Archives de catégorie : Berlin 2017

La Révélation

Au fil de mes voyages en Allemagne, j’ai remarqué une constante architecturale.

Gendarmenmarkt
Gendarmenmarkt, Berlin
Schloss Charlottenburg côté ville
Schloss Charlottenburg
Schloss Karlsruhe
Eglise Saint Michel à Iéna
Dresde
Le nouvel hôtel de ville de Leipzig
L'ancien hôtel de ville
L’ancien hôtel de ville de Berlin

Il y a une forme qui revient souvent. Visiblement cette forme plaît beaucoup en Allemagne, et ma réflexion n’allait pas plus loin.

Et puis soudain j’ai fait le lien avec une autre obsession allemande :

Nous sommes en plein Spargelzeit, ou saison des asperges. On en trouve sur les marchés ou sur des étals au bord des routes et les restaurants ont une carte spéciale pleine d’asperges : asperge et escalope, asperges et jambon, asperges et steak, etc…

Les asperges sont partout !

Dernier jour à Berlin

Le départ de mon avion est prévu à 15:20, ce qui me laisse un peu de temps pour me promener avant de partir.

J’ai décidé de commencer la matinée par « Hyeronimus Bosch : Visions Alive », installation découverte grâce à la publicité locale.

Hyeronimus Bosch

Des animations réalisées à partir des tableaux de Jérôme Bosch sont projetées sur les murs d’une grande salle plongée dans le noir. Pas de commentaire, mais une douce musique. Les spectateurs prennent place sur des bancs ou, mieux, de larges coussins. Une salle annexe présente plus en détails l’oeuvre du maître, dont on a célébré le cinq centième anniversaire de la mort l’année dernière.

J’ai beaucoup apprécié cette installation. C’était esthétique et onirique, et un moment de détente bien agréable.

Cette installation n’est pas loin du chantier de l’Humboldt Forum, que je voulais voir avant de partir.

Il y a un autre chantier que l’on ne voit pas sur ces photos mais qui ne passe pas inaperçu : celui de la ligne de métro U5 qui reliera bientôt Alexanderplatz à la Brandenburger Tor. C’est la liaison qui manque à Berlin. Elle était d’ailleurs prévue il y a plus de cent ans, quand le métro de Berlin a été planifié. Le tunnel nécessaire avait été creusé à l’époque, au moins en partie, et il attend toujours son premier train. Mais les vicissitudes  de l’histoire (la grande dépression, la guerre, la division de la ville) ont suspendu ce projet, qui a repris depuis ma dernière visite. Là aussi la nouvelle ligne sera certainement opérationnelle la prochaine fois que je viendrai.

Pour l’instant, j’ai suivi tout Unter den Linden jusqu’à la porte de Brandebourg, le symbole de Berlin que tout touriste qui se respecte doit visiter.

La porte de Brandebourg est toujours très fréquentée.

Il est maintenant temps de rentrer à l’hôtel récupérer la valise et prendre le bus pour l’aéroport. Tegel n’est pas loin du centre-ville. C’est l’affaire de moins de 20 minutes en bus, et pour le prix d’un ticket de bus ordinaire.

Le vol s’est bien passé, on est même arrivé avec dix minutes d’avance à Roissy. Petite avance qui n’est rien devant les 3 heures pour rejoindre Massy par le RER, contre 1 en temps normal.

Mais ce désagrément ne sera pas suffisant pour gâcher ce beau week-end frais mais finalement ensoleillé.

Vous trouverez par ailleurs plus de détails sur Potsdam, Charlottenburg et Tempelhof.

Humboldt Forum

Ici, juste à côté de la cathédrale, se trouvait le palais royal de Berlin. Ce dernier a été endommagé pendant la guerre, comme beaucoup d’autres bâtiments historiques. Mais à la différence de la plupart d’entre eux, le palais royal n’a pas été restauré. Bien au contraire, pour des raisons que j’imagine politiques et symboliques, les autorités de la RDA (nous sommes ici du côté Est de Berlin) l’ont rasé pour construire le Palast der Republik, vitrine officielle du régime. Je n’en ai pas de souvenir précis, mais je pense avoir vu ce nouveau palais en lors de ma première visite en 1987.

