déçus car les mines mexicaines se sont avérées bien plus productives que la mine bolivienne. Cet afflux d’argent facile n’a pas tant enrichi l’Espagne que ses fournisseurs, à savoir tout le reste de l’Europe et la Chine, mais c’est une autre histoire.

San Luis Potosí est aujourd’hui une ville industrielle bien plus grande que Zacatecas, et d’abords moins aimables. Mais son centre historique n’en est pas moins classé au patrimoine de l’Unesco et possède un certain nombre de belles bâtisses coloniales, dont la cathédrale baroque un peu moins churrigueresque qu’à Zacatecas.

La cathédrale de San Luis Potosí

Bien que nous soyons un jour de semaine, le centre ville, largement piétonnier, était très animé. On a vite fait le tour du centre historique, mais le beau temps invite à flâner.

Le ciel de San Luis Potosí

Après deux jours plutôt frais à Zacatecas, j’ai ressorti le polo à manches courtes pour profiter de la douceur de la température. L’effet du retour du soleil et d’une altitude de 1800 mètre, soit 600 mètres de moins que Zacatecas.

Le soit j’ai mangé un T-bone. C’est moins original que les soirs précédents, mais je voulais manger moins épicé. Quoique que j’aurais pu : il y a toujours un plat de sauces piquantes sur les tables de tous les restaurants.

Aujourd’hui était le jour de la fête la Vierge de Guadalupe. C’est peut-être pour cela qu’il y avait tant de monde dans les rues. La ville de Guadalupe est dans la banlieue de Zacatecas et j’ai été tenté d’aller assister au pèlerinage. Mais finalement j’ai préféré éviter la foule que j’avais vue nombreuse aux informations télévisées.

Pendant toute la nuit dernière j’ai entendu des explosions de pétards ou de feux d’artifice. Ce soir aussi, mais depuis la grand baie vitrée de ma chambre au dixième étage je domine toute la ville et je vois les fusées éclater dans le ciel dans touts les directions. C’est joli.

Demain, je continue vers le sud et San Miguel de Allende.

Zacatecas

Zacatecas est la capitale de l’état de Zacatecas, située à 2450m d’altitude. Le nom de la ville vient du peuple indigène Zacatecos qui vivait dans la région quand les Espagnols sont arrivés. La ville a été fondée en 1548 pour exploiter les importants gisements d’argent qui se trouvent dans la région. Les Zacatecos les exploitaient déjà à petite échelle, mais les Espagnols vont en faire une industrie.

C’est donc fort logiquement par la Mina del Edén que j’ai commencé ma visite de Zacatecas une fois rentré de La Quemada.

On s’enfonce dans la montage pendant quelques centaines de mètres grâce à un petit train. La visite commence par une exposition de minéraux de diverses origines (beaucoup du Mexique), puis on parcourt des galeries et des volumes plutôt importants.

Mina del Edén

C’est toujours intéressant de visiter une mine, mais quand ni la guide ni le visiteur ne sont polyglottes, c’est un peu compliqué de comprendre toutes les explications historiques. Renseignements pris, les mines d’argents de Zacatecas étaient parmi les plus anciennes et les plus riches de tout le Mexique. Pendant la période coloniale, la main d’oeuvre était servile et la mortalité y était très élevée. L’extraction a continué jusque dans les années 1960.
A la fin de la visite, on emprunte un ascenseur pour sortir de la mine par une autre sortie plus haute que la première.

De ce point de vue, j’ai vu au loin un colossal train de marchandise de plusieurs dizaines de wagons de long qui traversait la ville à très faible vitesse. Pendant toute la journée, et il y a quelques minutes encore, j’ai entendu un klaxon que j’imagine émaner d’un convoi similaire. Je suppose donc qu’il y a encore des mines qui produisent dans le coin.

L’avantage de cette autre sortie est qu’elle est toute proche de la station de téléphérique, qui permet de rejoindre le Cerro de la Bufa, la montage qui domine la ville.
Hélas le téléphérique est fermé pour travaux pour une durée indéterminée. Donc pas de téléphérique, et pas de vue plus dominante sur la ville que celle-ci.

La cathédrale de Zacatecas

On y voit, à gauche, le monument principal de Zacatecas : la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. C’est un très bel exemple du baroque churrigueresque, ce baroque espagnol très riche en fioritures décoratives.

