Archives de catégorie : Picardie 2016

Le château de Chantilly

A priori la route de Stuttgart à Massy ne passe pas par Pierrefonds, Compiègne et Chantilly. A moins d’avoir deux bonnes raisons pour faire le détour.

D’une part je ne connaissais pas le château de Chantilly et surtout hier soir David Gilmour s’y produisait en concert. Autant en profiter pour passer la nuit sur place et revenir le lendemain pour visiter le château.

Le château de Chantilly

Comme d’habitude, il y avait un château sur le site depuis fort longtemps, mais la Révolution a tout cassé. Le château que l’on voit aujourd’hui date du XIXème siècle et il est lié à la personne d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale, fils du denier roi de France. Ecarté du trône après l’abdication de son père, il a consacré son temps et sa fortune à son château de Chantilly et à sa passion pour la peinture et les livres anciens.

Avant sa mort, il a légué le domaine et ses collections à la Fondation de France. Le château aujourd’hui est donc à la fois un palais princier, avec les dorures qui vont avec, et un musée de peintures.

Une petite partie de la collection de peinture du duc d'Aumale

Les tableaux sont exposés à touche-touche dans plusieurs salles dans la disposition choisie par le duc. Celui-ci a stipulé par testament qu’elle ne devait pas être changée. Nous visitons donc un musée assez typique du XIXème siècle.

La bibliothèque vaut aussi le coup d’oeil.

La bibliothèque château de Chantilly

Mais Chantilly est aussi la ville du cheval, et le billet d’entrée comprend la visite des grandes écuries.

Les écuries de Chantilly

Cet autre palais borde l’hippodrome de Chantilly. Il abrite des écuries, donc, avec des vrais chevaux, et un musée du cheval. Il est également possible d’y assister à une démonstration de dressage, ce qu’on a fait, voire à des spectacles équestres certains jours.

Même si on n’a pas eu le temps de visiter le musée du cheval, sans parler des 115 hectares du parc, j’ai bien apprécié le château de Chantilly.

C’était la conclusion d’une belle série de résidences princières, royales ou impériales.

Mais il y en aura d’autres !

David Gilmour à Chantilly

Ah Pink Floyd… Bien sûr je n’ai pas vécu l’âge d’or de ce groupe, mais cela n’empêche pas d’apprécier énormément sa musique. L’histoire du groupe est un peu compliquée, mais pour faire simple elle s’est articulée autour de deux artistes : le bassiste Roger Waters et le guitariste David Gilmour.

En 2013 j’ai vu Roger Waters au Stade de France, pour The Wall et c’était fabuleux. Et en 2016 c’est au tour de David Gilmour au château de Chantilly et c’était tout aussi formidable.

Sans être le nez sur la scène on pouvait distinguer les gens sur la scène. Le petit point blanc au milieu, c’est David Gilmour. L’écran géant et rond passait les clips de certaines chansons ou des gros plans sur les artistes, notamment sur le jeu de doigts de Gilmour. J’ai bien cru que la vocaliste de The Gig In The Sky allait perdre sa mâchoire, mais c’est bon, elle a tenu le choc.

Détail amusant, si le Neues Schloss de Stuttgart était encombré d’échafaudages la semaine dernière, c’était pour un festival dont un concert de David Gilmour le 14 juillet.

Passons rapidement sur le lieu du concert : le parc du château de Chantilly. Ce n’est pas l’endroit le plus pratique ni le plus confortable pour un concert de cet ampleur, avec 24000 spectateurs en pleine campagne loin de toute gare. Néanmoins jouir de la bonne musique de David Gilmour en plein air sous le ciel étoilé d’une belle soirée d’été, c’est très très agréable. Et puis ce sera l’occasion de visiter le château de Chantilly.

Le public était très varié, mais largement composé de fans enthousiastes. Parfois un peu trop d’ailleurs, tels ceux qui partent en transe dès la première note de leurs titres favoris, soit à peu près tous.

Comme Mark Knopfler par rapport à Dire Straits, David Gilmour a une carrière solo après Pink Floyd. Mais il a eu le bon goût (et l’intelligence) de proposer pour ce concert un savant de mélange de titres issus de ses disques solos et majoritairement (13 sur 22) d’autres de l’époque Pink Floyd.

Parmi les titres récents, succès assuré pour Rattle That Lock, composé à partir du jingle sonore de la SNCF. Il donne son nom à l’album et à la tournée.

Mais les meilleurs titres sont ceux de Pink Floyd, dont mes préférés : Wish You Were Here, Shine On You Crazy DiamondThe Gig In The SkyRun Like Hell ou, le meilleur pour le final, Comfortably Numb.

