Archives de catégorie : Allemagne 2016

Le Haut-Koenisgbourg

En Alsace, sur les contreforts des Vosges, impossible de ne pas repérer le château du Haut-Koenisgbourg.

La route du Haut-Koenisgbourg

Je l’avais en ligne de mire depuis la plaine du Rhin,  plus de 30 kilomètres avant d’y arriver.

J’ai déjà visité ce château, il y a bien longtemps, et je n’avais pas prévu d’y passer en rentrant de Stuttgart. Mais une fois à Sigmaringen, une des routes pour rentrer à Metz passe à proximité. En fait c’est en visitant le château de Hohenzollern que j’ai eu envie de revisiter le Haut-Koenisgbourg.

C’est que Hohenzollern et Haut-Koenisgbourg ne manquent pas de points communs. Ce sont deux forteresses médiévales qui étaient largement en ruine et abandonnées avant d’être largement restaurées à la fin du XIXème siécle par les rois de Prusse ou empereurs d’Allemagne. Mais c’est là que les différences commencent.

Comme je le disais hier,  le château de Hohenzollern est une fantaisie architecturale, mais pas une reconstitution exacte. Pour le Haut-Koenisgbourg, c’est différent. L’objectif de la restauration entreprise entre 1901 et 1908 était de créer un château-musée, reconstitution du château tel qu’il était en 1479.

Haut-Koenisgbourg

Mais le propriétaire et financier (pour moitié) de la restauration avait un second objectif. En effet Guillaume II, Empereur d’Allemagne, voulait aussi créer un symbole fort de l’emprise de l’Empire allemand sur l’Alsace récemment conquise. En un sens le Haut-Koenisgbourg marquait ainsi la borne occidentale de l’Empire alors que Malbork, dans la Pologne actuelle (Marienburg dans la Prusse Orientale de l’époque) marquait la borne orientale. D’ailleurs j’ai eu l’impression de retrouver la même ambiance entre les deux cours intérieures du Haut-Koenisgbourg et de Malbork, cette dernière étant beaucoup plus grande.

Du point de vue du touriste, la visite du château du Haut-Koenisgbourg est bien plus satisfaisante que celle du château de Hohnzollern. Le château peut se visiter librement, avec un audio-guide bien fait et disponible dans une dizaine de langues. Et surtout Le circuit de visite est plus étendu et plus varié, même si le décor intérieur des salles d’apparat est un peu dans le même ton médiéval réinventé et kitch.

La grande salle du château du Haut-Koenisgbourg

Je suis arrivé sous la pluie, mais le temps de visiter les salles intérieures et le soleil et le ciel bleu étaient de retour. Il faut bien ça pour profiter du splendide panorama sur la plaine d’Alsace.

La plaine d'Alsace vue depuis le Haut-Koenisgbourg

Hochburg

A Emmendingen, sur les contreforts de la Forêt-Noire et au milieu des vignes, se trouve le château de Hochburg.

Hochburg

Le château est en ruine, mais la ruine est impressionnante. La création du château date du XIème siècle, mais on voit bien qu’il a été constamment remanié. Ainsi une partie résidentielle a été ajoutée à la Renaissance et des bastions polygonaux au XVIIème.

Hochburg

C’est le château le plus important en Allemagne dans la région du Rhin supérieur, à part peut-être Heildeberg, mais ce dernier ressemble moins à ne place fortifiée.
Comme il était sur ma route, je ne pouvais pas le rater !

Dernier jour en Allemagne

Ce matin il faisait beau au départ de Stuttgart, j’en ai profité pour (re)faire quelques photos, dont le vieux châteaux et ses grosses tours.

Altes Schloss (vieux château) qui abrite le Landesmuseum de Stuttgart

Puis j’ai pris la route pour Tübigen avant d’attaquer le gros de la journée : Burg Hohenzollern et surtout Schloss Sigmaringen, pour un total de 200km.

Ce soir j’ai dîné d’un rösti avec des médaillons de porc moëlleux à souhait

et en dessert une flamm’ aux pommes chiche en pomme et trop grande

Par rapport à ce matin, je ne suis pas vraiment plus près de la maison, mais demain je rentre.