Ce qui est sûr c’est qu’après la réunification, le nouveau gouvernement fédéral a décidé le démantèlement du Palast der Republik, pour des raisons tout aussi politiques et symboliques j’imagine. J’en ai été témoin en 2007 :

Palast der Republik en cours de démantèlement

Le but était de faire place nette, pour une reconstruction du palais royal. Le nouveau bâtiment ne reprendra que les dimensions et l’aspect extérieur du palais royal original. Par contre l’intérieur ne sera pas reconstitué, mais recevra un nouveau musée des cultures non-européennes.
Lors de ma précédente visite, en 2012, le chantier n’en était qu’aux fondations :

Le chantier du Humboldt Forum

Aujourd’hui le chantier semble en bonne voie :

Le nouveau palais en construction

Je parie qu’il sera terminé lors de ma prochaine visite !

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Réponse en 2019 : quasiment !

Humboldt forum

Quatrième jour à Berlin

La journée a commencé avec un ciel bleu vide de nuages. Elle est restée majoritairement ensoleillée et toujours très froide.

J’ai commencé la journée par le château de Charlottenburg, une des résidences des rois et reines de Prusse.

Schloss Charlottenburg côté ville

Malheureusement la moitié du château est fermée pour travaux, mais celle qui reste est déjà très jolie. Quand on parle de Prusse, on a des images strictes et militaires en tête. Mais c’est oublier le rose et le doré de la décoration des châteaux des rois de Prusse.  Le château est bordé d’un parc très agréable, avec quelques chutes de neige très décoratives.

Changement de quartier et d’époque pour l’étape suivante : Tempelhof.

La façade de l'aérogare de Tempelhof

L’aéroport du centre-ville de Berlin a été conçu en 1936 et a été assez peu endommagé pendant la guerre. Mais le bâtiment que l’on voit aujourd’hui est en fait inachevé. C’est ce que j’ai appris en suivante une très intéressante visite guidée de 2 heures, du toit aux sous-terrains.

A quelques centaines de mètres de Tempelhof se cache un autre souvenir de l’architecture nazie : le Schwer­belastungs­körper, ou corps de charge lourde.

Schwer­belastungs­körper

C’est un de rares vestiges de Germania, le projet de transformation de la capitale du Reich. Nous sommes sur l’axe nord-sud, à l’emplacement de l’énorme arc de triomphe qui devait marquer le début de l’avenue triomphale menant à la grande halle. Mais avant de le construire il fallait s’assurer de la résistance du sol devant une telle charge. C’est pourquoi on a construit cet échantillon. Qui est surtout un témoin de l’irrationalité méthodique des nazis. Et de leur amour jamais démenti du béton armé. Le site est géré par l’association Berlin Unterwelten.

Après 4 jours à Berlin, on n’a pas beaucoup parlé du mur. Pour y remédier je suis allé à Checkpoint Charlie, qui était le point de passage le plus connu. Aujourd’hui il n’y a plus de trace du mur, mais la mémoire est entretenue pour le bénéfice des touristes, grâce à quelques attractions, comme la cabane du poste frontière où des saltimbanques en uniforme se font prendre en photo moyennant finance. Comme le Lénine sur la place rouge à Moscou ou les centurions romains devant le Colisée. La dernière attraction est un panorama géant, oeuvre de l’artiste Asisi qui en a réalisé d’autres en Europe. C’est plutôt bien réalisé, mais le prix demandé est excessif par rapport au temps qu’on y passe.

J’avais envisagé faire un tour en ballon captif, à deux pas de Checkpoint Charlie, mais les conditions météo sont contraires et j’ai donc poussé un peu plus loin.

A mi-chemin entre Checkpoint Charlie et Potsdamer Platz, Topographie des Terrors est une exposition très complète consacrée au système répressif nazi.

Topographie des Terrors

Le lieu est le site du siège de la Gestapo, au coeur du quartier des ministères  nazi (le ministère de l’air est de l’autre côté de la rue). Cet endroit existait déjà lors de ma visite de 2007, mais a été considérablement amélioré depuis. A l’époque, il n’y avait qu’une série de panneaux en extérieur. Il sont toujours là, mais plus modernes, et surtout un nouveau bâtiment est apparu. Il contient la suite de l’exposition ainsi qu’une bibliothèque de recherche. L’ensemble est gratuit et sert à l’édification du public, à condition de faire l’effort de digérer la masse considérable d’informations.

J’en suis sorti vers 19h30. A cette heure là le soleil commençait à se coucher et brillait comme jamais. Mais je n’avais plus les jambes pour en profiter et je suis rentré après avoir mangé une entrecôte de boeuf d’Argentine.

