Les châteaux clémentins

Bertrand de Got est né vers 1264 près de Villandraut, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux. Il devient Pape sous le nom de Clément V en 1305. Aujourd’hui on le connaît surtout comme le Pape qui a instruit le procès des Templiers et que l’on rencontre dans « Les rois maudits ».  C’est lui aussi qui installa la papauté à Avignon pour quelques années.

Quand il a été élu Pape, il s’est fait construire une forteresse-résidence à Villandraut.

Le château de Villandraut

Le château est de plan presque carré, avec six tours rondes identiques : une à chaque angle (dont une a été rasée) plus deux de part et d’autre de la porte d’entrée. Un vaste logis seigneurial en U occupe 3 côtés de la cour intérieure.

Le château de Villandraut

On appelle « châteaux clémentins » un ensemble de cinq châteaux liés au Pape Clément V et situés à quelques kilomètres de Villandraut. Avant d’arriver à Villandraut j’en avais visité deux autres : Budos et Roquetaillade.

Raymond Guilhem de Budos, neveu du Pape Clément V, obtient en 1306 l’autorisation du roi Edouard 1er d’Angleterre (nous sommes en Guyenne, terre anglaise) et les finances de son tonton pour transformer la demeure familiale en château fort.

Budos est un château-fort de plaine classique : plan carré, une tour à chaque angle, une porte renforcée par une tour supplémentaire et entouré d’un fossé sec.

Le château de Budos

Une originalité de Budos est qu’une des tours d’angle est octogonale alors que les trois autres sont rondes. Je n’ai pas trouvé d’explication à cette particularité.

Le château de Budos au milieu des vignes de Graves

Le château a perdu une bonne partie de ses courtines et des grands arbres ont élu domicile dans sa cour intérieure. Mais les ruines qui restent sont en bon état et sa situation au milieu des vignes a un charme certain.

En 1306 aussi, Gaillard de La Motte, un autre neveu de Clément V obtient également l’autorisation du roi Edouard 1er de bâtir une forteresse à Roquetaillade, pour remplacer un château plus ancien et démodé.

Le château de Roquetaillade

Extérieurement, le château de Roquetaillade a un air de famille avec Villandraut, avec ses 4 tours massives sur sa façade principale. Par contre sa cour intérieure est dotée d’un donjon carré de 40 mètres de haut .

Le château de Roquetaillade

L’autre différence est la présence de toutes ces fenêtres. Et comme disait Jacouille : « Il ya des fenestres partout, on ne peut point se défendre !!!« . Les fenêtres sont le résultat de deux campagnes de transformations au XVIème siècle pour le premier étage puis au XIXème pour le rez-de-chaussée.

En 1864, les propriétaires de l’époque décident de transformer la bâtisse en « rêve médiéval ». Et qui est le mieux placé pour répondre à cette demande ? Eugène Viollet-le-Duc bien sûr ! Roquetaillade est son oeuvre ultime dont il a dirigé la restauration et conçu la décoration et le mobilier.

La visite guidée comprend les espaces de réception du rez-de-chaussée et du premier étage. Hélas les photos à l’intérieur sont interdites (et la guide inflexible), donc vous serrez obligé de me croire qu’on reconnaît sans peine la patte de Viollet-le-Duc et son interprétation créative du Moyen-Âge. On retrouve les même motifs et le même bestiaire qu’à Pierrefonds par exemple.

La seule pièce vraiment ancienne est une cheminée monumentale de la fin du XVIème siècle dans le même style que celles du château de Cadillac.

Le décor de la plus grande salle n’avait pas été terminé à l’époque par manque de financements, la famille étant ruinée par le phylloxéra. Le chantier a repris cette année mais les propriétaires et les architectes des Monuments de France ne sont pas d’accord sur les couleurs.

Car le château est classé Monument Historique tant pour ses murailles médiévales à l’extérieur que pour sa décoration intérieure de la fin du XIXème siècle. C’est drôle de penser que les experts se querellent pour savoir comment achever une oeuvre en respectant le style de son auteur, qui lui-même ne respectait pas le style qu’il était sensé restaurer. Les temps changent.

Quant au deux derniers châteaux clémentins , un ne se visite pas et il ne reste que très peu de chose de l’autre, donc je n’y suis pas allé.

Ils n’étaient pas loin mais j’avais de la route à faire pour rentrer et la journée était déjà bien remplie. Rauzan, Cadillac, Budos, Roquetaillade, Villandraut : cinq châteaux différents, mais avec des points communs et pas loin les uns des autres, et le tout sous le soleil. Que demander de plus ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *