Le nom de Porto est indissociable du vin de Porto. Ce vin est très apprécié en Angleterre, et on peut dire qu’il a été façonné par et pour les Anglais.
Le rôle des marchands anglais est en effet crucial dans l’histoire du vin de Porto (et de Bordeaux aussi d’ailleurs, mais c’est une autre histoire). Tout commence avec Colbert, ministre de Louis XIV, qui interdit le commerce avec le royaume de Grande Bretagne. En rétorsion, celui-ci interdit, déjà, l’importation de vins français. Or les Anglais étaient amateurs de vins et, n’en produisant pas eux mêmes, ils en ont cherché ailleurs. Il y avait déjà des négociants anglais dans le nord du Portugal, mais le vin qui y était produit alors ne convenait pas aux palais anglais. Ils ont donc fait évoluer les terroirs, les cépages et les méthodes de vinification, pour en faire le Porto (ou Port) puis l’exporter avec grand succès en Angleterre et dans le monde.
Les vignes sont cultivées dans les montagnes de l’arrière pays, sur les rives du Douro. Puis le vin est apporté à Gaia, la ville qui fait face à Porto de l’autre côté du fleuve, où il sera vieilli en fût ou en bouteille. Autrefois le vin était transporté par bateaux, dont de nombreuses reproductions sont amarrées les long des quais, ça fait partie du décor.
Le climat de la montagne est idéal pour la vigne. Le vin qui y est produit est appelé Vinho verde et ne deviendra Porto qu’après son passage à Gaia où les climat est idéal pour le vieillissement.
On ne m’empêchera pas penser que le nom « Porto » pour le vin est donc une double imposture : on devrait dire vin du Douro ou de Gaia. C’est peut-être pour cela que les Anglais disent « Port » finalement.
La grande majorité des maisons de Porto sont d’origine anglaise : Offley, Churchill, Graham, Croft, Taylor, … et toutes sont installées le long du Douro à Gaia.
J’ai visité les caves de Taylor, réputées les plus spectaculaires dans les guides.
La maison Taylor a été fondée en 1692 (en plein règne de Louis XIV, comme par hasard), et c’est une des plus anciennes et des plus prestigieuses. Je suppose qu’elles disent toutes un peu la même chose mais Taylor est fournisseur officiel de la Reine d’Angleterre, tout de même.
La visite est individuelle, avec un audioguide, et traverse une partie des chais de vieillissement et où flotte une odeur qui n’est pas désagréable. C’est le résultat de l’évaporation des éléments les plus volatiles pendant le vieillissement, ou la part des anges. On y apprend l’histoire de la compagnie, les procédés de fabrication et les différentes sortes de vins de Porto. La visite se termine par la boutique et une dégustation des deux sortes de Porto : un blanc sec (2 à 5 ans d’âge) et un LBV, pour Late Bottled Vintage (rouge, 4 à 6 ans d’âge).
C’est très parfumé, mais à boire à petites doses. Le blanc sec est conseillé avant le repas et le LBV après.
Au passage on peut en déguster d’autres, beaucoup plus vieux et beaucoup plus chers, jusqu’à 46€ le verre, mais il ne faut pas abuser.
Après avoir visité les caves le samedi, j’ai pris la voiture le dimanche et, chemin faisant vers l’est du pays, j’ai traversé une partie des vignobles.
La région autour de Pinhão, appelée Cima Corgo, est le coeur de la région viticole. Les raisins cultivés ici sont considérés les meilleurs et sont utilisés par les plus grandes maisons, dont Taylor.
Les routes y sont sinueuses à souhait, avec de temps en temps un point de vue sur le fleuve. Je n’était pas le seul à profiter du moindre espace de stationnement au bord de la route pour jouir du paysage. Il y avait de nombreuses voitures immatriculées en France : j’ai croisé des 21, 31, 56, 82, 69, 91 ou 94. Ça fait quand même une sacrée distance pour eux !
J’ai vu aussi plusieurs bateaux, dont trois de croisière fluviale, mais de trop loin pour en identifier la compagnie.
Je suis très satisfait de cette découverte oenologique en deux temps : les caves hier et le vignoble aujourd’hui. Ce parcours m’a fait faire un détour sur la route de Guimarães à Bragance, mais sous ce beau soleil ça valait le coup.