Des articles plus détaillés seront consacrés à Charlottenburg et Tempelhof.

Tempelhof

Tempelhof Flugplatz était le premier aéroport de Berlin. Il était encore en service en 2007 lors de ma première visite mais il a été fermé au trafic en 2008. Sa petite taille et sa situation au beau milieu de la ville le rendaient impropre au trafic moderne.

Les bâtiments ont aujourd’hui d’autres usages : bureaux, boîte de nuit et même studios de cinéma. Quant aux deux pistes d’atterrissage et aux espaces qui les entourent, ils servent aujourd’hui de terrains de jeux aux Berlinois, comme j’ai pu le voir lors de ma deuxième visite.

L’aéroport de Tempelhof a une histoire passionnante, comme me l’a appris la visite guidée de deux heures (en anglais).

La façade est volontairement imposante.

La façade de l'aérogare de Tempelhof

Elle a un certain air de famille avec celle du ministère de l’air, qui date de la même époque.

L'ancien ministère de l'air du 3ème Reich

Aujourd’hui c’est le ministère des finances, mais revenons à nos moutons.

En terme de superficie au sol, l’aéroport de Tempelhof est le troisième bâtiment au monde (après le Pentagone à Washington et le palais présidentiel de Bucarest). Le bâtiment a la forme d’un quart de cercle pour une longueur de 1230m. La visite n’ira pas d’un bout à l’autre, mais depuis la terrasse on a une bonne idée de l’ampleur de la chose.

Sur le toit de l'aéroport de Tempelhof

Les travaux se sont étalés de 1936 à 1941. Les concepteurs avaient de grands projets qui ne se sont pas tous concrétisés, en raison de la guerre mais pas seulement.

Par exemple il était prévu que les toits soient garnis de tribunes capables d’accueillir 80 000 personnes. Pour situer, le stade olympique avait une capacité de 25 000. Certes les mouvements des avions étaient un spectacle qui attirait les foules en ce temps là, mais quand même pas à ce point là. Les tours carrées qui ponctuent l’extérieur du cercle devaient recevoir les cages d’escalier, mais comme les tribunes n’ont jamais été construites, les tours sont restées vides.

L'extérieur de l'aéroport de Tempelhof

Il avait même été envisagé d’étendre les bâtiments pour former une enceinte tout autour du champ d’aviation et ainsi constituer une tribune pour 1 million de spectateurs. Mégalomanie, quand tu nous tiens…

Mais tout n’était pas fantaisie dans le projet. L’aéroport de Tempelhof est considéré comme le premier aéroport moderne. Il a été conçu pour séparer et optimiser les flux de départ et d’arrivée, pour les passagers et le fret.

La grande salle de l’aérogare est aujourd’hui telle qu’elle était le jour de sa fermeture, le 30 octobre 2008, et telle qu’elle était aussi depuis les années 50.

L'aérogare de Tempelhof

Pendant la guerre, le site avait été converti en usine aéronautique. Les ouvriers étaient des prisonniers hébergés dans des baraques sur place. On peut voir  des restes des installations industrielles dans les tunnels qui passent sous l’aéroport. Ces tunnels étaient prévus pour acheminer le fret à l’aéroport

Les bâtiments de l’aéroport n’ont pas été bombardés par les anglo-américains pendant la guerre. Apparemment ils avaient trouvé plus judicieux de préserver le bâtiment qui constituait un excellent point de repère pour les bombardiers.

Le moment de gloire de l’aéroport de Tempelhof a été le pont aérien de Berlin.  Entre le 24 juin 1948 et le 12 mai 1949, les soviétiques ont imposé un blocus terrestre de la ville, espérant forcer les alliés occidentaux à abandonner Berlin. Au contraire les alliés ont ravitaillé la ville par la voie aérienne.

Au plus fort du pont aérien, un avion atterrissait toutes les 3 minutes. Au total, 2 325 509 tonnes de marchandises (nourriture, médicaments, charbon, essence) ont été transportées à Berlin en 280 000 vols.

Au début le trafic se concentrait sur Tempelhof et Gatow, en zone anglaise. Un nouvel aéroport a été construit en 90 jours dans la zone française, à Tegel. Des hydravions britanniques ont également été employé pour transporter du sel et du charbon. lls amerrissaient sur le Wansee ou la Havel.