La cathédrale de Zacatecas

Le centre historique, classé au patrimoine de l’Unesco, est somme toute très petit. Il compte quelques bâtiments anciens comme le palais du gouverneur qui a lui aussi sa peinture murale historique.

La peinture murale historique du palais du gouverneur

Zacatecas possède beaucoup de musées d’art ou d’histoire sur une si petite surface, mais je n’en ai visité aucun faute de temps et de motivation.

Ce qui m’avait séduit dans Zacatecas hier soir, c’était en fait son ambiance lumineuse, mais je ne m’en suis rendu compte que ce soir. Dans les rues principales il n’y a quasiment pas de réverbères, pourtant les rues sont très bien éclairées, bien plus qu’à Mexico par exemple.

Zacatecas la nuit

Tous les bâtiments sont illuminés de bas en haut par des lampes installés sur le trottoir et sur les balcons. Cela donne une ambiance très chaleureuse.

Ce soir j’ai continué mes découvertes culinaires, avec un empapelados de arrachera.

Ce sont des lanières de boeuf cuites en papillote avec des légumes, du fromage et du piment. Beaucoup de piment. C’était bon, mais il y avait quand même beaucoup de piment.

Petite remarque en passant. Je soupçonne les Mexicains d’avoir une version bien à eux de la langue espagnole, surtout en matière de nourriture. La plupart des mots trouvés dans les cartes des restaurants sont introuvables dans mon dictionnaire, et j’en ai essayé plusieurs. Par exemple quand je demande « arrachera » à M. Google, il me répond « verbe arracher (1er groupe) à la troisième personne du singulier ». On n’est pas aidé…

Demain, une autre ville minière : San Luis Potosi.

La Quemada

Avant de visiter Zacatecas, j’ai pris la voiture, direction Guadalajara pendant une cinquantaine de kilomètres pour atteindre, vers 10h, le site archéologique de La Quemada. Il est au milieu de nulle part, à l’écart de la route.

La Quemada

Une chose est certaine : il s’agit d’une ville importante, située au sommet d’une colline et qui a été détruite par le feu vers 1200. C’est d’ailleurs ce que « quemada » signifie en espagnol. La ville a été occupée à partir de 300 ap JC et abandonnée après le grand incendie. Des érudits espagnols se sont intéressé au site dès 1615 mais les fouilles archéologiques sérieuses ont commencé dans les années 1980 et continuent aujourd’hui.

Quant à savoir de quelle ville il s’agit et quel peuple l’occupait, c’est une autre histoire. Les spécialistes ne manquent pas d’hypothèses : il pourrait s’agir de la légendaire Chicomostoc (ville d’origine des Mexicas), un site Caxcan, un centre Purépecha, un avant poste contre les envahisseurs Chichimeca, un comptoir Toltèque, une forteresse Teotihuacán (ça, je connais) ou encore un site complètement indépendant. En tout cas il confirme la richesse et la complexité de l’histoire pré-hispanique du Mexique.

Un peu en contrebas de la ville se trouve l’élément emblématique du site : la pyramide votive.

La pyramide votive

Avec sa dizaine de mètres, de haut, elle est moins imposante que celles de Teotihuacan ou du Templo Mayor, mais le principe est le même : il y avait un temple ou un autel à son sommet.

Autre élément impressionnant : la salle des colonnes.

Dans la salle des colonnes

Les 12 colonnes de 5 mètres de haut devaient soutenir un toit qui devait faire de cette salle de 41 par 32 mètres l’espace couvert le plus vaste de la Mésoamérique. Par contre son usage reste inconnu. Le chantier de fouille qui s’y tient en ce moment permettra peut-être d’en savoir plus.

Malheureusement le ciel était couvert ce matin, et la température ne dépassait pas 10°C. Mais avoir ce site spectaculaire et mystérieux pour moi tout seul, dans un silence presque complet (à peine un oiseau de temps en temps) et un air pur était une expérience fabuleuse.

Etape de transition

Le Mexique est le pays des peintures murales, celles de Diego Rivera au Palacio Nacional sont les plus connues, mais il y en a partout.

Je n’ai donc été qu’à moitié surpris d’en voir une consacrée à l’histoire de l’aviation à l’aéroport de Mexico, terminal 2.

