Guanajuato est à environ 1h30 de route de San Miguel de Allende. La région de Guanajuato est montagneuse et la fin de la route estf très sinueuse. C’est moins soporifique que les plaines que j’avais eu l’occasion de traverser jusque là.
La ville est encaissée dans un ravin, et la première particularité que l’automobiliste découvre en arrivant est son réseau de routes souterraines. On peut traverser la ville d’un bout à l’autre en roulant sous terre. Certains de ces tunnels sont en fait des rivières asséchées. Le bon côté de la chose est que cela réduit la circulation dans le centre ville, dont les rues sont par ailleurs fort étroites. Par contre le GPS est perdu et j’ai raté un embranchement souterrain, ce qui m’a fait gagner un tour gratuit.
Le réseau souterrain est essentiellement réservé à la circulation automobile, mais il y a quelques tunnels piétons.
Guanajuato est une autre ville née de l’extraction de l’argent (et de l’or aussi). Le gisement qui a été découvert en 1558 sera un des plus riches du monde. Pendant 250 ans, 20% de l’argent métal produit dans le monde venait de Guanajuato. La ville était donc très riche. Trop riche peut-être au goût du roi d’Espagne.
Quand Charles III a décidé en 1765 de réduire la part du profit réservé aux barons locaux, ceux-ci ont commencé à grogner. Deux ans plus tard, en 1767, le roi a chassé les Jésuites des colonies. Or les barons, et le peuple, étaient très attachés aux Jésuites. Voilà deux des facteurs déclenchants du mouvement d’indépendance qui a commencé à Dolorès, non loin de Guanajuato en 1810.
Comme je l’ai dit, la ville est encaissée dans un ravin. Un funiculaire permet de grimper sur le versant sud et de jouir d’une vue parfaite sur la ville.
On peut voir au centre les édifices principaux, dont mon hôtel, et au loin, sur le versant opposé, des milliers de petites maisons de toutes les couleurs : blanc, bleu, vert, rose, jaune. Sous le soleil (oui, il fait toujours aussi beau), c’est très joli.
Guanajuato possède plusieurs musées. Je me suis contenté de visiter le plus original : le Museo Iconográfico del Quijote.
Il recèle la collection de Don Eulalio Ferrer, un éditeur passionné par Don Quichote. Outres quelques éditions des aventures du personnage créé par Cervantès, la collection est constituées de représentations (tableaux, gravures, sculptures) de Don Quichotte et de Sancho Pansa. Faut-il rappeler que ce sont là des personnages de fictions. Cela illustre bien l’importance considérable du roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche dans la culture hispanique. J’en avais déjà eu un aperçu à la bibliothèque nationale espagnole à Madrid, où une section entière lui est consacrée. Il faudrait peut-être que je le lise un jour, il existe des bonnes traductions paraît-il.
Comme Zacatecas, San Luis Potosí et San Miguel de Allende, le centre historique de Guanajuato est classé au Patrimoine de l’Unesco. Ça devient une habitude. Et comme ces autres villes, Guanajuato est riche de belles demeures coloniales, d’édifices officiels et d’églises.
Mais ici il y en a en plus une université, fondée au XVIIème siècle et surtout trois théâtres, créés au XIXème siècle. Le Teatro Juárez peut être visité, ce que j’ai fait
Sa décoration à la fois exubérante et moderne (beaucoup d’éléments métalliques) illustre la volonté de prestige que les dirigeants et les bourgeois de la ville voulaient atteindre. Je pense que c’est assez typique des petites villes industrielles qui voulaient s’affirmer par rapport aux capitales nationales ou régionales, centres du pouvoir politique. Cela n’est pas spécifique à Guanajuato.
En sortant du théâtre j’ai eu la bonne surprise de voir qu’une harmonie (orchestre de cuivres, bois et percussions) était en train de s’installer sur les marches du théâtre.
J’ai donc eu droit à un sympathique concert dans la douceur de la fin de journée. Une fois la nuit tombée, la température est plus fraîche, mais cela ne m’a pas empêché de choisir un restaurant en terrasse sur un toit tout près du théâtre.
J’ai choisi un plat de saumon au safran. Pas forcément très couleur locale, mais très bon quand même.
Demain, une autre étape de transition. Objectif Guadalajara.