 

Schloss Sigmaringen

En France, le nom Sigmaringen évoque la fin de la seconde guerre mondiale, quand le gouvernement de Vichy, en repli devant l’avance alliée, avait été assigné à résidence dans le château de Sigmaringen. Mais cette courte période (septembre 1944 à avril 1945) n’est rien rapportée à l’histoire du château. Elle est d’ailleurs à peine évoquée pendant la visite.

Le premier château date du XIème siècle. Il est entré dans la famille Hohenzollern en 1535. Aujourd’hui il appartient à la branche Hohenzollern-Sigmaringen (la noblesse allemande se rattache toujours à 2 voire 3 villes ou régions). L’état actuel résulte de siècles de destruction et de reconstruction, avec un but clair à partir du milieu du XIXème siècle : en faire une résidence princière de premier ordre, et à la pointe du progrès. Par exemple le château a été électrifié en 1894 grâce au barrage sur le Danube au pied du château et qui existe toujours.

Le château de Sigmaringen et le Danube

Comme à Hohenzollern, l’intérieur n’est accessible qu’en visite guidée en allemand, mais au moins une traduction papier (presque) intégrale est fournie. Et les quelques salles que l’on visite mérite assurément le voyage. Par exemple, j’ai été particulièrement épaté par le salon noir, noir comme le graphite qui recouvre la voûte et qui va très bien avec le rouge des murs. Du jamais vu.

Hélas ici aussi je suis arrivé sous la pluie, et le soleil n’est pas revenu ensuite. Mais ça n’a m’a pas empêché d’avoir grandement apprécié le château de Sigmaringen.

Et pas une ligne dans le Guide Vert contre une page pour Hohenzollern.

Burg Hohenzollern

Le château de Hohenzollern se voit de loin. Il est isolé au sommet de sa petite montagne, le Zoller. Déjà le mystère du nom est résolu.

Burg Hohenzollern

Il est considéré comme le foyer des Hohenzollern, famille qui a compté plusieurs branches dont une a bien réussi puisqu’elle a donné les rois de Prusse puis empereurs d’Allemagne.

D’ailleurs au XIXème siècle le territoire autour du château était une enclave dans le Würtemberg mais appartenant à la Prusse.

Le premier château fort sur le site date du XIème siécle, mais il a été détruit. Un deuxième château l’a remplacé au XVème, mais il a été pris pendant la guerre de trente avant d’être abandonné et de tomber en ruines. De ces châteaux préliminaires il ne reste quasiment rien.

Le château actuel a été construit entre 1850 et 1867 pour servir de foyer à la famille royale de Prusse. C’était une fantaisie architecturale qui met en scène un moyen-âge fantasmé. En cela il fait penser au Neuschwanstein en Bavière, au Haut-Koenigsbourg en Alsace ou à Pierrefonds en Picardie.

Dans la cour du château Hohenzollern

Aujourd’hui c’est un des châteaux les plus visité en Allemagne, et ça se voit : c’est l’usine.

On ne peut pénétrer à l’intérieur que dans le cadre d’une visite guidée, avec des centaines de touristes à la fois et en allemand. Quand je suis sorti, une visite était annoncée en anglais, mais c’était trop tard. Tout ça pour voir quelques pièces pseudo-médiévales en carton-pâte, qu’il est interdit de photographier. De toute façon avec la foule, je n’ai même pas eu envie d’essayer.

Un peu plus intéressant était le trésor, avec la couronne des rois de Prusse et quelques objets ayant appartenus à la famille comme des flûtes de Frédéric II, une robe de la reine Louise (taille de guêpe, comme Sissi) et autres bricoles.

Finalement j’ai été plutôt déçu de la visite du château des Hohenzollern. En plus il a plu au moment où je suis arrivé (mais ce n’est pas leur faute).

Mais la journée n’est pas finie.

Tübigen

Tübigen est une petite ville à une quarantaine de kilomètres au sud de Stuttgart. Elle est connue pour son université fondée en 1477, une des plus vieilles d’Allemagne. Cependant on ne tombe pas sur un étudiant à chaque pas comme à Cambridge.

