L’Italie, c’est la botte, mais aussi les deux plus grandes îles de la Méditerranée : la Sicile et la Sardaigne. J’ai déjà visité la première (en 2019 et en 2023) et maintenant c’est au tour de la seconde.
L’île est grande et je vais d’abord en visiter le sud en commençant par Cagliari.
Cagliari
Cagliari est la capitale de la Sardaigne. Ce n’est pas une très grande ville et je n’y suis resté que 24 heures. Ce qui est bien assez pour comprendre qu’elle comporte une ville basse, avec le port, et une ville haute.
Le bastion Saint-Rémy et ses 150 marches sont un des moyens de passer l’une à l’autre, avec les ascenseurs publics.
La ville haute était autrefois ceinte de fortifications dont il reste quelques tours et portes.
Les musées importants sont situés dans l’ancien arsenal de la ville haute, et je n’ai pas manqué de visiter le musée archéologique national, introduction indispensable avant de visiter les richesses archéologiques de la Sardaigne.
D’ailleurs il ne faut pas quitter la ville avant de visiter son amphithéâtre romain bâti à flanc de colline.
La culture nuragique
Comme le dit Wikipédia, la culture nuragique est une civilisation protohistorique qui apparaît en Sardaigne au cours du premier âge du bronze, vers le XVIIIe siècle av JC.
Je précise que cette culture n’a existé qu’en Sardaigne et qu’elle a laissé des milliers de nuraghes.
Les nuraghes sont des structures en pierre sèche qui vont de la simple habitation circulaire à de vastes complexes dotés de plusieurs tours.
La plupart des nuraghes ont été oubliés à travers les siècles, leurs pierres étant réutilisées par les peuples ultérieurs.
Les archéologues n’ont redécouvert et fouillé les nuraghes que récemment. Par exemple le site de Su Nuraxi était entièrement enseveli et apparaissait comme une petite colline. Il n’a été dégagé que dans les années 1950.
D’après les études les plus récentes, les tours des nuraghes pouvaient atteindre 27 m de hauteur.
Leur fonction exacte n’est pas connue avec certitude. Certaines reconstitutions font immanquablement penser à des châteaux-forts du Moyen-Âge, mais il ne semble pas que la fonction principale des nuraghes soit d’ordre défensive. Il est très probable que les tours servaient de grenier. Par ailleurs la position de certains nuraghes dans le paysage peuvent indiquer un rôle territorial, avec lequel une tribu pouvait marquer sa domination sur un territoire.
Les peuples nuragiques n’ont laissé aucune écriture et ils ont probablement disparu avant que les peuples ultérieurs (puniques, romains) s’installent. Le mystère reste entier.
Par contre on a trouvé dans les nuraghes un important mobilier en céramique ou en bronze. Ces pièces sont exposées dans les musées de Sardaigne, principalement celui de Cagliari.
On peut trouver des points communs entre les nuraghes sardes, les torre corses et les talayots des Baléares. Ça donne des idées de voyages 😉.
Comme les castros en Galice, les nuraghes étaient une de mes principales motivations pour venir en Sardaigne. Il en reste d’autres à voir, prétexte tout trouvé pour revenir visiter l’autre moitié de la Sardaigne.
Autres vestiges antiques
D’autres peuples sont venus en Sardaigne après la disparition des nuragiques.
Ainsi, les puniques (ou carthaginois, successeurs des phéniciens) ont laissé des vestiges dont l’étonnante nécropole de Tuvixeddu à Cagliari.
Le site de Monte Sirai est une colonie Phénicienne puis carthaginoise occupée du VIIe au Ier siècle av JC, et n’a été redécouvert que dans les années 1960.
Et bien sûr les romains ne pouvaient faire autrement que coloniser l’île un jour ou l’autre.
Le temple d’Antas est romain, mais il a été bâti par dessus un sanctuaire punique.
A la différence de la Sicile, il n’y a pas eu de colonies grecques en Sardaigne.
Montagnes
La Sardaigne est une île largement couverte de montagnes, et offre de nombreux chemins de randonnée bien balisés.
Ainsi j’ai atteint les 1316m du Monte Novo San Giovanni au cours d’une randonnée de 10 km (441 m de dénivelé).
Monte Tiscali est moins haut (450m environ), mais on trouve au sommet une étonnante implantation humaine préhistorique.
Le site le plus spectaculaire était l’étroite mais profonde gorge de Gorropu, atteinte après une descente de 668 m de dénivelé négatif sur 3,3 km en 2 heures1.
Grottes
Les montagnes sardes recèlent quelques grottes. J’en ai visité trois.
La première, la grotte d’Is Zuddas, est réputée pour ses stalactites excentriques très rares, mais j’en ai déjà vu à la grotte de Maxange, en Dordogne.
La grotte del Bue Marino (du boeuf marin) est baignée par la mer et n’est accessible qu’en bateau.
Enfin la grotte Su Marmuri est la plus spectaculaire par ses volumes : 1 km de long et 40 m de haut par endroit.
Mines
Je l’ignorais avant d’y mettre les pieds, mais la Sardeigne a un riche passé minier. La région autour d’Iglésias, dans le sud-ouest de l’île était truffée de mines, de zinc et de plomb notamment. Elles sont aujourd’hui toutes abandonnées, mais elles ont laissé des traces dans le paysage.
Les plus visibles sont les ruines d’installations au jour, comme la Laveria Lamarmora.
Le minerai était exporté vers le continent par bateau. La mine Porte Flavia illustre une solution ingénieuse mise en oeuvre en 1924.
Une galerie de la mine débouchait sur la mer d’où le minerai était déversé par convoyeur (qui a été démonté) sur les bateaux qui s’approchaient de la falaise.
Pour conclure
J’ai eu la chance de passer une dizaine de jours en Sardaigne (du 18 au 28 avril 2025) dans d’excellentes conditions (une seule matinée pluvieuse) et je suis très content de ce que j’ai vu du pays.
Bien sûr je reviendrai, pour voir les nuraghes de la moitié nord de la Sardaigne.
Quelques chiffres:
- 1068 kilomètres en voiture
- 4 randonnées
- 6 nuraghes
- 1374 photos
- dont 315 avec le drone (24 vols, 25 km cumulés en 2h46)
- 3 grottes
- 2 mines
- 2 tours espagnoles2
- 1 seule photo de chat
- plusieurs cochons sauvages sur la route3
- 2 pizzas
- 3 seadas, délicieuse spécialité sarde
1. La remontée aussi a mis 2 heure, dont 20 minutes de Land Rover et 10 minutes de mini bus
2. comme les tours génoises en Corse, mais en Sardaigne
3. étant au volant, je n’ai pas pu les prendre en photo