Un monument commémore le pont arien et rend hommage aux 83 personnes décédées dans les, seulement, 25 accidents survenus pendant l’opération.
Le monument du pont aérien de Berlin (1948-49)

Après la guerre, la moitié ouest du bâtiment était utilisé par l’aéroport civil, et la moitié est par l’US Air Force, comme base logistique. Il n’y a jamais eu d’avions de combat à Tempelhof.

Les autorités militaires américaines étant toujours soucieuses du confort des troupes, et la base était dotée de bars et salles de sport.

La salle de sport des militaires américains de Tempelhof

Celle-ci occupe le volume prévu pour une salle de bal, au dessus du hall d’entrée de l’aérogare, mais comme très peu de choses du plan initial ont été faites comme prévu, ce n’est pas bien grave.

La visite guidée ne couvrait parcourait pas tout le bâtiment d’un bout à l’autre, mais de haut en bas, depuis la terrasse jusqu’à un abri anti-bombardement de sous-sol. Mais surtout le commentaire historique était particulièrement riche et intéressant. Et il ne concernait pas que le passé.

Depuis la fermeture de Tempelhof, Berlin compte deux aéroport : Tegel dans l’ex-zone française au nord et Schönefeld dans l’ex-zone socvétique au sud. Les deux sont modestes, et Berlin, capitale depuis la réunification, mérite un aéroport plus important. C’est prévu. Un nouvel aéroport, Berlin-Brandenburg, est prévu pour  remplacer Tegel et Schönefeld. Sa construction a commencé en 2006 pour une ouverture initialement prévue en 2010.

Mais depuis rien ne va. Retard, dépassements de budget, accidents, pannes, installations qui ne fonctionnent pas, les ennuis s’accumulent et la date d’ouverture est sans cesse repoussée. C’est devenu un gag à répétition.

Ça veut surtout dire que je ne sais pas encore quel aéroport j’emprunterai la prochaine fois. Mais cette incertitude ne m’empêchera pas de retourner à Berlin.

Charlottenburg

Les origines du château de Charlottenburg remontent à 1695, sous le nom de Lietzenburg. Il fut commandé par la reine Sophie-Charlotte, épouse de Frédéric III, électeur de Brandebourg, qui prendra ensuite en 1700 le titre de roi en Prusse (et pas de Prusse), sous le nom de Frédéric Ier.  Frédéric Ier est le grand-père de Frédéric II.

A la mort de Sophie-Charlotte, son royal époux donna son nom au château : Charlottenburg, et par extension au quartier de Berlin qui l’entoure.

Un grande partie du château est en ce moment en travaux. Ici aussi, la visite se fait par créneau horaire et l’audio-guide en français est fourni. Je suis arrivé le premier, à l’ouverture, et pendant quelques minutes j’ai eu le palais pour moi tout seul.

Je suis le premier visiteur du jour.

C’est assez jouissif, mais ça n’a pas duré.

La partie visitable est essentiellement due à Frédéric II, avec notamment la galerie dorée, parfait exemple du rococo frédéricien datant de 1746.

La salle dorée de Charlottenburg

C’est la plus grande salle du château et servait bien sûr de salle de bal.  Les décors dorés sont des motifs floraux qui prolongent le parc, que l’on peut voir par les fenêtres de gauche.

Une remarque en passant : quand on dit « prussien », on pense casque à pointe et pas dorures sur fond vert pâle. Et pourtant on est ici en plein dedans.

L’autre personnalité de Charlottenburg est la reine Louise (Louise Augusta Wilhelmine Amélie de Mecklembourg-Strelitz). Celle qui a personnifié le combat contre Napoléon a vécu à Charlottenburg. Elle était connue pour sa grande beauté et était très populaire. Hélas elle est morte très jeune. Cinquante ans plus tard, elle aurait fait concurrence à Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach (ou Sissi).

On peut voir sa chambre à coucher.

La chambre de la reine Luise

C’est sa deuxième chambre. La première avait été occupée par Napoléon pendant qu’elle était en exil, après sa victoire de 1806. A son retour, Louise avait préféré changer de chambre.

Le château de Charlottenburg abrite une grande collection de vaisselle d’argent et de porcelaine, ainsi qu’une partie des joyaux de la couronne de Prusse, dont ce sceptre.

Régalia récursif

J’aime beaucoup le motif récursif du sceptre qui porte un aigle qui tient un sceptre qui porte un aigle qui tient un sceptre etc… Je ne crois pas avoir jamais remarqué une telle chose.

