La Galice possède 1300 km de côtes. Enfin, c’est une estimation car mesurer la longueur d’un trait de côte est un exercice délicat. Si on entre dans toutes les rias et criques, et dans la théorie des fractales, on peut atteindre des chiffres insoupçonnés.
En quelques jours, je n’ai parcouru qu’une fraction de la côte, principalement le long de la Costa da Morte (la côte de la mort), entre La Corogne et la Ria de Pontevedra.
Ce nom sinistre vient du nombre important de bateaux naufragés sur les rochers. Car la côte est très découpée, et par endroit la montage tombe directement dans la mer. La côte est essentiellement rocheuse, mais il y a aussi de nombreuses plages de tailles variées. L’éventail va de la toute petite crique entre les rochers à la grande bande de sable comme ici à Carnota.
La route ne longe la côte que là où celle-ci n’est pas trop escarpée. Il n’y a pas de corniche comme sur la côte amalfitaine. Le meilleur moyen de parcourir la côte est donc la marche à pied. Le chemin des phares, qui suit la plus belle partie de la Costa do Morte, est une randonnée de 200 km qui se fait en 8 jours.
Cela n’entrait pas dans mon planning, mais en cherchant les petites routes, on peut tomber sur des petits coins isolés, comme le village d’Arou.
Hélas l’itinéraire fait de toutes petites routes qui aurait pu me permettre d’approcher au plus près de la côte en voiture, et qui est mentionné dans le Routard, était fermé. Je ne sais pas si c’était en raison de travaux, de danger ou d’un afflux de touristes motorisés et/ou fainéants.
La côte est dangereuse pour la navigation et elle parsemée de petits phares qui apportent un certain charme au paysage.
J’ai ainsi passé à eu près deux journées à cheminer plus ou moins près de la côte, d’une crique à un phare ou d’un point de vue à un village.
Dans ces villages de pêcheurs, il y a toujours un petit restaurant pour faire une pause méritée, comme par exemple à Camarinas.

Ces sardines ont été grillées dans la rue sous mes yeux. Simple et bon, mais reprenons la route.
Parfois la route passe par une forêt.
Je l’ai déjà dit, cette région est beaucoup plus verte que d’autres en Espagne, et il y a même des forêts. La bonne surprise est dans les essences qu’on y trouve. Par exemple je ne m’attendais pas à traverser une forêt d’eucalyptus. Alors le mieux est de ralentir, d’ouvrir les fenêtres et de profiter des bonnes odeurs. C’est mieux qu’un petit arbre en carton suspendu au rétroviseur !
Dès le premier village après La Corogne et dans tous les villages de la région, j’ai été frappé par l’omniprésence des greniers traditionnels.
Celui-ci est bien plus grand que la moyenne. En général ils n’ont que six piliers.
Ces greniers à grain sont appelés hórreos en galicien. Cette tradition architecturale persiste depuis le Moyen-Âge. Elle est typique de la Galice, et un peu de l’ouest des Asturies paraît-il. Construits en pierre, ils servaient à stocker les céréales (le mil puis le maïs à partir du 18ème siècle) à l’abri des intempéries et des rongeurs. On en trouve dans chaque village, parfois dans le jardin de chaque maison. Je suppose qu’autrefois chaque famille avait le sien, et que sa taille était le témoin de la prospérité de la maison. Dans certains villages, le hórreo est collectif et peut atteindre 35 mètres de long. Il pouvait aussi servir à stocker la dîme payée en nature à l’évêque, et il était alors dressé près de l’église du village.
Tous les hórreos ont le même plan rectangulaire et portent une croix sur un des pignons (plus rarement les deux). Mais ils sont tous différents, par les dimensions, la décoration, ou l’état. Parfois à l’abandon, souvent parfaitement restaurés, ils ont aujourd’hui essentiellement un rôle décoratif. Il me semble que certains ont été reconvertis en pigeonniers ou cabanes au fond du jardin.
Un décret de l’Etat espagnol protège les hórreos depuis 1973, et ils font clairement partie de l’identité de la Galice. Les boutiques de souvenirs vendent moult gadgets à leur effigie et même les abribus de campagne ont la forme d’un hórreo !
La montagne n’est jamais loin, et les panneaux routiers de couleur mauve/rose (celle des informations touristiques) indiquent souvent une route vers le sommet d’une montagne et un beau un point de vue.
Au sommet d’une de ces montagnes, j’ai eu la surprise de tomber sur un élevage de chevaux magnifiques. Ils sont tranquilles et ont vue sur mer des deux côtés.
Autre surprise, ce dauphin aperçu dans le petit port de Fisterra.
Il avait un comportement bizarre, et il s’est quasiment échoué sur la plage au milieu des estivants. Un des baigneurs a fini par le remorquer par la queue vers le large, où il a disparu en quelques secondes. L’histoire finit bien, mais surtout c’est la première fois que je voyais un dauphin dans la nature !
Fisterra est le dernier village avant le Cabo Fisterra, ou Cap Finisterre. J’en parlerai depuis Saint-Jacques-de-Compostelle.
Deux jours, c’est bien court pour explorer toute la côte, mais suffisant pour saisir la beauté des paysages. Il faisait très beau et pas trop chaud grâce à un agréable vent du large.