Peinture murale à l'aéroport de Mexico

On y reconnaît entre autres les frères Montgolfier, les frères Wright, Santos Dumont, Louis Blériot, Charles Lindbergh ou Amelia Earhart.
Je ne suis pas venu à l’aéroport pour admirer cette oeuvre mais pour prendre l’avion  de 13h50 pour l’aéroport del Bajio (Leon-Guanajuato). La distance n’est que de 350 km, donc l’opportunité de prendre un vol intérieur se discute, mais c’est cohérent avec le reste du voyage. Enfin je crois.
A l’aéroport j’ai loué une voiture et, après 3h30 de route je suis arrivé vers 19h30 à Zacatecas, 250 km plus loin.

Je suis parti vers 9h30 pour d’arriver avec 3 heures d’avance à l’aéroport. Je regrette un peu de ne pas être parti un peu plus tard de Mexico, et profiter de la matinée ensoleillée et sans voiture (c’est dimanche et les rues autour de l’hôtel étaient fermées à la circulation). Et j’aurais apprécié aussi de ne pas avoir poireauté 1h pour obtenir ma voiture à l’arrivée.

Bref, maintenant je suis à Zacatecas et ce que j’ai vu de la ville en arrivant et en m’y promenant un peu me fait oublier ces contrariétés. Comme j’y reste deux nuits, je vais avoir le temps de profiter de la ville et des environs. Vivement demain.

En attendant, j’ai dîné d’un plat traditionnel de Zacatecas : Asado de Boda.

C’est du porc cuit avec des tas de bonnes choses, dont du chocolat, et c’était très bon aussi.

Il a fait encore très beau, mais la nuit est fraîche à Zacatecas, 2400 m d’altitude. J’a bien fait de prendre mon bonnet.

Chapultepec

En Nahuatl, la langue des Aztèques, Chapultepec signifie « la colline aux sauterelles ». Je n’ai pas spécialement remarqué d’insectes bondissants, et pourtant j’y ai passé la journée.

Aujourd’hui le Bosque (bois) de Chapultepec est un immense parc boisé en plein Mexico. Si j’en juge l’affluence, le parc est très prisé des habitants de Mexico. On y trouve des lacs, des centaines de stands de babioles et de grignoteries, et des écureuils.

Ecureuil mexicain

Il y a aussi un zoo, un parc d’attraction et plusieurs musées, dont le Museo Nacional de Antropologia, qui a fait l’objet de ma première visite.
Comme son nom ne l’indique pas, le musée est consacré à toutes les cultures du Mexique, passées et contemporaines.
Les salles d’exposition sont distribuées autour d’une immense cour intérieure et de sa spectaculaire fontaine.

Museo Nacional de Antropologia

L’étage supérieur est consacré à l’ethnographie. Il présente les différents peuples amérindiens qui vivent actuellement au Mexique.
Le rez de chaussée est l’étage de l’archéologie. Toutes les civilisations anciennes du Mexique sont présentées. Le découpage est géographique : on rencontre donc les cultures du nord (le nord mexicain déborde sur le sud des USA actuels), les Mayas au sud, les Mexicas au centre, et bien d’autres encore : Toltèques, cultures des régions de l’ouest, de la côte du Golfe ou de la région d’Oaxaca.
On trouve quantités d’objets trouvés sur les sites archéologiques de tout le pays. L’exposition se poursuit à l’extérieur avec des reconstitutions d’habitats ou de sanctuaires.

En quelques heures, on peut parcourir des siècles d’histoire en s’économisant des milliers de kilomètres. C’est un excellent résumé pour le voyageur qui ne peut pas aller partout. Sur ce point, le musée de Mexico est comparable au Musée archéologique national d’Athènes.
Pour des raisons évidentes, la section consacrée à Teotihuacan m’a particulièrement intéressé. On y trouve par exemple une restitution de la décoration du temple de Quetzalcoatl.

Restitution du temple de Quetzalcoatl (le serpent à plumes) de Teotihuacan

Les archéologues pensent en effet que les temples tels qu’on les voit aujourd’hui ont perdu leurs couleurs d’origine. Ça n’a aucun rapport, mais c’est aussi le cas des temples grecs.

Je vous ai dit en introduction que le nom Chapultepec évoque une colline. Mexico a été construite sur un lac, donc son relief est plat. Sauf ici où, hasard géologique, une formation rocheuse émerge de la plaine. Le site était déjà occupé quand les Aztèques se sont installés dans la région.