La partie du château que l’on peut visiter actuellement s’appelle la nouvelle aile (Neuer Flügel). A quelques mètres se trouve le nouveau pavillon (Neueur Pavillon). Il a été contruit en 1825 pour le roi Frédéric-Guillaume III (le mari de Louise) dans un style classique inspiré d’une villa italienne.

Le salon du nouveau pavillon

C’est une délicieuse petite résidence idéale pour l’été avec vue sur le parc. Aujourd’hui il expose une petite collection de peintures allemandes.

Le parc du château comporte des parterres à la française et une petite forêt sillonnée de petites rivières. Au détour d’un chemin, on arrive au Mausolée.

Le mausolée dans le parc de Charlottenburg

Il a été érigé comme tombeau pour Frédéric-Guillaume III et la reine Louise. Plus tard l’empereur Guillaume Ier et l’impératrice Augusta les rejoindront.

Le dernier édifice du parc de Charlottenburg est le Belvédère.

Belvédère

Le Belvédère a été construit en 1788 pour Frédéric-Guillaume II (le père de Frédéric-Guillaume III) comme maison de thé. Oui, un salon de thé aurait été trop simple. Fort logiquement le Belvédère abrite aujourd’hui une importante collection de porcelaines de la Manufacture Royale de Porcelaine de Berlin. Une concurrente de la Manufacture Royale de Porcelaine de Meissen, en Saxe.

Je suis arrivé au bout du parc. Je l’ai parcouru plutôt rapidement, à cause des chutes de neige, mais il faut dire aussi que j’ai un rendez-vous à l’autre bout de la ville. Justement la gare du S-Bahn n’est pas loin, juste de l’autre côté de la Spree.

Troisième jour à Berlin

Aujourd’hui j’ai commencé par faire un tour dans le quartier de l’hôtel, dans le haut du Kurfürstendamm et autour de l’église du Souvenir de l’Empereur Guillaume (en allemand : Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche-Kirche). Le souvenir en question n’a donc rien à voir avec la second guerre mondiale et ses destructions, mais le fait d’avoir conservé l’église dans son état semi-détruit a une valeur symbolique forte.

Le quartier regorge d’édifices des années 50, période de la reconstruction.

En direct des années 50

Mais juste à côté se trouvent des immeubles bien plus récents.

Moderne

L’essentiel de la journée a été consacré au Deutsches Technikmusem. C’est le genre d’endroit où je peux passez beaucoup de temps.

Pour terminer la journée, je suis retourné au Kurfürstendamm pour visiter Story of Berlin.

C’est un musée consacré à l’histoire de Berlin, de sa fondation au XIIIème siècle à la chute du mur en 1989. Les périodes majeures sont celles du règne de Frédéric II de Prusse, dit Frédéric le Grand (celui de Sanssouci), de 1740 à 1786, puis celle de l’expansion industrielle à la fin du XIXème siècle.

C’est bien raconté, en mêlant petite et grande histoire.

En bonus, la visite inclut un bunker sous-terrain, abri construit au début des années 1970, en pleine guerre froide, pour protéger la population en cas de guerre nucléaire. Il était conçu pour recevoir 3600 personnes pendant 2 semaines. En gros c’est un grand espace couvert de couchettes avec quelques sanitaires et des stocks de nourriture.

L'abri sous le Kurfürstendamm

Plusieurs abris similaires ont été construits, des deux côtés du mur, et certains pourraient encore servir. Au cas où. Toutefois, vu le dénuement des installations, on peut s’interroger sur l’efficacité d’un tel abri. D’ailleurs jamais aucun exercice n’a été tenté. En outre, la capacité cumulée de tous les abris ne représentait même pas 1% de la population de la ville. Donc qui entre dans l’abri ? Comment cohabiteront tant de personnes dans une telle promiscuité ? On ne sait pas, et espérons ne pas avoir à le savoir.

Pour se remettre de ces émotions, quoi de mieux que le tradtionnel jarret grillé (Shweinhaxe) croustillant à souhait.

Très bon, mais trop gros pour prendre l’Apflestrudel qui aurait dû aller avec.

Le musée de la Technique

J’aime les musée techniques et je n’avais pas encore visité celui de Berlin : le Deutsches Technikmusem. C’est aujourd’hui chose faite.

