Archives de catégorie : Finlande 2017

Le huitième jour en Finlande, et le quatrième à Helsinki

Pour le dernier jour, la météo a encore une fois été très bonne : grand soleil, et même presque chaud. On devait être pas loin de 20° en début d’après-midi.

Le programme de la journée est simple, il ne compte qu’une étape : Suomenlinna. La « forteresse finlandaise » (traduction littérale de Suomenlinna) s’étend sur 8 îles à quelques kilomètres d’Helsinki. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

La porte du roi

La forteresse a été créée, sous le nom Sveaborg, par le royaume de Suède à partir de 1748, pour faire pièce à Saint-Pétersbourg et surtout la forteresse de Kronstadt, créée en 1710.

Plus qu’une simple place forte, Sveaborg est une base navale, incluant un chantier naval, qui est toujours en activité. Sveaborg sera la base principale de la marine suédoise dans l’est de la mer Baltique.

La cale sèche de Suomenlinna

Pendant la période suédoise, alors qu’Helinski (Helsingfors en suédois) n’était pas encore capitale,  Sveaborg a compté jusqu’à 10000 habitants, principalement des militaires. Cette population était plus importante que celle de la ville. L’archipel est aujourd’hui habité par un petit millier d’habitants.

Quand les Russes ont pris le contrôle de la forteresse, en 1809, ils l’ont rebaptisée Viapori et l’ont renforcée. Par exemple toute le front ouest date de cette époque. Les canons sont encore là d’ailleurs.

Le front ouest de Suomenlinna

La forteresse a été gravement endommagée par une flotte anglo-française pendant la guerre de Crimée en 1853.

À l’indépendance, le nouvel état finlandais prend possession de Viapori et lui donne son nom définitif : « Suomenlinna ». Pendant la guerre civile, la forteresse a servi de prison pour les « rouges » (la rébellion communiste) capturés par les « blancs » (les forces fidèles au gouvernement). La mortalité y était élevée, à cause des mauvais traitements mais aussi d’exécutions sommaires. Cette période sombre n’est pas occultée dans les commentaires.

Aujourd’hui, Suomenlinna est un endroit paisible très fréquenté par les habitants d’Helsinki et les touristes. L’accès de l’île est libre, il suffit de payer le passage en bateau, et tout un chacun peut passer la journée à se promener ou pique-niquer sur les différentes îles. Ceux qui n’ont pas prévu de casse-croûte trouveront buvettes et restaurants sur place.

Plusieurs petits musées complètent la visite. En guise d’introduction, le musée Suomenlinna présente l’histoire de la forteresse et de sa restauration, avec un film en 8 langues. Le musée militaire complètera les connaissances du visiteur sur les guerres de la Finlande. La plus grosse pièce exposée est sans conteste le sous-marin Vesiko, même si c’est le plus petit que j’ai jamais visité : 20 hommes d’équipage seulement.

Le sous-marin Vesiko

L’équilibre en plongée était tellement précaire que quand un matelot posté à l’avant voulait aller aux toilettes, situées à l’arrière, il fallait qu’un camarade posté à l’arrière vienne à l’avant prendre sa place pour préserver l’équilibre du bateau.

L’étonnant musée des douanes nous apprend que la Finlande aussi a connu une période de prohibition de l’alcool et que le sport préféré des finlandais a été pendant longtemps de contourner les taxes très élevées sur les voitures importées. C’était avant l’entrée du pays dans l’Union Européenne en 1995.

Le très joli petit musée du jouet permettra de changer d’ambiance, tout en apprenant des choses sur la Finlande et les Finlandais.

Le musée du jouet de Suomenlinna

Et le soir venu, en attendant le bateau pour rentrer à Helsinki, l’amateur de bateaux qui a lu tous les conseils du Lonely Planet, se postera tout au bout de la forteresse, au bord du détroit entre les îles de Kustaanmiekka (qui fait partie de Suomenlinna) et Valliassari. C’est par ces 81m de large que passent, entre 17 et 18h, les ferries à destination de  Stockholm.

Ça va passer

C’est assez impressionnant.

C’était une très belle journée au grand air comme on aimerait en voir plus souvent. En tout cas c’était une très belle conclusion pour une très réussie semaine en Finlande.

Demain, c’est le retour à Paris. Comme mon avion décolle à 12h15, je n’aurai pas le temps de me promener. Je partirai donc pour l’aéroport dès que je serai prêt le matin.