C’est une jolie petite ville. Il paraît que le nom de la ville en français est Tubingue, mais c’est moins joli je trouve.

Le marché de Tübigen

En me promenant dans la ville j’avais en tête la chanson de Barbara. Il m’a fallu un certain temps pour me rendre compte que c’est de Göttigen qu’il s’agit. Qui est sûrement très jolie aussi, mais ce n’est pas du tout dans le coin.

Dernier jour à Stuttgart

Le temps était plus gris et moins chaud que les jours précédents, mais il n’a pas plu. Comme prévu je me suis promené dans Stuttgart toute la journée.
Plusieurs festivals sont en cours ou en préparation, ce qui ne va pas sans quelques tracas. Je suis bien content d’avoir vu Schlossplatz samedi parce qu’aujourd’hui plus de la moitié de la place est inaccessible en prévision de concerts à venir. Déjà samedi la façade du château était cachée par la tribune.

La principale visite au programme était celle du Landesmuseum Württemberg (musée régional du Wurtemberg). L’exposition permanente compte deux parties.

La première est consacrée à l’histoire du Wurtemberg depuis le Néolithique jusqu’à la première guerre mondiale. La région a un riche patrimoine celte puis romain puis germain. Ça se complique à partir du Moyen-Âge, comme partout en Allemagne, morcelée qu’elle était en des centaines d’états indépendants. Pour faire simple le Wurtemberg a longtemps été un duché, qui a eu des possessions extérieures comme Montbéliard ou Riquewihr. Il a été érigé en royaume en 1806 par Napoléon, dans le cadre de la Confédération du Rhin. C’est à ce moment qu’a été créée la couronne exposée au musée.

La couronne et le sceptre du royaume du Wurtemberg

Chose curieuse, le Wurtemberg est resté un royaume après l’expulsion de Napoléon d’Allemagne en 1813. Quatre rois se sont succédés jusqu’en 1918, quand la monarchie a été abolie. Mais depuis son intégration à l’empire allemand en 1871, le Wurtemberg n’était plus vraiment autonome, comme la Saxe ou la Bavière.

La second partie du musée est le prolongement du cabinet de curiosités des ducs puis rois du Wurtemberg. Comme à Dresde (en Saxe) on y trouve de tout : des objets exotiques, des armes, des objets d’art ou des instruments scientifiques.

Les instruments scientifiques du cabinet de curiosités

Mais le plus impressionnant est dans la salle suivante. Un grand nombre de tombes celtes ont été découvertes sur le territoire du Wurtemberg, dès avant le 19ème siècle. Le parcours du musée se termine par les plus belles trouvailles celtes, dont ce surprenant divan de bronze.

Divan de bronze celte (unique !)

Certes il a été trouvé dans une sépulture, mais les archéologues pensent qu’il a été utilisé avant, mais on ne sait pas à quoi.

Les deux parties étaient très bien présentées et très intéressantes.

Pour la pause de 15h (c’était plus long que prévu) je suis allé à Hambourg. Enfin au marché hambourgeois installé pour quelques jours à côté du château. C’était l’occasion de manger un Bismarck. Ça faisait longtemps que je n’avais pas mangé un Bismarck.

Ensuite j’ai enchaîné avec la Haus der Geschichte Baden-Württemberg, ou Maison de l’Histoire du Bade-Wurtemberg. En effet le Land de Bade-Wurtemberg actuel, créé en 1952, correspond aux anciens Grand Duché de Bade et Royaume de Wurtemberg. Ce musée est donc un peu la suite du Landesmuseum, la période exposée allant jusqu’aujourd’hui. Mais comme tout est en Allemand, je n’ai pas tout compris avec l’acuité voulue. J’ai quand même remarqué la place importante consacrée à la polémique récente (et pas vraiment éteinte) du projet Stuttgart 21 de nouvelle gare, raison des chantiers énormes dans une bonne partie de la ville.

Enfin j’ai eu le temps de parcourir rapidement le Kunstmuseum, consacrée à l’art contemporain.