Comme toujours dans ce genre de musée on peut y voir des tas de machines dans tous les domaines, et comme toujours, surtout lors de journées pluvieuses, des tas de gamins courent d’un atelier à l’autre et c’est plutôt sympathique.

Les sections qui m’ont plus particulièrement intéressées étaient celles sur la photographie et l’informatique. On y trouve les appareils photos de Ernst Leitz (Leica) et les ordinateurs de Konrad Zuse.

En tant que pionnier de l’informatique, Zuse est moins connu que Turing ou Van Neumann, sauf en Allemagne. Konrad Zuse n’était pas mathématicien mais ingénieur en structure et il a conçu en 1938 un calculateur mécanique (le Z1) pour l’aider dans ses calculs. Il a ensuite développé d’autres machines pendant la guerre et après. Le musée en expose plusieurs dont une réplique du Z1.

Réplique du Z1, prermier ordinateur électromécanique (1937)

La société Zuse a disparu dans les années 1970 après avoir vendu 250 machines, des gros ordinateurs centraux, surtout aux administrations et entreprises allemandes. Zuse n’a donc pas eu la même influence dans le monde qu’IBM.

Le musée a aussi des beaux espaces consacrés à la navigation et à l’aviation.

Dans le Deutsches Technikmusem

La partie consacrée à l’automobile est modeste, mais possède quelques raretés comme cette automobile Zündapp Janus, marque plus connue pour ses motos.

Zündapp Janus (1957)

Enfin la section la plus récente s’appelle Netz (Réseau). La notion de réseau y est abordée sous tous les aspects : réseaux de télécommunications, internet, domotique, cartographie, musique, commerce et jeux en ligne, et bien d’autres encore. Cette section est bien présentée. Elle relie bien le passé (avant les réseaux) à l’avenir, notamment sur la fabrication et la diffusion de la connaissance.

Le tout était très intéressant et permet de passer un bon moment au chaud et à l’abri des giboulées d’avril.

Deuxième jour à Berlin

J’ai passé la journée d’hier à Potsdam. Le titre est donc un peu trompeur.

Potsdam est une grande ville qui jouxte Berlin sur sa frontière sud-ouest. Potsdam n’est pas dans le Land de Berlin, mais dans celui du Brandenburg, dont elle est la capitale. Pendant la période communiste Potsdam était donc du côté Est.

Potsdam est surtout connue pour ses châteaux. En effet c’était la ville de résidence des rois de Prusse qui s’y sont fait construire plusieurs palais.

La visite de Potsdam est un sport extrême. Il y a beaucoup de choses à voir et elles sont étalées sur de grandes distances.

En une journée d’une rare densité j’ai ainsi visité Schloss Sanssouci, Orangerieschloss, Neues Palais, Chinesisches Haus, Schloss Cecilienhof, et Marmorpalais, plus un petit tour en ville incluant les quartiers russes et hollandais.

Il y a bien d’autres sites à visiter, mais tous n’étaient pas ouverts. En tout cas il est matériellement impossible de tout voir en une journée. Je me suis contenté des sites principaux et c’est déjà pas mal.

La journée a été arrosée de 3 petites averses (dont 1 avec grêle) et 2 déluges (avec grêle). Heureusement ces arrosages intempestifs n’ont pas duré trop longtemps et j’étais à l’abris pendant les plus sérieux. En dehors de ces épisodes arrosés, le ciel était bien bleu, les nuages bien blancs et le soleil bien brillant, mais pas chaud.

Plus de détails sur les châteaux de Potsdam sur cette page.

Potsdam

Une petite ville au sud-ouest et à petite distance de la capitale, connue pour son parc et son château royal. Cette rapide description correspond à Versailles. Elle pourrait correspondre aussi à Potsdam. A un petit détail près : Potsdam ne compte pas un château, mais plusieurs.

Potsdam est facile d’accès depuis Berlin : 20 minutes de train depuis la station Zoologische Garten, à côté de mon hôtel, jusqu’à la gare principale de Potsdam, où je suis arrivé peu après 9h. Pour arriver à pied d’oeuvre, il faut compter 3 kilomètres. La journée va être longue je choisis le bus 695 pour arriver à Sanssouci sans souci. Le X15 est plus rapide, mais il n’entre en service qu’à 10h. De toute façon il n’y a pas d’urgence : la caisse n’ouvre qu’à 10h.