Le septième jour en Finlande, et le troisième à Helsinki

Les choses reviennent dans l’ordre : c’est le retour du beau temps. Beau ciel bleu toute la journée. Le contraste avec la journée d’hier est saisissant.

Le matin j’ai déambulé dans les rues, profitant de l’architecture d’Helsinki, en me dirigeant vers Kauppatori (place du marché) qui est un peu le centre touristique d’Helsinki. Les deux églises majeures de la ville sont à proximité : Helsingin tuomiokirkko (la cathédrale luthérienne) et Uspenskin kathedraali (la cathédrale orthodoxe). Les deux datent de la période russe (respectivement 1852 et 1868) mais elles sont très différentes.

Sans surprise la décoration de la blanche cathédrale luthérienne est très sobre. L’orgue donne un peu de couleurs.

L'orgue de la cathédrale luthérienne

Quant à la rouge cathédrale orthodoxe, bien sûr c’est son iconostase qui éblouit le visiteur.

Dans la cathédrale orthodoxe

En début d’après midi, mon parcours m’a amené vers les musées de l’architecture et du design, voisins l’un de l’autre et proches de mon studio.

L’exposition permanente du musée de l’architecture finlandais se résume à quelques maquettes et des panneaux qui racontent les évolutions de l’architecture des années 1900 aux années 1970.

Dans le musée de l'architecture finlandaise

Non, il n’y a pas la suite, mais il y en a assez pour comprendre pourquoi les villes de Turku et Hämeenlinna se ressemblent, par exemple.

L’exposition temporaire est consacrée à la modernisation du pays après la guerre à travers 200 plans regroupés par thèmes : hôtels, théâtres, usines, etc… C’est une autre manière d’aborder l’histoire récente du pays.

Le musée du design finlandais est un peu plus riche.

Sa collection permanente met en avant des marques finlandaises (Nokia, Fiskars, Angry Birds et d’autres) et des créateurs finlandais (Alvar Aalto et d’autres).

Dans le musée du design finlandais

L’exposition temporaire présente des projets en cours dans tous les domaines : meubles, vaisselle mais aussi matériaux et services.

Ensuite je suis rentré au studio pour une petite sieste, et surtout récupérer le matos. Car à 17h commence le meeting aérien des 100 ans de la Finlande.

Comme je le dis toujours : on peut aller partout n’importe quand, mais si il y a une occasion spéciale, comme par exemple un meeting aérien, autant y aller ce jour là.

La scène est le Parc Kaivopuisto, en pleine ville et au bord de la mer, avec quelques unes des nombreuses îles d’Helsinki comme décor. Le meeting avait lieu de 17 à 21h, horaires assez inhabituels, mais adaptés à un pays  où les gens cessent le travail tôt et où il fait jour tard. En tout cas la lumière était très belle. Par contre il faisait plutôt frais après 20h, quand, le soleil baissant, on s’est retrouvé à l’ombre des arbres du parc.

Le plateau proposé comprenait des avions anciens et modernes, comprenant même un Airbus 350 flambant neuf de la compagnie nationale Finnair.
La Suède et le Royaume-Uni avaiet envoyé quelques représentants, dont les Red Arrows (la patrouille britannique).

Pour moi c’était l’occasion de découvrir la patrouille acrobatique finlandaise : les Midnight Hawks.

Midnight Hawks

Le F-18C, l’avion de combat de l’armée de l’air finlandaise, a fait une présentation époustouflante, ponctuée de pyrotechnie spectaculaire.

Le F-18 finlandais fête dignement les 100 ans du pays.

Le parc était noir de monde. Pourtant je n’ai vu aucune affiche dans la ville, sauf au musée de l’aviation samedi dernier. Chose curieuse, il y avait des stands pour promouvoir à grand coup de prospectus et de gadgets les avions de combat de dernière génération : l’anglo-germano-italo-espagnol Typhoon, le suédois Grippen, les américains F-18E et F-35 et le français Rafale. C’est que l’appareil actuel F-18C se fait vieux, il va bien falloir le remplacer.

C’était la première fois que j’assistais à un meeting aérien en pleine ville, installé sur les rochers au bord de la mer et c’était très réussi.

Le sixième jour en Finlande, et le deuxième à Helsinki

La météo l’avait prédit : il a plu toute la journée non-stop sans arrêt continûment. Du matin jusqu’au soir.

