Les lecteurs les plus assidus et observateurs auront remarqué que le mot clé (regardez en bas à gauche) le plus fréquent sur ce blog est « château« . Enfin à part « nourriture », mais ce n’est pas la question.
Donc oui, j’aime bien les châteaux, y compris en ruine. Et si pour une fois on ne visitait pas un château déjà tout cassé, mais plutôt un château en construction.
C’est le château de Guédelon, dont la construction a commencé en 1997. Ou était-ce en 1228 ?
L’idée n’est pas seulement de construire un château, mais de le faire avec les matériaux, les outils et techniques du 13 siècle.
C’est une démarche scientifique qui a pour but de comprendre comment on faisait à l’époque en se mettant dans les mêmes conditions. C’est ce qu’on appelle l’archéologie expérimentale.
Les fondateurs ont choisi une date (1228, donc) et imaginé un seigneur local. Son suzerain l’a autorisé à construire son château. Il sera modeste parce que notre seigneur n’est pas très riche. Il aura la structure du château philippien. Le roi Philippe-Auguste (qui régna de 1180 à 1223) a construit ou fait construire des dizaines de château sur le même modèle, à savoir un château rectangulaire avec un tour à chaque angle, dont une plus grosse que les autres et une porte encadrée de deux autres tours. Le souverain entendait ainsi marquer son territoire en pleine expansion. C’est qu’à l’époque le domaine royal était à peine plus étendu que l’actuelle Île de France. On est encore loin des frontières actuelles, mais c’est un début.
Il n’y a pas de moteur sur le chantier. Les grues sont des cages à écureuil.
>Les seules concessions à la modernité sont liées à la sécurité, pour certains outils ou les échafaudages par exemple. Ou les casques, mais ils sont cachés sous le costume.
Tout ou presque est fait à la main et sur place. Le site du château a été choisi en pleine forêt, près d’une carrière de pierre. Celle-ci contient du minerais de fer dont on fait des outils. Les tuiles du toit ont été faites avec de l’argile trouvée dans la forêt. D’où provient également le bois pour les cabanes ou les charpentes.
J’avais visité le chantier une première fois en 2001. Il y a quinze ans le logis seigneurial n’était même pas commencé.
Aujourd’hui c’est un bâtiment à deux étages et on peut s’y abriter quand il pleut comme aujourd’hui.
Un petit village s’est constitué autour du château. On peut y rencontrer les oeuvriers mais pas seulement.
Le chantier est prévu pour durer environ 25 ans. Il faudra donc revenir pour voir pousser les tours et les courtines.