Un billet combiné permet de visiter tous les sites de Potsdam en une journée. Ce qui est matériellement impossible. Il y en a une quinzaine répartis sur une grande surface, et tous ne sont pas ouverts tous les jours. La plupart sont fermés le lundi (mais aujourd’hui, jour férié, ils sont ouverts) sauf le Neues Palais qui est fermé le mardi.

Ami touriste : calcule bien ton affaire !

Tous les châteaux se visitent avec un audio-guide en français sauf l’Orangerie et le Marmorpalais où la visite guidée en allemand est obligatoire. Un résumé écrit en français est fourni, et il est possible de poser des questions en anglais.

Le mieux est de commencer par visiter le château de Sanssouci, parce que c’est le site plus fréquenté et le billet est valable pour un créneau horaire donné, et ceux-ci peuvent vite se remplir les jours d’affluence. En plus ce château est en bordure du parc près de l’arrêt de bus. Etant arrivé assez tôt, je suis entré dans le premier créneau, à 10h15.

Schloss Sanssouci

Sanssouci, ou « Sans, souci » comme inscrit sur la façade, est le premier château construit à Potsdam. C’est une résidence d’été que Frédéric II (ou Frédéric le Grand) a imaginé a son idée et s’est fait construire en 1747. Frédéric, comme une bonne partie de la noblesse allemande, appréciait et pratiquait la langue française. Ainsi plusieurs châteaux ont des noms français : Schloss Monrepos, Schloss Solitude ou Schloss Sansssouci.

Sur la terrasse qui est en avant de la façade du château, Frédéric II avait fait creuser un caveau, où il voulait être enseveli, et il disait :  « Quand je serai là, je serai sans souci. »

Pour ce dernier, Frédéric II avait fait préparé son caveau

La résidence est assez modeste par ses dimensions, mais pas par son décor. Ainsi le salon de musique :

Le salon de musique de Sanssouci

Au XVIIIème siècle tous les châteaux avaient un salon de musique, et Frédéric pratiquait avec assiduité la flûte, que l’on peut voir ici dans une vitrine sur le piano. L’audio-guide joue d’ailleurs des morceaux composés par le monarque. Classe. Avis aux amateurs : le CD est en vente à la boutique.

Un thème majeur de la décoration de Sanssouci est la vigne. C’est surtout visible de l’extérieur.

Sanssouci et ses vignes

Le château est au sommet de terrasses en escalier où les pieds de vignes sont protégés derrière des portes vitrées. On est quand même à 52° de longitude nord (comme Amsterdam).

Juste à côté de Sanssouci se trouvent les « nouvelles chambres » (Schloss Neue Kammern). Erigées comme orangerie de Sanssouci, Frédéric II les a fait transformer en résidence pour ses invités. J’ai fait l’impasse.

L’Orangerie actuelle (Schlossorangerie) est peu plus loin. J’y suis arrivé juste à l’heure pour un départ de visite guidée.

L'Orangerie

Elle a été érigée  entre 1851 et 1864 par le roi Frédéric-Guillaume IV (le petit-fils du neveu de Frédéric II). On ne peut pas le voir sur la photo, mais le bâtiment fait 300m de long. Les ailes constituent l’orangerie proprement dite, avec les arbres mis à l’abris pendant l’hiver. Le corps central est réservé à la résidence.

La salle la plus spectaculaire de l’Orangerie est la salle Raphaël.

La salle Raphaël dans l'Orangerie

Il s’agit de la plus grande collection de reproductions de tableaux de Raphaël au monde. Je n’ai vu que quelques uns des originaux, notamment à Dresde.

Le Neues Palais Von Sanssouci (le nouveau palais de Sanssouci) est à l’autre extrémité du parc.

Neues Palais, côté parc

C’est un autre palais d’été commandé par Frédéric II et construit entre 1763 et 1769. Il s’agit encore d’un palais d’été mais bien plus imposant que Sanssouci. Frédéric l’a fait décoré dans un style rocaille, ou baroque frédéricien, qui n’était déjà plus à la mode à l’époque.

La pièce la plus étonnante est la salle de la Grotte décorée de centaines de milliers de coquillages.

La grotte du Neues Palais

On trouve assez souvent ce genre de grotte artificielle dans les jardins européens depuis l’antiquité. J’en ai vu une très belle à Isola Bella sur le lac Majeur en Italie, par exemple. Mais il est inédit dans ce genre de palais et à cette échelle. Guillaume Ier, lointain successeur de Frédéric II, trouvait ce décor pas assez fastueux et a fait ajouter des pierres semi-précieuses.

