Venise, jour 5

Aujourd’hui c’était dimanche il a fait beau, contrairement aux précisions. Un orage a bien éclaté en début en soirée, mais j’étais rentré depuis longtemps.
Ce dimanche n’était pas comme les autres : ce matin se tenait une fête spécifique à Venise : la Sensa (Ascension dans le dialecte vénitien). Comme chaque année, depuis 1173, le Bucentaure, la galère d’apparat de la République de Venise vient chercher le Doge au môle voisin de son palais. Elle l’emporte vers l’Adriatique, au delà du Lido, accompagnée d’une flotille d’embarcations de toutes tailles. Symboliquement le Doge jette alors un anneau dans les flots pour célébrer le mariage de Venise avec la mer.

La Sensa

La cérémonie a été abolie par Napoléon (encore lui), mais elle a été recrée en 1965, le maire de Venise reprenant le rôle du Doge.
Par chance mon voyage coïncidait avec la Sensa cette année. Je l’ai appris après avoir fait mes réservations et je me réjouis de ma bonne fortune.
Ce n’est pas une fête folklorique pour touristes, il n’y avait aucune affiche en ville par exemple. Le rivage est tellement encombré d’obstacles visuels que j’ai eu du mal à trouver un bon point du vue. Finalement je me suis posté sur les embarcadères de vaporetti pour être aux premières loges. Je ne regrette pas de m’être levé tôt, c’était un spectacle magnifique.

Une fois que la flottille s’était éloignée, je suis allé visiter le Palais des Doges.

Le Palais était la résidence du Doge de Venise, c’est-à-dire de son chef, mais aussi le siège des pouvoirs et de l’administration de la République. Venise a toujours été une République et ses institutions ont été remarquablement stables pendant toute son existence. Le Doge avait certes un pouvoir important, mais ce n’était pas un monarque absolu. Il devait composer avec plusieurs assemblées : le Conseil des Dix, le Sénat, le Grand Conseil. Tous les postes étaient électifs, avec une part de hasard. En outre les mandats étaient courts, quelques années au plus, et parfois non renouvelables et non héréditaires. Tout le système était conçu pour éviter qu’une seule personne n’accapare trop de pouvoirs. Un Doge avait essayé de le faire, et il a été exécuté.
Seul le Doge était élu à vie, mais la plupart du temps ce sont des vieillards qui étaient élus dont les règnes n’étaient en général pas longs.
IL y avait donc beaucoup d’élections, mais ce n’était pas une démocratie pour autant : seuls les nobles étaient électeurs et éligibles. Et l’accession à la noblesse a été rendue progressivement plus difficile, et finalement impossible pendant les derniers temps. Une des institutions de Venise était précisément chargée de contrôler les mariages dans la noblesse pour vérifier qui était noble et qui ne l’était pas.

Le parcours de la visite concerne les salles institutionnelles, c’est à dire concrètement les salles des différents conseils. On passe successivement dans des salles de plus en plus grandes pour finir en apothéose dans la salle de tous les superlatifs, celle du Grand Conseil.

La salle du Grand Conseil

Elle pouvait recevoir largement les 600 membres du conseil. Et aujourd’hui elle peut recevoir sans peine les touristes de plusieurs bateaux de croisières.
Toutes ces salles sont richement décorées, notamment avec des tableaux de Véronèse et du Tintoret.
Les appartements du Doge sont très certainement aussi richement décorés, mais ils ne sont pas accessibles à la visite en ce moment.
La visite se termine par les prisons, auxquelles on accède par le pont des soupirs.

Après tant d’effort, il me fallait bien un plat traditionnel pour me remettre.

Spaghetti aux seiches avec encre

J’ai bien aimé, et sans faire de taches. Comme je portais un polo rouge, ça aurait bêta de faire des taches de sauce noire.

En début d’après midi je suis allé visiter l’académie des beaux-arts (Gallerie dell’Accademia).
La galerie a été créée par un décret de Napoléon en 1807, comme quoi il n’a pas que supprimé ou détruit des trucs à Venise. Le musée actuel occupe les bâtiments de l’ancienne Scuola de Santa Maria della Carità, bâtiments rendus disponibles par la dissolution des Scuole… suite à un décret de Napoléon.

Gallerie dell'Accademia

Le musée regorge de tableaux de différentes époques. Hélas il est en pleine restructuration et des tableaux parmi les plus connus ne sont pas visibles.
Décevant.

Pendant le reste de la journée, je me suis promené. Je suis tombé dans des ruelles que je connaissais déjà puis j’ai buté sur des canaux inconnus. Ou l’inverse. J’ai fini dans le quartier de Cannaregio que j’avais traversé rapidement pour prendre le vaporetto pour aller à Murano.

Ambulance

Le soir, j’ai échappé aux 90% des restaurants qui proposent tous quasiment la même carte (fritto misto, pasta, pizze).

Médaillon de porc roulé avec lard et artichaut (au milieu)
Gâteau au chocolat

C’était bon et pas trop cher (tout est relatif). Mais si j’avais cherché une ruelle plus loin, j’aurais trouvé plus cher mais plus élaboré.

Demain c’est le dernier jour, j’aurai le temps de voir quelques bricoles le matin. Par contre j’ai renoncé à étudier la météo.

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