Donc, pas le choix, ce sera musées toute la journée.

J’ai commencé par le Musée national de Finlande (Suomen kansallismuseo). C’est le musée de l’histoire de la Finlande. Le parcours commence à l’âge de pierre et se termine avec la fin de la domination suédoise. J’ai beaucoup apprécié la partie préhistoire. Je l’ai trouvée bien plus intéressante que dans beaucoup de musées historiques que j’ai visités.

Dans ces contrées nordiques, pas d’antiquité, pas de romains, on passe directement au Moyen-Âge avec l’influence des Vikings puis du christianisme. Sauf qu’ici ce dernier est arrivé à la fois par l’ouest catholique et par l’est orthodoxe. J’ai bien vu des églises orthodoxes dans l’est du pays, et ce n’est donc pas uniquement à cause de l’influence russe d’après 1809.

Les salles sur le Moyen-Âge montrent que la Finlande fait bien partie de l’Europe : les figures de Saint-Martin ou Saint-Georges sont légions comme partout en Europe.

Musée national

Hélas le musée est en pleine restructuration et une grosse partie du parcours n’est pas ouverte à la visite. Vu le temps qu’il fait dehors, je serais bien resté un peu plus longtemps dedans.

Un peu partout dans Helsinki (et dans d’autres villes aussi, notamment Kotka) il y a des rochers qui affleurent du sol. Ce sont des vestiges géologiques des périodes glaciaires.

Mais il est un rocher plus grand que les autres, qui a la taille d’un pâté de maisons. Dans les années 1960 il a été creusé pour y installer une église : Temppeliaukion kirkko.

Temppeliaukion kirkko

Le toit est un dôme de béton reposant sur des poutres qui laissent passer généreusement la lumière. Les murs sont tout simplement la roche brute, sans fioritures. C’est une église luthérienne après tout. Au moment de ma visite, une pianiste donnait un récital, ce qui permettait d’apprécier la très bonne acoustique de cet endroit singulier. C’était un moment au calme (et au sec) très agréable, parfait pour faire une petite pause.

Car la journée n’est pas finie. J’ai continué jusqu’au quartier de la gare pour visiter l’Ateneum, ou galerie nationale finlandaise.

Ateneum

Cette institution a été fondée dans les année 1850 d’abord comme école d’art. Les collections exposées aujourd’hui étaient au départ des oeuvres achetées pour servir de modèles aux étudiants.

L’école a quitté le bâtiment, les collections sont restées et elles se sont enrichies des travaux des anciens élèves. Donc quelque part l’Ateneum est un peu le musée de l’art finlandais depuis le XIXème siècle.

Outre les tableaux qui couvrent les murs, quelques salles sont consacrées à l’histoire de l’école et de ses élèves. Le parcours insiste sur le rôle joué par l’art dans la naissance de la nation finlandaise avant sont indépendance en 1917. L’Ateneum est donc un peu plus qu’un musée d’art.

L’exposition temporaire est consacrée à Alvar Aalto (1989-1976) qui est le plus grand architecte, urbaniste et designer finlandais, que je ne connaissais pas avant de me documenter sur la Finlande. Et c’est en visitant l’expo (et la boutique) que j’ai reconnu les verres de mon studio.

La météo avait annoncé la fin de la pluie pour 17h. J’ai donc pris mon temps pour visiter le musée, mais hélas quand je suis sorti, après 17h, la pluie n’avait pas cessé. Au contraire elle tombait encore plus fort que quand je suis rentré.

Donc dans ce cas là, et comme la plupart des magasins ferment à 18h, le plus simple est d’aller manger (les restaurants servent tôt dans ce pays) et de rentrer à la maison.

Pour demain, la météo est plus optimiste que pour aujourd’hui. Et même ça m’arrangerait qu’il ne pleuve pas entre 17 et 21h.

 

Le cinquième jour en Finlande, et le premier à Helsinki

Kotka est un port et possède un musée maritime, objet de ma première visite du jour.

Le musée maritime de Kotka

En fait ce beau bâtiment tout neuf abrite un autre musée, consacré à la vie dans la région. Les deux musées sont très modernes et instructifs. La plupart des commentaires sont dans les 4 langues les plus pratiquées dans le coin : le finnois, le suédois, le russe et l’anglais.

