Saint-Jacques-de-Compostelle

La légende

Selon la légende, l’apôtre Jacques a évangélisé l’Espagne. Il est ensuite rentré en Palestine où il est mort, puis son corps a été ramené en Espagne, sur un bateau dont l’équipage était des anges, mais sa sépulture a été perdue. Vers 814, une miraculeuse pluie d’étoiles, ou était-ce un champ d’étoiles (campo stellae), désigne la tombe à un ermite. L’évêque du coin reconnaît les reliques de Saint-Jacques et fonde un sanctuaire, autour duquel se développera la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle

Saint-Jacques-de-Compostelle

A l’époque, toute la péninsule ibérique, sauf les Asturies, est sous domination musulmane. Alphonse II, roi des Asturies, met l’Espagne sous la protection de Saint-Jacques, ou Santiago, et en fera, sous le nom de Matamore (le tueur de maures) le patron la reconquista 1.

Saint-Jacques est très important dans tout le monde hispanique. On retrouve des Santiago partout dans l’Amérique espagnole, par exemple Santiago du Chili. Les indigènes se mettront d’ailleurs souvent sous la protection de Saint-Jacques, avec les Espagnols dans le rôle de l’envahisseur. Amusant retournement de situation.

Très vite les pèlerins affluent vers Saint-Jacques-de-Compostelle, qui deviendra la destination de pèlerinage la plus importante du monde chrétien après Rome et Jérusalem.

La ville

La vieille ville est centrée sur la cathédrale, bien évidemment consacrée à Saint-Jacques.

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle

Le sanctuaire originel a été progressivement agrandi et transformé au long des siècles jusqu’à la cathédrale actuelle de style baroque du 18ème siècle.
Apparemment les transformations continuent car la cathédrale est en grand chantier.

La cathédrale est en restauration.

Concrètement, on ne peut rien y voir, sauf le reliquaire de Saint-Jacques que l’on peut même toucher, mais pas photographier, après une longue queue.

Le coeur historique de Saint-Jacques-de-Compostelle est très agréable à visiter. Sous le soleil, le granit local prend une belle couleur gris/beige clair. Sous la pluie, ce serait peut-être moins joli, mais heureusement je ne sait pas : il a fait beau tout le temps.

Le pèlerinage

Un des musées de la ville est consacré aux pèlerinages.

Le musée des pèlerinage

Le musée évoque la notion de pèlerinage qui existe dans quasiment toutes les cultures, mais bien sûr une grande part est consacrée à la figure de Saint-Jacques, à la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle et à son pèlerinage.

Car que serait la ville sans ses pèlerins ? A peine arrivé, on en voit partout. Je n’ai jamais vu autant de randonneurs dans un centre-ville. Car, le pèlerin d’aujourd’hui est d’abord un randonneur, ou un cycliste, qui s’équipe d’articles de sport modernes et colorés, souvent d’une grande marque française au logo bleu et blanc. Mais il arbore la coquille Saint-Jacques et ses motivations sont spirituelles.
A toute heure de la journée, on voit des pèlerins affluer sur la Praza do Obradoiro, entre la cathédrale et le Pazo de Raxoi 2.

Les pèlerins affluent à toute heure devant le Pazo de Raxoi

Ils arrivent individuellement ou en groupe, ils sont en pleine forme ou fourbus, parfois avec des pansements. Mais qu’ils viennent de près ou de loin, qu’ils aient fait le chemin sur plusieurs années ou d’une seule traite, tous sont visiblement heureux d’être là. Ils s’assoient par terre, échangeant leurs émotions avec leurs compagnons de marche ou d’autres pèlerins rencontrés sur le chemin. Quelques uns ont abandonné leurs chaussures de marche sur la place. Je suppose qu’ils ont prévu de rentrer en train.
Une très grande majorité des pèlerins que j’ai vus viennent d’Espagne ou du Portugal. J’ai repéré un groupe de Russes, pas mal d’Italiens, quelques Anglais, Allemands et Chinois, mais pas de Français.
Je suis resté un bon moment sur la place vendredi soir et samedi matin pour observer les arrivées des pèlerins, dans une ambiance joyeuse et très sympathique. Moi qui suis venu depuis mon hôtel, soit au moins 300 mètres en zigzagant dans les ruelles, je suis admiratif devant tous ces gens qui ont fait chemin à pied, quelles que soit leurs motivations.

