Tempelhof

Tempelhof Flugplatz était le premier aéroport de Berlin. Il était encore en service en 2007 lors de ma première visite mais il a été fermé au trafic en 2008. Sa petite taille et sa situation au beau milieu de la ville le rendaient impropre au trafic moderne.

Les bâtiments ont aujourd’hui d’autres usages : bureaux, boîte de nuit et même studios de cinéma. Quant aux deux pistes d’atterrissage et aux espaces qui les entourent, ils servent aujourd’hui de terrains de jeux aux Berlinois, comme j’ai pu le voir lors de ma deuxième visite.

L’aéroport de Tempelhof a une histoire passionnante, comme me l’a appris la visite guidée de deux heures (en anglais).

La façade est volontairement imposante.

La façade de l'aérogare de Tempelhof

Elle a un certain air de famille avec celle du ministère de l’air, qui date de la même époque.

L'ancien ministère de l'air du 3ème Reich

Aujourd’hui c’est le ministère des finances, mais revenons à nos moutons.

En terme de superficie au sol, l’aéroport de Tempelhof est le troisième bâtiment au monde (après le Pentagone à Washington et le palais présidentiel de Bucarest). Le bâtiment a la forme d’un quart de cercle pour une longueur de 1230m. La visite n’ira pas d’un bout à l’autre, mais depuis la terrasse on a une bonne idée de l’ampleur de la chose.

Sur le toit de l'aéroport de Tempelhof

Les travaux se sont étalés de 1936 à 1941. Les concepteurs avaient de grands projets qui ne se sont pas tous concrétisés, en raison de la guerre mais pas seulement.

Par exemple il était prévu que les toits soient garnis de tribunes capables d’accueillir 80 000 personnes. Pour situer, le stade olympique avait une capacité de 25 000. Certes les mouvements des avions étaient un spectacle qui attirait les foules en ce temps là, mais quand même pas à ce point là. Les tours carrées qui ponctuent l’extérieur du cercle devaient recevoir les cages d’escalier, mais comme les tribunes n’ont jamais été construites, les tours sont restées vides.

L'extérieur de l'aéroport de Tempelhof

Il avait même été envisagé d’étendre les bâtiments pour former une enceinte tout autour du champ d’aviation et ainsi constituer une tribune pour 1 million de spectateurs. Mégalomanie, quand tu nous tiens…

Mais tout n’était pas fantaisie dans le projet. L’aéroport de Tempelhof est considéré comme le premier aéroport moderne. Il a été conçu pour séparer et optimiser les flux de départ et d’arrivée, pour les passagers et le fret.

La grande salle de l’aérogare est aujourd’hui telle qu’elle était le jour de sa fermeture, le 30 octobre 2008, et telle qu’elle était aussi depuis les années 50.

L'aérogare de Tempelhof

Pendant la guerre, le site avait été converti en usine aéronautique. Les ouvriers étaient des prisonniers hébergés dans des baraques sur place. On peut voir  des restes des installations industrielles dans les tunnels qui passent sous l’aéroport. Ces tunnels étaient prévus pour acheminer le fret à l’aéroport

Les bâtiments de l’aéroport n’ont pas été bombardés par les anglo-américains pendant la guerre. Apparemment ils avaient trouvé plus judicieux de préserver le bâtiment qui constituait un excellent point de repère pour les bombardiers.

Le moment de gloire de l’aéroport de Tempelhof a été le pont aérien de Berlin.  Entre le 24 juin 1948 et le 12 mai 1949, les soviétiques ont imposé un blocus terrestre de la ville, espérant forcer les alliés occidentaux à abandonner Berlin. Au contraire les alliés ont ravitaillé la ville par la voie aérienne.

Au plus fort du pont aérien, un avion atterrissait toutes les 3 minutes. Au total, 2 325 509 tonnes de marchandises (nourriture, médicaments, charbon, essence) ont été transportées à Berlin en 280 000 vols.

Au début le trafic se concentrait sur Tempelhof et Gatow, en zone anglaise. Un nouvel aéroport a été construit en 90 jours dans la zone française, à Tegel. Des hydravions britanniques ont également été employé pour transporter du sel et du charbon. lls amerrissaient sur le Wansee ou la Havel.

Un monument commémore le pont arien et rend hommage aux 83 personnes décédées dans les, seulement, 25 accidents survenus pendant l’opération.
Le monument du pont aérien de Berlin (1948-49)

Après la guerre, la moitié ouest du bâtiment était utilisé par l’aéroport civil, et la moitié est par l’US Air Force, comme base logistique. Il n’y a jamais eu d’avions de combat à Tempelhof.

Les autorités militaires américaines étant toujours soucieuses du confort des troupes, et la base était dotée de bars et salles de sport.

La salle de sport des militaires américains de Tempelhof

Celle-ci occupe le volume prévu pour une salle de bal, au dessus du hall d’entrée de l’aérogare, mais comme très peu de choses du plan initial ont été faites comme prévu, ce n’est pas bien grave.

La visite guidée ne couvrait parcourait pas tout le bâtiment d’un bout à l’autre, mais de haut en bas, depuis la terrasse jusqu’à un abri anti-bombardement de sous-sol. Mais surtout le commentaire historique était particulièrement riche et intéressant. Et il ne concernait pas que le passé.

Depuis la fermeture de Tempelhof, Berlin compte deux aéroport : Tegel dans l’ex-zone française au nord et Schönefeld dans l’ex-zone socvétique au sud. Les deux sont modestes, et Berlin, capitale depuis la réunification, mérite un aéroport plus important. C’est prévu. Un nouvel aéroport, Berlin-Brandenburg, est prévu pour  remplacer Tegel et Schönefeld. Sa construction a commencé en 2006 pour une ouverture initialement prévue en 2010.

Mais depuis rien ne va. Retard, dépassements de budget, accidents, pannes, installations qui ne fonctionnent pas, les ennuis s’accumulent et la date d’ouverture est sans cesse repoussée. C’est devenu un gag à répétition.

Ça veut surtout dire que je ne sais pas encore quel aéroport j’emprunterai la prochaine fois. Mais cette incertitude ne m’empêchera pas de retourner à Berlin.

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