L’objet le plus curieux du musée maritime est cet hydroptère, engin capable de se déplacer sur les lacs gelés un peu, beaucoup ou pas du tout.

Hydrocoptère KR-124

Le musée maritime insiste particulièrement sur les spécificités de la navigation dans les eaux finlandaises, peu profondes et gelées l’hiver. La pièce maîtresse du musée est le premier brise-glace finlandais, hélas celui-ci n’était pas ouvert à la visite aujourd’hui.

Kotka et sa région ont été annexées à la Russie dès 1743. Pour protéger cette nouvelle frontière avec la Suède, la Russie fait ériger en 1803-1808 Kyminlinna à quelques kilomètres de Kotka à l’intérieur des terres.

Kyminlinna

A la différence d’Hamina, Kyminlinna n’est pas une ville fortifiée, mais une forteresse pentagonale autonome, dotée des derniers raffinements de la fortification bastionnée à la russe. Comme toute la Finlande a été annexée en 1809, la forteresse est devenue inutile et n’a jamais subi d’assaut ni de modernisation ultérieures. Elle est donc un parfait témoin de son époque. L’armée finlandaise a quitté les lieux 2005, mais on ne peut pas visiter l’intérieur. Je me suis donc contenté d’en faire le tour en partie. Comme la construction est parfaitement symétrique, ce n’est pas très utile de faire tout le tour, donc je me suis remis en route, pour boucler mon tour de Finlande en retournant à Helsinki.

Je suis arrivé à la capitale vers 16h, mais le temps de rendre la voiture, récupérer les clés de l’appartement (loué sur Airbnb), faire les courses pour les petits-déjeuners à venir et souffler un peu, la soirée est vite arrivée.

Après m’être installé, j’ai quand même fait un petit tour jusqu’au port.

Dans le port d'Helsinki

Ma première impression est que la ville est très agréable et pas très grande. Je vais encore beaucoup marcher les jours qui viennent.

Si le temps reste aussi beau qu’aujourd’hui, ça sera un très beau séjour.

Le quatrième jour en Finlande

Aujourd’hui encore, le ciel était tout blanc ce matin, mais le beau bleu dont j’ai l’habitude sera de retour vers midi.

La première visite du jour sera fort logiquement Olavinlinna, puisque j’ai dormi quasiment à ses pieds. Mais comme le château n’ouvre qu’à 11h, j’ai eu le temps de chercher un nouveau point de vue.

Olavinlinna

Le château a été construit à partir de 1475 par les Suédois pour protéger la frontière du royaume contre la Russie. Il est situé sur une petite île à la limite de deux lacs. Les eaux qui cernent le château sont animées de forts courants, ce qui fait qu’ici elles ne gèlent jamais, et donc que les assaillants éventuels ne peuvent pas attaquer le château à pied sec.

Le château a changé plusieurs fois de mains pendant son histoire. Quand les Russes l’acquièrent définitivement, en 1743, ils lui ajoutent des bastions d’artillerie et un dernier étage en briques sur les grandes tours.

Olavinlinna est le château médiéval encore debout le plus septentrional du monde. Aujourd’hui il est l’écrin d’un très important festival d’opéra qui a lieu tous les étés. Et c’est bien le problème. A cause de ce festival, plus de la moitié du château est inaccessible à la visite. Le montage des tribunes et du velum dans la grande cour du château commence en avril et le démontage se termine en septembre. Bref pour bien profiter du château, il faudrait venir en hiver. C’est frustrant.

Mais au moins la visite guidée est en anglais et un très beau petit livre guide est offert.

Savonlinna est au coeur de la région des lacs de Finlande. Il y en a des milliers et les plus gros sont reliés entre eux par des canaux qui permettent de naviguer jusqu’à la mer Baltique. En certains endroits, la route est entre deux lacs. Les lacs sont toujours bordés d’arbres, des bouleaux et des résineux, et souvent il y a une île couverte d’arbres au milieu.

Cette partie de mon voyage en voiture était la plus agréable, surtout sous le beau soleil d’été.

Un lac de Finlande en chemin

Changement d’ambiance dans le village de Kerimäki, à une vingtaine de kilomètres de Savonlinna, où se trouve la plus grande église en bois du monde.

L'église de Kerimäki

Une fois à l’intérieur, on se rend bien compte que tout est en bois, y compris le plancher.