Kunstmuseum Stuttgart

Comme souvent pour ce genre de musée, l’intérêt est autant dans le contenant que le contenu. La partie aérienne du cube contient les expositions temporaires (et le restaurant et la boutique) et les collections permanentes sont en dessous, dans des galeries sous la ville.

Pour finir cette journée bien remplie, j’ai mangé des très bons filets d’agneau.


C’est moins typiquement allemand que les jours précédents, mais il faut varier un peu.

Demain je quitte Stuttgart, direction le sud.

Troisième jour à Stuttgart

Aujourd’hui c’était la journée des tours : j’en ai vu une, deux, trois et quatre !

Et à part ça juste une petite résidence baroque.

Une grosse averse est tombée quand j’étais encore à Ludwigsburg mais j’ai pu me mettre à l’abri. Quand la pluie a cessé, j’ai fait un petit tour dans la ville, histoire de trouver une terrasse et un gâteau (une forêt-noire) sur Markt Platz.

Markt Platz à Ludwigsburg

Une nouvelle averse m’a incité à écourter ma visite de Ludwigsburg et à rentrer à Stuttgart. Par chance mon hôtel est à deux pas de la Calwer Strasse, une rue pleine de restaurants. Dont plusieurs pizzerias pour les cas d’urgence, mais je n’en suis pas encore là. Ce soir c’est Haxe !


Un séjour en Allemagne n’est pas réussi sans au moins un Haxe, tout le monde sait ça 😉

Et pour finir une généreuse portion d’Ofenschlupfer.


C’est un gâteau souabe aux pommes, bon mais un peu lourd.

La température a bien baissé après ces averses, et ce n’est pas un mal.

Demain c’est jour de repos pour la voiture : au programme visite pédestre de Stuttgart et de ses musées.

PS : n’oubliez pas, d’autres photos sont visibles ici.

Winkelturm

En prévision des bombardements qui n’allaient pas tarder à lui tomber dessus, l’Allemagne s’est couverte d’abris bétonnés dès 1940. Certains étaient sous terre mais pas les tours Winkel, du nom de son concepteur, construites à des centaines d’exemplaires en plusieurs variantes.

Elles étaient le plus souvent situées près voire dans les usines, pour abriter les ouvriers pendant les alertes, et ainsi limiter la perte de production.

Winkelturm

Il y en avait 4 à Stuttgart et celle-ci, sur la Wiener Platz, est la dernière qui reste. Apparement c’est la seule qui était encore en service pendant la guerre froide.

J’en ai déjà vu plusieurs, notamment pendant mon séjour dans la Ruhr, mais aussi des cousines à Milan.

Residenzschloss Ludwigsburg

Devinette : un monarque prénommé Louis se fait bâtir un relais de chasse dans un endroit où il n’y avait rien, à l’écart de sa capitale mais pas trop à loin non plus, le relais devient progressivement un palais gigantesque et toute une ville s’est développée autour. C’est qui, où et quand ?

C’est bien sûr le duc Eberhard-Louis de Wurtemberg à Ludwigsburg entre 1704 et 1733.

Residenzschloss Ludwigsburg

En effet le palais est immense, le plus grand palais baroque en Allemagne, et donc un des plus grands du monde. La visite guidée (en anglais, ouf) ne parcourt que 36 salles sur 452.

Dans la Residenzschloss Ludwigsburg

Outre le salon d’honneur on peut voir la splendide église baroque et le très joli petit théâtre. On peut voir mais pas prendre de photos à moins de déployer des ruses de Sioux.

Le château est entouré de jardins, mais il y a un souci.

Gâchis

D’une part il commence à faire gris et le tonnerre gronde au loin, mais surtout un cirque s’est installé au ras du château et ruine la perspective.

À 500 mètres de la Residenz le duc s’est fait construire à partir de 1717 une annexe : Schloss Favorite.

Schloss Favorite, avec des bêtes à cornes

Je ne suis pas allé voir de plus près parce que la pluie tombe sérieusement maintenant et le château est entré en restauration la semaine dernière.

Tout cela fait beaucoup de contrariétés pour un très beau site baroque, de surcroît le seul ouvert le lundi à des kilomètres à la ronde.