Mais le château de Chapultepec qui nous intéresse aujourd’hui sur cette colline est bien plus récent.

Le château de Chapultepec

Sa construction a commencé en 1785 par le vice-roi de l’époque. Le château a été abandonné après la guerre d’indépendance (1810-1821), avant de devenir une école militaire.

C’est l’éphémère empereur Maximilien de Habsbourg (règne de 1864 à 1867) qui donne au château sa forme actuelle puisqu’il va en faire sa résidence. Il va faire venir d’Europe architectes, décorateurs et jardiniers pour transformer le château en résidence digne d’un monarque européen.

La salle à manger de Maximilien de Habsbourg

Cette résidence aurait très bien pu se trouver en Autriche, sauf qu’ici il n’y a pas de chauffage. Au contraire, les salles sont toutes ouvertes vers l’extérieur. Autre différence : les salles de l’étage sont distribuées autour d’un agréable petit jardin, qui est donc sur le toit d’un palais lui-même au sommet d’une colline et qui domine la ville. J’ai visité le château juste avant l’heure de fermeture, peu de temps avant le coucher de soleil, donc sous une très belle lumière et c’était un très beau moment.

Après la chute de Maximilien et le retour de la République, le château a servi de résidence à plusieurs présidents mexicains. A partir de 1939, le château est le siège du musée historique national. La visite du château de Chapultepec comporte donc deux parties : le Castillo (le musée historique) et l’Alcazar (la résidence).

Le musée historique dresse un rapide résumé de l’histoire du pays à partir de l’arrivée des Espagnols. Comme aucun texte n’était traduit, je ne m’y suis pas attardé.

Quand Maximilien s’est installé à Chapultepec, le site était en dehors de la ville. Pour en améliorer l’accès, il a fait tracer une large avenue inspirée de celles de Vienne ou de Paris. Cette avenue s’appelle aujourd’hui Paseo de la Reforma et c’est un axe majeur de Mexico, bordé d’immeubles prestigieux. Je l’ai remontée sur une petite distance, jusque la colonne portant l’Ange de l’Indépendance.

El Ángel de la Indepencia

Malgré l’heure tardive et le peu de lumière, l’endroit est très apprécié pour les photos de mariages : il y en avait 4 ou 5 au moment de mon passage.

Mais pour moi il était temps de penser à manger. Par chance j’ai trouvé un restaurant Mexicain avec mariachis. Ils jouaient des morceaux demandés par les clients, qui chantaient avec. Bruyant mais sympathique.
Le plat de ce soir est un Cochinita pibil.

C’est un plat traditionnel du Yucatan, fait à base de viande de porc marinée avec du citron et des graines locales, qui donnent cette couleur orange, et cuite lentement dans des feuilles de bananier. Très bon.

Le soir, je suis repassé par le Zócalo. La patinoire est ouverte et les illuminations sont allumées.

La patinoire du Zócalo

Je suis rentré par l’avenue du 5 mai en fendant la foule.
Il a fait toujours aussi beau, mais il faisait frais le matin avant 11h et le soir après la tombée de la nuit. Sans doute un effet de l’altitude : plus de 2000 mètres quand même. Il n’empêche que l’après-midi était très agréable dans le parc de Chapultepec.

Demain je quitte Mexico, cap à l’ouest.

Rappel : plus de photo sur mon site.

Teotihuacan

Le Mexique est un eldorado pour archéologues. Beaucoup de civilisation ont prospéré puis disparu bien avant que les Espagnols ne débarquent au XVIème siècle. Un des sites pré-colombien les plus importants est Teotihuacan, où j’ai décidé de me rendre ce matin.

Teotihuacan

C’est assez compliqué de suivre la chronologie des civilisations mésoaméricaines. Ainsi le nom même du peuple à l’origine du site n’est pas connu. On pense que les premières constructions datent de 200 av JC et que le site a été abandonné vers le VIème siècle. Nous sommes donc bien avant les Aztèques. D’ailleurs le nom « Teotihuacan » est un mot aztèque, le nom original du site n’est pas connu.

Néanmoins, on retrouve ici beaucoup de points communs avec les autres civilisations de la région : cosmogonie, rites, dieux, …

Le site de Teotihuacan est à une quarantaine de kilomètres de Mexico, distance parcourue par un bus en une heure à partir de la gare routière Terminal Norte, plus une demi-heure pour rejoindre la gare routière.