Dans l'église de Kerimäki

L’église a été conçue en 1844 pour recevoir 5000 fidèles, soit la moitié de la population de la région.

Kermäki est l’angle nord-est de mon périple en Finlande, maintenant il est temps de redescendre vers la mer Baltique, en longeant la frontière russe. De l’autre côté, c’est l’Oblast de Saint-Pétersbourg. Ça fait tout drôle de voir les panneaux routiers indiquant la direction de Saint-Pétersbourg ! A 200km près, j’aurais pu y passer. Enfin non, la location de voiture l’interdit, et puis il faut un visa.

Les terres de l’autre côté de la frontière appartenaient à la Finlande, mais la Russie (enfin l’URSS à l’époque) les a annexées à l’issue de la guerre d’hiver, en 1940.

Mais cette région était frontalière bien avant l’indépendance de la Finlande. C’est pour protéger cette frontière que la Suède a fait construire une forteresse à Lappeenranta dans les années 1720.

La forteresse de Lappeenranta

La forteresse est installée sur une crête qui domine le port. A partir de 1743, la Russie en prend possession et l’étend dans les années 1790. Aujourd’hui il en reste une bonne partie des tracés bastionnés.

Un peu plus loin, autre temps, autres mœurs.

La casemate C11 de la ligne Salpa

Les Finlandais avait édifié à la fin des années 1930 une ligne de fortification dans la province de Carélie : la ligne Mannerheim, du nom du commandant en chef de l’armée finlandaise. Mais la région a été annexée  à la fin de la guerre d’hiver par les soviétiques, annihilant de fait la fortification.

Une nouvelle ligne a donc été construite à partir de 1941 : la ligne Salpa, « verrou » en finnois. Rien de comparable avec la ligne Maginot, mais il en reste quelques ouvrages isolés dans la forêt et visibles de la route. D’où un arrêt imprévu car je ne connaissais pas cette ligne de fortification avant de tomber dessus pendant le trajet de Lappeenranta à Hamina.

En 1721, au traité d Nystad, la Suède a du céder toute la Carélie à la Russie (déjà) et toutes les forteresses qui s’y trouvaient. La frontière se trouve donc dégarnie. Le roi de Suède décide de fonder une nouvelle ville fortifiée : Fredrikshamn, rebatpisée Hamina entre temps. C’est la même histoire que celle qui a abouti à la création de Neuf-Brisach, en Alsace, après le traité de Ryswick en 1697. Et comme à Neuf-Brisach, Hamina a un plan d’un octogone parfait, quoique plus petit.

Il n’est pas facile de rendre compte d’une ville parfaitement octogonale en une photo. Mais je peux montrer son hôtel de ville qui en occupe le centre exact.

L'hôtel de ville de Hamina

Les Suédois n’auront pas le temps de terminer tous les bastions, et ici aussi ce seront les Russes qui s’en chargeront  partir de 1743. J’en ai parcouru une partie en fin de journée alors que le soleil était presque rasant.

Au cours de cette longue journée, j’ai traversé une région longtemps disputée entre les deux grandes puissances du nord : la Suède et la Russie. Elles se sont affrontées pendant plusieurs guerres à travers les siècles. Vu de chez nous, cette partie de l’histoire de l’Europe nous est complètement inconnue. C’est aussi pour ça que je voyage dans toute l’Europe.

Ce soir je fais étape à Kotka, au bord de la Baltique.

Le troisième jour en Finlande

Ce matin le ciel était tristement gris. Il a même plu légèrement en début d’après-midi, mais le soleil est revenu en début de soirée.

En finnois le mot « linna » signifie forteresse et « Häme » est le nom de la province centrale de la Finlande. Donc vous l’avez compris la principale curiosité de la ville de Hämennlinna où j’ai fait étape est son château.

Hämeen Linna

Ses origines remontent au XIIIème siècle. Dans sa forme actuelle, il est de plan carré en briques qui repose sur une solide base en pierres. C’est le château en briques le mieux préservé au nord de la Baltique. Et on peut lui trouver des ressemblances avec les châteaux de la Pologne du nord (au sud de la Baltique, donc) que j’ai visité en 2014. Au XVIIIème siècle le roi de Suède fait ajouter autour du château des douves et des remparts selon un tracé à l’italienne (en France on dirait à la Vauban).