C’était l’extase. Un grand merci à Alejandro pour m’avoir incité à venir.

Pour les amateurs : la play list !

NB : ce sont des extraits des différents albums, pas les enregistrements du concert, mais ce sont les mêmes morceaux.

Le palais de Compiègne

Le palais de Compiègne est l’un des nombreux palais royaux des environs de Paris et je ne l’avais pas encore visité.

Le palais de Compiègne

Le site a été fréquenté depuis les Mérovingiens, mais c’est Louis XV, dont c’était la résidence préférée, qui lui donne son aspect extérieur actuel.

Aujourd’hui le palais de Compiègne est essentiellement associé à la mémoire des empereurs Napoléon 1er et Napoléon III. Le premier y a fait réaliser d’importants travaux  d’aménagement intérieur, dont la spectaculaire salle de bal.

La galerie de bal

Vous trouverez des photos d’autres salles, dont les chambres de Napoléon et de Marie-Louise, sur ma page Flickr.

Napoléon III appréciait beaucoup lui aussi Compiègne. C’est ici qu’il a fait la connaissance (et la cour) à Eugénie de Montijo. Compiègne est surtout connue pour les « séries », séjours de plusieurs semaines chaque automne à partir de 1856 avec fêtes et chasse en forêt. Il n’était pas rare qu’une promenade partie de Compiègne aboutissait au chantier de Pierrefonds.

La visite parcourt les salles fréquentées par les deux empereurs ainsi qu’un musée consacré au Second Empire. En cela il fait penser à Fontainebleau, à l’autre extrémité de la région parisienne.

Le château de Pierrefonds

Le château de Pierrefonds a des points communs avec les châteaux de Hohenzollern et du Haut-Koenigsbourg, Chacun de ces trois châteaux est à l’origine un château médiéval en ruine reconstruit à la fin du XIXème siècle par le souverain de l’époque.

Je suis déjà venu à Pierrefonds il a bien longtemps. Mais puisque j’ai visité Hohenzollern et Haut-Koenigsbourg cette semaine, et que je passe dans le coin, une nouvelle visite s’impose.

Le château de Pierrefonds

Les origines du château remontent à 1397. Louis XIII l’a fait démanteler en 1617 et Napoléon 1er rachète les ruines en 1810. Son neveu, Napoléon III pense, en faire une résidence impériale en 1857, mais ce projet ne se concrétise pas et finalement le château est reconstruit comme musée par l’architecte Viollet-le-Duc à partir de 1867. Le chantier sera terminé en 1884, après la chute du Second Empire, et après la mort de Napoléon III et de Viollet-le-Duc.

Alors que la reconstruction Haut-Koenigsbourg se voulait aussi fidèle que possible à son état de 1479, celle de Pierrefonds prend plus de liberté avec la réalité historique. Comme pour Notre Dame de Paris ou la cité de Carcassonne, Viollet-le-Duc met en oeuvre ses conceptions architecturales qui ne sont pas de restaurer à l’identique, mais de faire un château idéal, tel qu’il aurait existé au Moyen-Âge. Cependant Viollet-le-Duc ne fait pas n’importe quoi non plus. En effet il a beaucoup voyagé et a soigneusement étudié l’architecture médiévale. Par ailleurs, des techniques modernes. sont mises à contribution, nous ne sommes pas à Guédelon. Par exemple les charpentes sont métalliques.

Le résultat n’est donc pas un château historique, mais il est quand même très spectaculaire, avec ses grandes tours à double couronne, Et c’est la même chose pour la décoration intérieure, qui a été imaginée par Viollet-le-Duc. Par exemple la salle des Preuses

La salle des Preuses

Cette salle était destinée à épater la galerie, bien sûr, mais aussi à exposer la collection d’armures de l’Empereur. Aujourd’hui ces armures sont au musée de l’Armée, donc la salle est vide, mais un tableau visible au palais de Compiègne donne une idée de cette salle du temps où ses armures étaient encore là.

La cour intérieure est très différente des façades extérieures. Son inspiration est plus renaissance, et elle me fait penser au château de Blois.

la cour du château de Pierrefonds

Quant aux caves, elles contient une importante collection de reproductions de gisants venant de tout le pays dans une mise en scène moderne.

Les caves

Pendant longtemps j’ai tenu Viollet-le-Duc pour un terroriste intellectuel, destructeur de patrimoine. Cependant une exposition à la Cité du Patrimoine et de l’Architecture m’a amené à nuancer ce jugement.

Le château de Pierrefonds est un peu trop net pour être honnête. Ni reconstitution fidèle ni pastiche, c’est un château médiéval du XIXème siècle et en cela il est unique et mérite le détour.