Il s’étend sur environ 25km2 dont 2% seulement ont été fouillés. Il s’articule autour d’une route de 40 mètres de large et 2 km de long : la chaussée des morts. Au nord elle se termine par la pyramide de la lune.

La pyramide de la lune

La pyramide de la lune est haute de 46 mètres. Les archéologues ont trouvé qu’elle est le résultat de l’empilement de pyramides successives, comme celle du Templo Mayor à Mexico. Cela est d’ailleurs assez courant pour les pyramides mésoaméricaines. Des tombeaux ont été trouvés à l’intérieur, mais ils ne sont pas accessibles au public. Par contre il est possible de gravir la pyramide mais pas jusqu’à son sommet, mais sur un tiers environ seulement, ce qui est déjà un rude exercice car les marches de son escaliers sont très hautes.

La pyramide du soleil est la plus grande du site. Elle est située à l’est de la chaussée des morts qu’elle domine de ses 65 mètres.

La pyramide du soleil à Teotihuacan, Mexique

C’est la deuxième plus haute pyramide d’Amérique et, cas exceptionnel, elle a été construite d’un seul jet. Sa base est un carré de 225 mètres de côté. Ses escaliers attirent les visiteurs comme un aimant. L’ascension n’est pas très difficile, il faut juste prendre son temps et bien profiter du paysage.

L’extrémité sud du site est marquée par la citadelle, nom improprement donné par les Espagnols à une structure carrée ceinte de mur, mais sans fonction défensive. Son élément principal est une troisième pyramide, plus modeste, le temple de Quetzalcóatl.

La rude ascension de la pyramide de Quetzalcoatl

Ça en fait des marches à monter et descendre, toutes ces pyramides. Mais il n’y pas que des pyramides à Teotihuacan. La chaussée des morts est bordée de structures moins hautes, mais toujours carrées et munies d’escaliers.

Au total j’ai donc monté et descendu plusieurs centaines de marches (plus de 250 rien que pour la pyramide du soleil). Heureusement il ne faisait pas trop chaud grâce à un fort vent qui soulevait beaucoup de poussière par ailleurs.

Comme toujours sur ce genre de site, il est difficile de s’imaginer comment les habitants de l’époque y vivaient. Les structures qui sont aujourd’hui visibles sont a priori des temples. Ce qui ferait de Teotihuacan une ville religieuse, mais il devait bien y avoir des habitations pour le peuple, à part les quelques palais, comme celui du Quetzal-Papalotl.

Palais du Quetzal-Papalotl


Mais il faut se souvenir que tout le site n’a pas été fouillé. De fait il se pourrait bien que certains monticules ne soient pas tout à fait naturels…

Bien sur il n’y a pas d’archives, donc Teotihuacan garde toujours une part de son fascinant mystère.

En sortant du site, j’ai eu la chance de tomber sur un bus pour rentrer à Mexico, il n’y en a qu’un par heure. Je ne peux pas vraiment dire que je me suis reposé tant le bus était bondissant. Les derniers kilomètres dans le chaos de la circulation de Mexico étaient également très spectaculaires.

De retour à Mexico, je suis allé visité le Monumento a la Revolución Mexicana.

Monumento a la Revolución Mexicana (MRM)

Vu comme ça, on dirait un arc de triomphe, dont il serait le plus haut représentant au monde avec ses 67 mètres. Mais en fait il ne s’agit que de la partie centrale du « Palais legislatif fédéral ». Le chantier a commencé en 1897, mais il a été interrompu par la révolution de 1910. Le chantier a été terminé, en tant que mémorial, en 1938. Un ascenseur a été ajouté depuis, ce qui permet de jouir d’un beau point de vue sur la ville à moindre effort. La descente se fait à pied, cependant.

Après cela, j’ai marché à droite à gauche pour terminer à l’Hostería de Santo Domingo réputée pour son chile en nogada.

Créé pour la venue d’un éphémère empereur mexicain, en 1821, ce plat célèbre l’indépendance du pays en reprenant les couleurs de son drapeau : le vert (des gros piments doux, farcis de viande), le blanc (la sauce aux noix dont on les recouvre) et le rouge (les graines de grenade qui parsèment le plat).

Très bon et très copieux.