La forteresse est plutôt spectaculaire et la visite traverse les murailles et les époques. Hélas, les seules explications disponibles sont en finnois et en suédois. C’est frustrant et certains détails techniques ou historiques m’ont échappés.

Juste à côté du château se trouve le Museo Militaria.

Dans le musée militaire de Hämeenlinna

Ce musée regroupe les musées de l’artillerie, du génie et des transmissions de l’armée finlandaise. Il est jumelé avec le musée des blindés visité hier. Après quelques salles sur la chose militaire en Finlande sous les tutelles suédoise (jusqu’en 1809) puis russe (jusqu’en 1917), l’essentiel du musée est consacré au XXème siècle. Ce qui signifie concrètement la guerre civile (1918), puis les guerres d’hiver (1939-40) et de continuation (1941-44) contre l’URSS. Tout cela est raconté avec force détails mais en se concentrant sur l’artillerie, le génie et les transmissions. La fin du parcours va de l’après guerre à aujourd’hui, en particulier aux participations de l’armée finlandaise aux missions de l’ONU.

A l’extérieur, un parc d’artillerie expose quelques dizaines de canons de différentes origines, mais c’est à ce moment que la pluie a commencé, donc je ne me suis pas attardé. D’autant plus que j’avais de la route à faire.

Ma prochaine étape est Savonlinna, à environ 300 km et 4 heures de route au nord-est d’Hämeenlinna.

Nos récentes connaissances de la langue ne doivent pas nous induire en erreur : pas de forteresse en savon ici, mais quand même un beau château : Olavinlinna (ou château de Saint-Olaf).

Olavinlinna

Mon hôtel est au bord de l’eau, face au château. Le soleil est revenu et je me suis installé quelques minutes dans un fauteuil pour profiter de la vue. Il fait toujours frais et je me suis muni d’une couverture. Je ne sais pas si c’est à cause de la qualité de l’air ou la calme de la scène, mais c’était très agréable. Je serais resté plus longtemps si un moustique fâcheux n’était pas venu troubler ce moment.

Petite note pour finir : j’ai battu aujourd’hui mon record de septentrionalité. Ou de norditude. Bref je ne m’étais jamais aventuré autant au nord qu’aujourd’hui. Il faut que j’en profite, demain je retrourne vers le sud.

Le deuxième jour en Finlande

Aujourd’hui encore il a fait très beau : grand soleil et ciel bleu. Mais la température ne dépasse pas 17°. Ce n’est pas une température extrême, mais ça fait une drôle d’impression de ressentir cette température tout en étant en plein soleil.

En parlant de soleil, à 23h30 il est officiellement couché depuis un moment mais il ne fait pas encore tout à fait nuit. La nuit dernière, Il faisait déjà jour vers 3h quand je me suis réveillé (rassurez-vous je me suis rendormi sans peine). Ça aussi ça fait une drôle d’impression.

Ce matin j’ai commencé mon programme par la visite du château de Turku, juste à côté de mon bateau-hôtel.

Le château de Turku

Turku a longtemps été la ville la plus importante de Finlande. Pendant la tutelle suédoise (jusqu’en 1809), Turku était la capitale du duché de Finlande, donc en quelque sorte la capitale du pays.

Le château n’est pas très impressionnant de l’extérieur. Ça manque de tours et de créneaux. Mais il est très vaste à l’intérieur et offre beaucoup de choses à voir sur l’histoire du château et de ses occupants.

Il a beaucoup souffert de la guerre de continuation, durant laquelle il a été bombardé par les soviétiques. En tant que symbole national il a été largement reconstruit après. Le parcours de visite se termine d’ailleurs par une exposition sur la reconstruction et la cérémonie d’inauguration du nouveau château.

À côté de mon bateau-hôtel se trouve aussi un musée maritime, avec quelques bateaux à flot.

Le mouilleur de mines Keihässalmi

Parce qu’il n’y pas que les avions dans la vie, j’ai visité le mouilleur de mines Keihässalmi et la canonnière Karjala. Ce sont deux petites unités (60 et 70 hommes d’équipage) rapides et bien armées, très adaptées à la défense des côtes de la Finlande parsemées de petites îles.

Ces deux bateaux, qui datent des années 50 et 60, sont livrés aux visiteurs sans beaucoup d’explications, mais avec un peu d’expérience on s’y repère vite. Chose intéressante, et typique de la Finlande, certains armements ou équipement sont d’origine occidentale (USA, Allemagne, Suède) et d’autres viennent d’URSS.