C’était un moment fort du voyage.

Les chemins

La vieille ville de Saint-Jacques-de-Compostelle et les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle sont inscrits séparément sur la liste du patrimoine de l’UNESCO.
On pourrait dire que tous les chemins mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle, mais la tradition et l’histoire ont tracé des routes officielles.
Le chemin le plus important est le Camino Francés, le chemin des Français qui traverse tout le nord de l’Espagne depuis les cols de Roncevaux ou de Saint-Jean-Pied-de-Port, et passe par Ponferrada. Tous les chemins qui viennent d’Espagne se raccordent au Camino Francès.
Un chemin vient du Portugal, via Porto et Tui, où je passerai ma dernière nuit.
Le Camino Anglés est le plus court : il part de La Corogne, où les pèlerins anglais arrivent en bateau.
En France, quatre routes traditionnelles partent d’Arles, Le Puy, Vézelay et Paris, lequel passe devant ma porte à Massy. Les chemins de Compostelle font partie du réseau des chemins de Grandes Randonnées (GR).
Quelque soit l’endroit d’où vous partez en Italie, en Allemagne ou de n’importe où, il y aura un chemin qui arrivera à Saint-Jacques-de-Compostelle en passant par le Camino Francés.

Une partie des pèlerins poursuivent leur marche jusqu’au cap Finisterre, où j’étais hier.

Le cap Finisterre

Quand on a marché des milliers de kilomètres, je suppose qu’on n’est plus à 80 près.
Dans le temps, peut-être que les pèlerins voulaient voir l’océan avant de rentrer chez eux. Ou peut-être qu’il fallait aller au bout du continent pour être vraiment au bout du voyage ?

La fin du Chemin au Cap Finisterre

Sur les rochers, au bout du bout du chemin, les marcheurs laissent un souvenir : chaussure, objet, message.

Pour beaucoup, le cap Finisterre le point le plus à l’ouest du continent. Ce n’est pas juste : le Cabo de la Nave (d’où a été prise la photo ci-dessus) est un poil plus à l’ouest. Et en Irlande les péninsules du Kerry ou de Dingle, où je suis allé en 2002, sont bien plus à l’ouest encore.

La coquille

Saint-Jacques était pêcheur, mais je ne sais pas s’il pêchait la coquille qui porte son nom. En tout cas elle est tellement abondante sur les côtes de la Galice qu’elle est devenue le symbole de la ville et des pèlerins. Le motif de la coquille Saint-Jacques est omniprésent dans la ville, que ce soit en sculpture sur les bâtiments ou en bijou dans les boutiques, mais pas forcément dans les assiettes.
Dans la langue française on utilise le même mot pour le Saint, la ville ou le mollusque. Donc j’étais conditionné à manger des coquilles Saint-Jacques à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Zamburiñas

Mais en espagnol c’est plus subtil. Ils emploient deux mots : vieira et zamburiña. Un moment j’ai cru que c’était la même différence qu’entre coquille Saint-Jacques et pétoncle. Puis j’ai déduit de la lecture des cartes des restaurants que la vieira se vend à l’unité alors que les zamburiñas sont servies par assiette.
En gastronomie, c’est compliqué mais normalement en zoologie c’est carré : chaque espèce a un nom différent. C’est que toutes ces bébêtes appartiennent à la vaste famille des Péctinidés, et la réglementation autorise l’emploi du terme générique « Saint-Jacques » pour tous les membres de la famille. Normalement, le nom latin est précisé chez le marchand, mais dans les faits je crois qu’au restaurant c’est pétoncle pour tout le monde.

Peu importe, mes zamburiñas étaient bonnes. Pour suivre j’ai pris un riz au lait 3, et c’était très bien comme ça.

Comme d’habitude : plus de photos ici ou .


1. la Reconquista, ou l’expulsion des princes musulmans, sera achevée avec la chute de Grenade en 1492.go back
2. l’hôtel de ville et le siège du gouvernement régionalgo back
3. je considère qu’un voyage en Espagne n’est pas complet sans arroz con leche. Au Portugal, c’est la pastéi de nata qui s’impose.go back

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