Au sud-est du Péloponnèse, un gros rocher est perdu dans la mer Égée, à quelques encablures du rivage.
C’est Monemvasia. En fait le rocher a été séparé du continent lors du tremblement de terre de 375 ap JC. Donc pas de mycéniens ni même de grecs anciens par ici, pour changer.
Un petit village est là, coincé entre le roc et la mer. C’est la ville basse. La ville haute est tout en haut du rocher. Et tout en haut de la ville haute il y a le château.
Monemvasia a longtemps été un port de commerce byzantin, avant de passer successivement et alternativement sous domination franque, vénitienne ou ottomane.
L’accès à la ville basse depuis le continent se fait par une jetée d’environ trois kilomètres de long. Ça fait penser au Mont St Michel. De la même façon, une fois la porte franchie, on arrive dans la ruelle principale où les boutiques de babioles et les restaurants se succèdent. Par contre je n’ai pas rencontré la mère Poulardopoulos.
J’ai eu la chance d’arriver à Nomenvasia vers 16h sous le soleil, ce qui est assez miraculeux vu le temps que j’ai eu sur la route. Mais la ville est du côté est du rocher, donc elle n’allait pas tarder à passer à l’ombre, donc j’ai fait le tour de la ville basse rapidement. Elle n’est pas très grande de toute façon, mais j’ai fait l’impasse sur quelques ruelles.
Pour avoir du soleil, le plus logique est de monter à la ville haute. Et là tout se complique. Pour accèder à la ville haute, il faut grimper ruelles pentues et escaliers. Comme au Mont St Michel, ou sur la côte amalfitaine. Je n’ai pas compté les marches, mais il y a un dénivelé d’une centaine de mètres.
Et là je tombe sur une porte fermée. En fait la ville haute est fermée pour restauration depuis quelques temps et personne ne sait trop quand elle sera ouverte à nouveau. En même temps pendant la montée un panneau indiquait que le site était fermé, mais en grec. Mais je n’ai pensé à faire appel à Google Translator que pendant la descente.
Donc j’arrive devant une porte close. Le temps de reprendre mon souffle, de boire un coup et de profiter de la vue sur la ville basse, et finalement, c’est trop bête d’être monté pour rien, je passe sous la porte, imitant un groupe de russes qui ne respectent pas les portes mal fermées. Moi non plus, du coup.
La ville haute est en partie ensevelie sous la végétation d’où émergent des vestiges de bâtiments divers.
Le seul qui ressemble à quelque chose, mais toujours en restauration, est une église byzantine du 12ème siècle : Sainte Sophie.
A part ça on a des vues splendides sur la mer et la ville basse.
Puis il suffit de gravir encore 100m de dénivelé dans la lande pour atteindre les restes du château, côté ouest du rocher, vers le continent.
Pendant cette escapade d’un peu plus d’une heure, j’étais hors du temps, loin du bruit de la ville, avec juste le bruit du vent et accompagnés d’hirondelles et d’araignées. Après m’être pris deux fois la tête dans une toile tendue en travers du sentier, j’ai appris à les repérer et à me baisser juste à temps. Hélas ça ne marche pas à tous les coups.
Une fois revenu dans la ville basse il était grand temps de se restaurer. L’ascension, ça creuse. Mon choix s’est porté sur un restaurant avec toit-terrasse donnant sur la mer et le rocher, ce qu’ils ont à peu près tous, mais là en plus c’était devant l’église.
Enfin une des églises car il y en a plusieurs, et encore plus si on compte les églises byzantines en ruine dont on ne sait même pas le nom. Il se trouve que nous sommes dimanche, voire même semble-t-il jour d’une fête religieuse spéciale, vu le nombre de fidèles et de popes que j’ai vus. En tout cas la ville basse était très fréquentée le soir, très majoritairement par des locaux en costume du dimanche, et pendant mon repas j’entendais les chants religieux par dessus le brouhaha de la foule. Bref c’était très sympa, même s’il faisait plutôt frais au moment du dessert.
Dans les guides touristiques, les sites sont souvent classés en « intéressant », « mérite un détour » et « vaut le voyage ». Nomenvasia ne vaut peut-être pas de faire le voyage exprès, mais mérite assurément le détour. Toutefois comme c’est loin de tout, il faut un voyage pour y aller. Pendant le long trajet sous la pluie je me suis posé la question : est-ce que ça vaut le coup ? Grâce au retour du soleil, l’exploration de la ville haute et l’ambiance du soir, finalement je pense que oui, mais ce n’était pas écrit à l’avance.
Et le menu ? Jarret d’agneau avec une délicieuse sauce au miel, accompagné de légumes grillés suivi d’un gâteau à l’orange très parfumé.
voila une epopee originale. et les paysages ont l air magnifiques. sur ce coup ta curiosite a ete recompensee