Le centre ville de Turku était presque autant animé ce matin qu’hier soir. Pour autant, je ne l’ai pas trouvé très joli. Il faut dire que la ville a été détruite par un incendie en 1827, puis a été reconstruite sur un plan quadrillé toujours en vigueur. Après la guerre, un boom démographique a accéléré la construction d’immeubles modernes à la place des maisons plus anciennes.

Le bâtiment le plus ancien du centre ville est la cathédrale (le château est à plusieurs kilomètres).

La cathédrale de Turku

C’est une grande église en brique, qui me rappelle un peu celles que j’ai vues à Wismar, en Allemagne, de l’autre côté de la Baltique. Sa construction a commencé au XIIIIème siècle et elle a été constamment agrandie par la suite. Le clocher actuel date d’après le grand incendie de 1827 qui avait occasionné de grands dégâts à la cathédrale.

Il en est de même de l’intérieur, tout en sobriété luthérienne.

Dans la cathédrale de Turku

La cathédrale de Turku est la plus grande des églises évangéliques luthériennes de Finlande.

Particularité : l’autel n’est pas dans la nef, mais au delà de ses derniers piliers, là où se trouve en général une chapelle.

J’ai quitté Turku vers 15h, car j’avais de la route à faire pour rejoindre ma prochaine étape : Hämennlinna.

En chemin je me suis arrêté au Panssarimueo, ou musée des blindés, à Parola, parce qu’il n’y a pas que les avions et les bateaux dans la vie.

Le musées des blindés de Parola

A quelques exceptions près, les modèles exposés proviennent de l’armée finlandaise, dont l’école des blindés est à quelques kilomètres du musée. C’est la même chose pour les musées de Saumur en France, Munster en Allemagne et Bovington en Angleterre, pour ne citer que les musées de blindés que j’ai visités.

La collection comporte beaucoup d’engins soviétiques capturés par les finlandais pendant les guerres d’hiver (1939-40) puis de continuation (1941-44). Certains ont même été réutilisés par les finlandais contre leurs anciens propriétaires.

Une pièce rare exposée par ce musée est un train blindé.

Parola n’est qu’à quelques kilomètres d’Hämenlinna où je suis arrivé vers 18h30. La ville est encore moins jolie que Turku, mais ce n’est pas grave, il y a quand même des choses intéressantes à voir, mais on verra ça demain.

Le premier jour en Finlande

Me voilà en Finlande pour une bonne semaine.

A peine descendu de l’avion et après quelques kilomètres au volant de ma Volvo V40 de location, j’arrive au musée  de l’aviation finlandaise.

Les avions militaires du musée de l'aviation

Sans surprise, on y trouve des avions militaires et civils qui ont été exploités en Finlande. Il s’agit essentiellement d’appareils de fabrication allemande ou russe (pas de trace du français Morane-Saulnier MS.406 hélas), mais il y a aussi quelques avions conçus localement.
Le musée n’est pas très grand, mais intéressant quand même. Et puis de toute façon, il était sur ma route, je n’allais pas rater cette occasion.

Ensuite j’ai mis le cap à l’est, vers Turku.

Chemin faisant, ma première impression sur le pays s’est confirmée : le pays est agréablement vert et plutôt plat, en tout cas dans cette région du sud du pays. Il fait très beau mais pas chaud, environ 16° l’après-midi.

Avant d’arriver à Turku, un petit détour sur l’île de Kuusisto, une des centaines d’îles au sud de Turku.

Le château de Kuusisto

Sur cette île, un château a été édifié au XIVème siècle par les évêques de Turku. Il n’en reste pas grand-chose, mais le site est très joli.

Enfin j’arrive à Turku et à mon hôtel en début de soirée.

Mon hôtel à Turku

C’est le S/S Bore, bateau construit en 1960 et qui est aujourd’hui un hôtel. C’est l’auberge de jeunesse de la ville, mais j’ai une cabine individuelle avec salle de bain.

Il faut une bonne demie-heure à pied pour rejoindre le centre-ville le long de la rivière Aura. Les rives sont très animées, grâce aux nombreux bateaux qui font bar ou restaurant.

Nous sommes en juin et très au nord, et à 22h30 il fait encore bien jour.

Le port de Turku

Turku est l’ancienne capitale de la Finlande mais nous en saurons plus demain.