Après le porte-avions, le cuirassé !
Avant la seconde guerre mondiale, les cuirassés étaient les plus gros et les plus puissants des navires de guerre. Symboles de puissance et de prestige autant qu’outils militaires, ils coûtaient des fortunes et seules les nations les plus puissantes en possédaient. Ils étaient conçus pour affronter leurs pairs dans des batailles titanesques, les énormes canons des uns tenant de percer les épaisses cuirasses des autres. Mais cela ne s’est pas passé comme cela. Les batailles entre cuirassés se sont avérées très rares : en comptant large, Wikipedia en énumère 23, dont 10 seulement pendant la seconde guerre mondiale.
Au mieux, les cuirassés ont servi à bombarder des cibles à terre, au pire ils ont été coulés par des petits avions qui avaient décollés depuis un porte-avions à des centaines de kilomètres de distance. Le porte-avions a fini par supplanter le cuirassé. Ultime avanie, les cuirassés ont souvent servi d’escorte aux porte-avions.
Les cuirassés qui avaient survécu à la guerre ont pour la plupart été mis à la retraite puis à la casse avant les années 1950.
Mais quelques uns on été préservés aux Etats-Unis, dont le USS North Carolina (BB-55), à Wilmington, Caroline du Nord.
La construction du North Carolina a commencé en octobre 1937 et il est entré en service le 9 avril 1941. Après avoir participé à la guerre dans le Pacifique, il a été retiré du service actif le 27 juin 1947.
Il a échappé à la démolition quand l’Etat de la Caroline du Nord l’a racheté pour en faire un musée grâce à une levée de fonds parmi la population de l’État. Depuis 1961 il est amarré au bord de la Cape Fear River à Wilmington.
Il faut plusieurs heures pour visiter les 40000 tonnes et 222 mètres de long du North Carolina. Le parcours fléché permet de ne pas se perdre dans le dédale des coursives et des escaliers. On peut tout voir, de la salle des machines à la passerelle du guetteur, de l’hôpital à la cambuse. Et en passant bien sûr par les énormes tourelles dotées chacune de trois canons de 406 mm. On ne le soupçonne pas forcément, mais chaque tourelle est en fait un immeuble de six étages dont seul le dernier est visible sur le pont. En dessous se cachent toute une machinerie et les réserves de poudre et d’obus.
Le pointage des canons et la navigation étaient assurés par une incroyable (et aujourd’hui incompréhensible) constellation de calculateurs électro-mécaniques manipulés par une armée d’opérateurs. A l’époque très peu de choses étaient automatisées à bord et un tel bateau avait besoin d’un équipage de 1880 hommes pour fonctionner. C’est une petite ville aves tous les services nécessaires : restauration, coiffeurs, blanchisserie, loisirs, santé, police, …
De nombreux panneaux et vidéos décrivent comment tout cela fonctionnait. Une place importante est donnée aux témoignages d’anciens marins ayant servi à bord.
En juin 2012, j’avais visité le cuirassé USS New Jersey (BB-62) à Camden, New Jersey (en face de Philadelphie, Pennsylvanie). Le New Jersey était à la fois plus gros et plus moderne que le North Carolina. Mais la visite de ce dernier était bien plus exhaustive et bien plus passionnante.