Comme il se doit, le Neues Palais a sa salle de musique.

Le salon de musique du Neues Palais

Notez qu’ici le décor n’est pas doré mais argenté. Frédéric II aimait bien les décors argentés. Le parquet est également remarquable, mais fragile, donc on ne marche pas dessus.

Autre salle spectaculaire, la salle des marbres.

Le salon de musique du Neues Palais

Elle est située juste au dessus de la grotte. Pour cette raison ses soubassements ne sont pas à la mesure du poids de ses marbres, ce qui fait qu’elle a subit d’importants travaux de consolidation et n’a été rouverte au public que récemment.

Le Neues Palais est grand, mais pas assez. C’est pourquoi les Communs (en allemand dans le texte) on été ajouté en face.

Les Communs

Ces bâtiments imposants recevaient les dépendances et le corps de garde. L’université de Brandenburg s’y est installée et on ne visite pas.

Nous sommes arrivés au bout du parc. Il est possible de reprendre le bus 695 pour revenir vers la ville, mais j’ai décidé de retraverser le parc à pied jusqu’à la ville, via la porte de Brandebourg. Celle de Potdsam, pas celle de Berlin.

La porte de Brandebourg

Cette partie de la ville est une zone piétonne plutôt agréable, mais je ne me suis pas trop attardé, juste le temps d’attraper une Bratwurst et le bus 603 qui m’a transporté à l’autre bout de la ville, à l’extrémité des nouveaux jardins (Neuer Garten) où se trouve Schloss Cecilienhof.

C’est le dernier château des Hohenzollern, construit dans le style d’un cottage anglais de 1913 à 1917 pour servir de résidence au prince héritier Guillaume (le fils de Guillaume II, le Kronprinz de la bataille de Verdun) et à son épouse Cécile, d’où le nom. Evidemment Cecilenhof n’a pas le lustre des autres résidences visitées aujourd’hui. Son intérêt est ailleurs

La résidence est entrée dans l’Histoire en juillet 1945 quand elle a été choisie pour recevoir la conférence de Potsdam.

La salle de la conférence de Potsdam à Cecilienhof

Entre le 17 juillet et le 2 août 1945 les puissance alliées victorieuses ont décidé du sort des puissances de l’axe vaincues. C’est ici par exemple qu’a été décidé le partage en quatre zones d’occupation de l’Allemagne et de l’Autriche, ainsi que les nouvelles frontières de l’Allemagne et de la Pologne qui sont toujours en vigueur.

Le parcours de visite raconte bien le contexte de la fin de la guerre et de la conférence, mais aussi les détails pratiques, voire anecdotiques, de la rencontre au sommet entre Truman, Staline et Churchill (remplacé en cours de conférence par Attlee après les élections aux Royaume-Uni). La visite était donc très intéressante.

Enfin à quelques pas le Marmorpalais (palais de marbre) m’attend. J’y suis arrivé juste à temps pour la dernière visite guidée de la journée.

Marmorpalais

Le Marmorpalais a été construit entre 1787 et 1791 pour le roi Frédéric-Guillaume II (neveu de Frédéric II et grand-père de Frédéric-Guillaume IV). Ici le baroque est oublié, on est dans le début du classicisme. Ça change.

Marmorpalais

Notez une spécialité allemande : les savates en feutre.

Le Marmorpalais se visite en chaussons.

Si on ne sa casse pas la figure, on peut ainsi visiter les belles demeures en glissant avec l’élégance du patineur. Et de profiter de parquets somptueux non cachés par de méchants tapis. J’ai déjà expérimenté la chose aux châteaux d’Augustusburg près de Cologne ou d’Hohenzollern l’été dernier.

Cette visite conclut un tour intensif  d’une partie des châteaux de Potsdam. J’ai ensuite marché jusqu’à la gare, pour visiter un peu la ville à petits pas et pour prendre le train vers Berlin.

Pour ma quatrième visite à Berlin, il était temps que je fasse l’excursion de Potsdam.

Il y a bien des choses que je n’ai pas vues à Potsdam, comme le Charlottenhof, le belvédère du mont de la pentecôte, l’église Saint Nicolas ou le musée Barberini, mais ce que j’ai vu valait déjà largement le déplacement. Et les 17 km marchés.